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16/07/2010

267. pour la naissance de votre prophète


de temps en temps il s'amusait d'elle, refaisant les programmes à l'envers sur toutes les plages du pays. Il était tantôt un prince, tantôt un bourreau. S'ennorgueillant de ses clowneries sournoises la nuit dans les petites ruelles derrière les casinos. Toujours en chemise, bien habillé, il naviguait là où l'argent le portait. Un beau jour c'était Honfleur, l'autre jour Amsterdam. Y'avait toujours un rapport à la mer, à la montagne, au tabac froid des villes enfumées, au café pas cher, à la mal-bouffe, aux jeux illusoires.

Il entretenait des liaisons partout, envoyant des tonnes de lettres à travers le monde à des personnes qu'il considérait "ex quelque chose" ex-femme, ex-ami(e), ex-famille, ex-pute.

Après Isabelle il s'était mis à fréquenter ces petits rades du matin où les travailleurs se croisent au coude à coude. Il dénaturait le lieu, ne collait pas avec le décor, lui, son costume, ses lunettes de soleil encore sur les yeux, sa mine fatiguée, son corps maigre rabattu sur lui-même, ses cheveux parsemés de sel, sa barbe de quelques jours. Il avait un côté Mathieu Almaric même.

Les habitués le dévisageait, des fois c'était un gros type tournant au demi qui le narguait derrière sa grosse moustache épaisse, son teint rougeaud, sa veste en jean sans manche.

Des fois c'était un type en chemise noir et jean, à la perruque de traviole, le ricard dans la main, le café fumant devant lui, intouché.

Des fois c'était une vieille copine, une femme à la voix trop élevée, trop maquillée, trop peu habillée, toujours trop. Elle foutait un sucre dans son café, touillait maladroitement, et sortait toutes les cinq minutes pour aller fumer sa clope.


Puis un matin plus personne ne le vit. Il avait simplement disparu de la surface du monde.

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