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06/07/2012

7/7. en conclusion de tout ça


je n'ai jamais parlé de moi, voilà la seule vérité que je me tue à vous dire

6/7. ALD (je pense à toi)


J'ai senti ta chaleur et ton souffle dans mon désespoir qui me criaient de ne pas rompre. Ne jamais courber l'échine, continuer à avancer coûte que coûte. Je vois de temps en temps un peu de toi, un rayon de soleil qui m'indique que tu penses à moi. Quand dans les heures les plus noires s'envolent un papillon, c'est de tes ailes qu'il bat pour venir à toi. Tu es mon dieu, mon seul et mon unique dieu, mon unique croyance. Avec toi je suis fils spirituel, et tous mes pas tendent vers toi, même si je ne sais pas où ils vont j'ai confiance en toi, je te suis.

5/7. Jonathan Trigell, jeux d'enfants, ou Boy-A, c'est selon...



Alors il s’absorba dans le livre, raturant les références au Seigneur et inscrivant laborieusement son nom au-dessus. Il ne croyait pas en Dieu. Son frère avait affirmé qu’Il n’existait pas où B implorait Son aide. Et l’absence de réponse à ses prières semblait prouver les dires fraternels. Peut-être subsistait-il cependant un semblant de foi en lui, car, sinon, qui aurait-il cherché à offenser avec son feutre noir Berrol serré entre ses doigts? Peut-être ressentait-il lui aussi cette exaltation qui affolait le cœur. Le pouvoir de son propre abandon. Une parcelle du grand frisson qu’avait dû éprouver le tout premier rebelle. Ou peut-être voulait-il juste provoquer Dieu pour l’amener à se montrer.
[...]
Or les noms ont un pouvoir, Zed le sait bien. Les juifs évitent de prononcer le nom de « Yahvé » tant ils le craignent. Pour contrôler un démon, il suffit de connaître son véritable nom, mais à la moindre erreur, il vous taille en pièces. Les fantômes ont des noms: répétez « Candyman » devant le miroir et il apparaîtra. Les mythes également: dites « Rumpelstiltskin » et le lutin s’en va. Et si par hasard vous découvrez le nom d’un monstre, même un de ceux qui cachent leur laideur à l’intérieur, eh bien, il peut vous apporter des richesses inespérées.

4/7. just do it


ne t'en fais pas je suis juste mort. Ne t'inquiètes pas, et laisse-moi encore te tutoyer quelques minutes de plus avant la fin du spectacle, ma main sur ta cuisse, l'autre sur mon sexe en érection rugissant ridiculement de mon pantalon. La vie parfois c'est ça.

3/7. the end but try again


Se faire plaquer par quelqu'un qui n'existait pas c'est affreux, alors on se console du mieux qu'on peut, d'un ronronnement félin, du bruit du vent dans les oreilles, de la sensation de sa peau contre le cuir d'un canapé dans un chambre d'hôtel ringarde, de la nuit entre glacée et froide. Le temps se devine incertain comme à son habitude, le son d'une vieille radio crache à travers les murs de la chambre voisine, l'on sort la nuit pour fumer sa clope en surveillant des parkings vides, et c'est très semblables à ce que je faisais avant quand les Autres existaient, quand le Monde n'existait pas et que j'étais foutu d'avance comme un canasson à la retraite dans sa dernière ligne droite. Et puis tout redémarre, les "et" et les "comme" ne suffisent plus, tout recommence, comme avant, mais en pire, le combat des affreuses solitudes, sauf que là rien n'a changé depuis trop longtemps, juste que l'espoir d'une autre s'est envolé, et l'espoir d'une autre encore, et l'espoir de la prochaine, et l'espoir de la suivante. C'est pourri de l'intérieur, toute la machine est gripée, tout le système doit être changé - entièrement remis à neuf.

2/7. je ne suis pas d'accord





Ernest Hemingway avait tort, l’armée n’a rien de cet infini combat incessant qu’est la vie. De nos jours, un vieux général à la main brisée ne peut pas « éduquer » une jeune fille de plus de la moitié de son âge au grand jeu de rôle de l’amour. Plus rien n’est comme avant, tout est brisé, et « au-delà du fleuve et sous les arbres » montrent que le temps est un rempart à la compréhension niaise qu’on a pu avoir à une époque (celle de la rédaction du livre, par exemple?) puisqu’aujourd’hui la jeune bourgeoise serait une accro blasée tournant à l’héroïne dans un monde en totale décomposition merdique. Bien sûr, les gauchos peuvent se révolter jusqu’au tombeaux, au détour on peut rajouter d’Hemingway le côté facho quand il évoque n’avoir jamais été capable de haïr un seul antisémite de toute sa foutue vie. Oh pardon, il s’agit là de son colonel, le personnage, ce vieil homme au seuil de la mort tenant un discours blasé sur le monde, prodiguant les derniers conseil en guise de dernière onction, avec un traquenard bien dressé dans le pantalon pour dire à la vie « je t’encule pleinement, vieille salope ». Mais c’est faux, oui, tout est faux dans ce livre, si ce n’est la beauté italienne du décor, la réalité faisant qu’on a pu se battre ici lors de quelques guerres mémorables, mais il faudrait bien plus de fric nous dira-t-on pour se baiser une pouliche pareille car de nos jours on ne croit plus en l’amour, dixit le dieu-dollar parlant à travers nos bouches de blaireaux demis-mous. Livre alors partagé, émotions imprécises, puisqu’après tout, un colonel en train de mourir d’une manière allégorique, avançant tout au long du récit jusqu’à sa mort, le récit à de quoi donner quelques bons espoirs. La lenteur du récit ajoute aussi à son charme, on tourne les pages comme on tarde à s’approcher de la tombe, on redoute le pire. Puis vient enfin la fin, quand on referme la vie comme Hemingway clôtura la sienne juste après, ou pas loin après, c’est selon. En juillet 1961 il retourne contre lui son fusil et tire, écrivant un ultime chapitre à ce livre avec son propre sang. C’est vendeur de nos jours, diront les plus osés.

1/7. le coeur cousu de Carole Martinez

Ma sœur aînée, Anita, s’est longtemps refusée à l’évidence inscrite dans mes mains, inscrite dans mon nom. Et elle a attendu. Elle a attendu qu’un homme me débaptise et que mes doigts s’attendrissent.

0. au nom du père, allemand de surcroit



Jürgen a mis les bouteilles dans ma voiture, il a tiré un trait sur la carte, il m'a dit "je pars tout droit coûte que coûte" alors j'ai suivi de mes pensées le curieux personnage. Jürgen m'a donné du chocolat, de la bière, des clopes, du vin, et quelques sourires. à Martigny il m'est venu l'idée que je n'écrivais plus par amour, j'avais envie de me pendre littérairement. Jürgen a attendu son fils à mes côtés pendant que je patientais pour prendre un train d'assaut que sans doute je ne prendrais jamais de ma vie. Jürgen a aussi flambé un frigo dans sa demeure de vacances, il a dit "c'est pas grave on continue" et tout le monde l'a suivi. Il a payé ce qu'il devait, il m'a dit que j'étais le bienvenu chez lui, j'ai fait un signe de la main quand il est parti. Jürgen m'a demandé un peu de mon temps, c'est pas grave, il reviendra. Jürgen est un amour. Qu'on se le dise.

1. On n'a plus assez d'essence il faut qu'on avance c'est une évidence


Quand elle sent mon corps raidi contre elle, que tout m'enlace avec les tentacules de l'amertume je prends mon plaisir en elle avec elle sur elle c'est violent c'est beau c'est relatif dimanche j'étais chez ma soeur mais encore je pensais à elle petit bout de femme qu'un clown lyrique avait collé à mes oignons dans ma gamelle ça sentait bon la soupe au choux c'est en remuant que je l'ai aperçue qui nageait alors je l'ai cueillie tout de suite je l'ai aimé et elle m'a manipulé jusque dans sa haine abjecte des hommes à la morale douteuse POINT.


J'ai espéré tant et plus de notre union sur ce lit froid aux ressorts foutus je l'ai tant aimé je l'ai tant aimé que mon corps est pétri des parfums de sa vie je n'ai jamais su faire autre chose que de bouger dans tous les sens c'était de l'amour sans argent pour une fois dans ses yeux coulaient des larmes qui ne touchaient jamais le sol elles roulaient en boule jamais ne sortaient c'était touchant POINT.


Figure asymétrique de son corps nu sur l'oreiller ce lundi matin 6h44 et neuf secondes précisément.


Elle a juste signalé au passage que je pouvais dégager, que le suivant n'allait pas tarder.
"Mais s'il te plait, refais le lit avant de partir" a-t-elle ajouté avant que je l'étrangle.

2. les arbres se cachent pour mourir


Dans le vent entre les terres sèches du sud, la voiture qui tangue au son de l’intangible. Rejoindre la fête les inconnus, s’amuser et boire à la santé de la nouvelle famille. Alors c’est la fuite en avant, le combat délirant, les grandes envolées lyrique jusqu’au café du lendemain matin qui nous réveille au minimum. Une pizza partagée entre frères, au coude à coude, quelques mots échangés, des au revoir semblables aux adieux. On s’enfuit dans le vent vers la terre nourricière, des grandes landes de terres gelées que côtoient des châteaux aux tuiles orangées entourées de maisons serrées en pierre. Le vent, encore le vent, faisant bruire les herbes folles aux pieds des arbres noueux sortis de la toile magistrale d’un demeuré qui avait (re)gardé ce paysage jusque dans ses yeux. Alors on rentre, on danse, on repart, on redans à nouveaux ainsi le feuillage au milieu des roses, nos souvenirs en tête quand vient l’heure de se coucher la tête sur l’oreiller en laissant tout ça se déverser. Alors le réel et l’irréel se mélangent, on recompose des fêtes étranges cernées de fantômes, des impossibles résolus nous donnent les grandes leçons de l’instant: on ne vit que pour le présent, le passé s’enfuit, le futur se construit afin de mieux se faire oublier. Vera, Magnificia Love et autres conneries au milieu de la danse, Mathieu Belezi a apporté son petit roi, Saint Ex’ distribue encore son courrier sud, Duras hurle Hiroshima mon amour! Delacroix s’étonne de la photographie, du siècle passé aux mains calleuses transformé en pouces longs et étroits, on prend soin de l’assassin avec Nothomb, Brussolo nous perd dans ses trajets et itinéraires de l’oubli, dans ce grand pavillon des enfants fous on entend les paroles de Jacques Prévert qu’un vieil homme a fait revivre dans son verre, c’est la pluie et le beau temps aussi ou les attirances d’un Van Cauwelaert quand Ionesco sort faire pisser son Rhinocéros en pleurant de rire. Dans ce théâtre de l’absurde le monde est le seul à ne pas tenir droit.