Comme toujours je ne sais pas et j'hésite, je tourne en rond en avalant la fumée, je la recrache, je me ressers encore un whisky bien tassé dans un fauteuil bon marché qui traîne sur le balcon, j'attends que les longues minutes inquisitrices passent. J'ai un livre dans mes mains, mes lunettes par n'importe quel temps, je lis les préambules, les gros titres à caractère gras "histoire de mes assassins - l'île des revenants - 2666 - le coran". Y'a des nuages dans le ciel ma clope qui s'éteint, des jolies fesses sur mon balcon à ne plus savoir qu'en foutre. Je proclame ivre mort: "je suis un grand littérateur devant l'éternel!" à l'autre de s'excuser: "pardon? vous disiez?" elle reprend sa saine lecture de gare pour ne pas se permettre, se donner le droit, invoquer ma réponse je-m'en-foutiste. Je suis déprimé, ce monde me laisse froid, je quitte celui-ci pour les chimères du noir sur blanc. Calmement. Et comme personne ne répond je rentre à l'intérieur, je donne un coup de pied dans une boîte en carton posée à l'emplacement initial, paré pour être éjecté sur la lune. Mon chat est dressé en sentinelle bienveillante sur le rebord de ma chambre. Je lui ouvre, il se glisse à l'intérieur, se frotte à mes jambes tandis que des deux mains je fouille la bibliothèque familiale transportée là on ne sait pas trop comment. Je fouille de livre en livre, furieux, reprenant les pages annotées d'une voix forte: " L’inquiétante étrangeté provient de ce qui, secrètement, n’est que trop familier et donc, refoulé. Sigmund Freud. Si vous vouliez, pour vous je ne serais rien, ou qu’une trace. André Breton, Nadja. L’humour est la grande invention de l’esprit moderne. Paz." Alors c'est la sueur coulant le long du front, les envolées musicales de Beethoven aux Sex Pistols. Miaou fait le chat, que fais-tu? demande-t-elle, miaou dit-il encore, t'es fou ou quoi ronronne-t-elle en se frottant contre ma jambe. Et moi de continuer: "Le plus grand art nous ramène toujours à la vulnérabilité de l’existence humaine. Francis Bacon." Essouflé que suis-je tombe à la renverse et miaou et qu'est-ce qu'il t'arrive mon amour de chat? et aussi appelons l'ambulance, voix de chat à l'autre bout du combiné qu'on me passe "monsieur, êtes-vous conscient? dîtes-moi quelque chose si c'est le cas, n'importe quoi ou tentez de respirer fort." J'ai compris pensais-je à l'instant, en un éclair on me jette dans une ambulance sirène forte lancée à pleine vitesse alors que miaou la femme parmi les femmes me donne la patte. Je suis sur le point de mourir, les urgences, les transfrusions d'idées et de sang, le donneur d'organes, le refoulé psychiatrique, la petite demeure des derniers grands, la toute fin, le dernier souffle après une reprise du disque dur crashé; les mots fusent, le regard s'appaise, le goutte-à-goutte syndical. Smith vient me voir pour me donner du courage. Il me sert très fort la main, je crois qu'il me la broie. Il me traite de connard, m'engueule "je n'avais pas le choix, je l'aime, t'es un connard, t'étais censé être le méssie, tous nous sauver" et patate-i-et-patate-a. J'ai du sang qui coule dans mes veines encore alors je me repose, je ferme les yeux, je transcende les barrières, bientôt je me réveillerai, je vais expliquer ça calmement, c'est la fin du monde. Les paradis perdus.
Guardians of the louze
Il y a 1 an
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
overdose(s)