Rappelle-toi Barbara, Barbie-rat,
Nous faisions l'amour entre tes draps
Et il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Mais Brest est une foutue ville semblable à un trou du cul
Il ne se passe rien, les déchets envahissent tout, le ciel est noyé.
Ville triste, des gueules-fantômes qui n'ont plus la connaissance d'un sourire.
Et tu marchais souriante, comment faisais-tu, ne voyais-tu pas le monde tout autour?
Epanouie, ravie, ruisselante
Sous la pluie
Sous la pluie... car y'en a toujours dans ce coin-là, n'est-ce pas?
Rappelle-toi Barbara, Barbareshka,
Comtesse aux pieds nus, il pleuvait sans cesse sur Brest,
Foutue ville où je fumais sans cesse, enfermé dans mes pensées, dans ton cocon.
Je fumais en tournant en rond, je devenais fou (de toi) dans ce réduit.
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas.
Rappelle-toi.
Rappelle-toi quand même ce jour-là.
N'oublie pas.
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Il me semble le voir sous tous les porches Brestois
J'en connaissais ma fin, quelque chose
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante, ravie, épanouie
Indifférente également à moi, qui tirais la gueule
J'étais devenu des leurs
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbararama
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Connaissant ma douleur
Car je dis tu à tout ceux que j'en viens à haïr
Car je t'aime, sombre poésie courte
Mais j'aime trop de personnes
Même si je les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Sur ma fichue clope trempée
Ne plus pouvoir trempé
Ne plus regarder
Ne plus te regarder
Alors j'écris
Qu'es-tu devenue maintenant?
Sous cette pluie d'ennui
de honte et de regrets
Cette pluie de la tromperie sonnant l'heure
Parmi les déchets des lieux abandonnés, livrés à eux-même
Comme je le fus moi, reprenant la route
Je repartais vers le soleil, étreinte brisée
Jurant que ma clope ne s'éteindra plus
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant?
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage de la guerre
de fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Amoncelés
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au petit matin, une clope au bec
Au fil de l'eau de Brest
ou naviguant sur les routes d'un ailleurs
et vont pourri au loin
plus loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien