Le lendemain, Œdipe s’en va dès l’aube. Clios, inquiet, le suit. Après une longue marche, ils entendent au loin un bruit sourd, c’est vers lui qu’Œdipe se dirige. Ils parviennent au bord d’un fleuve que les orages ont fait déborder. Son cours précipité charrie les débris, des troncs, des bêtes mortes. Œdipe est ému par le tumulte et la violence des eaux, il enlève ses vêtements et se précipite dans le fleuve. Il est entrainé par les courants, submergé par les vagues, frôlé par les troncs qui filent à toute allure. Il surnage, mais Clios, qui court en l’appelant le long du rivage, a l’impression qu’il a perdu conscience. Œdipe est emporté par le flot vers l’éperon d’un îlot rocheux. Au moment de s’y fracasser, il parvient à se hisser sur le roc. Debout, chancelant sur la pierre glissante, il est saisi de joie, transporté par l’enthousiasme et la fureur des éléments. Les vagues s’élèvent, se brises sur ses genoux, tout est mouvement, rafales, sauvageté souveraine. Un tourbillon noir et attirant se forme autour de lui. C’est son destin de s’y laisser glisser en abîme. Clios voit sa chute, il court vers l’aval et se jette à l’eau pour intercepter le corps d’Œdipe. Le courant porte le corps vers Clios qui le saisit, le soutient et tente de nager vers le bord. Œdipe semble inanimé, la rive est proche, Clios ne regarde qu’elle. A ce moment un tronc le frappe violemment à la tête. Il lâche Œdipe et coule.
Clios revient à lui, il est sur la rive, un homme pèse sur ses poumons avec une force incroyable et l’oblige à vomir toute l’eau qu’il a avalée. Œdipe, c’est lui, le frictionne, le réchauffe, l’oblige à se relever et à repartir sous la pluie vers la cabane. Comment, aveugle, l’a-t-il sorti de l’eau et ramené sur le bord? Clios l’interroge et Œdipe semble étonné de ses questions. Il répond seulement, à sa manière: « Nous sommes là .» Quand ils ont regagné à grand-peine la cabane où Antigone les attend et panse leurs blessures, Clios comprend qu’il n’en saura jamais plus.
Clios revient à lui, il est sur la rive, un homme pèse sur ses poumons avec une force incroyable et l’oblige à vomir toute l’eau qu’il a avalée. Œdipe, c’est lui, le frictionne, le réchauffe, l’oblige à se relever et à repartir sous la pluie vers la cabane. Comment, aveugle, l’a-t-il sorti de l’eau et ramené sur le bord? Clios l’interroge et Œdipe semble étonné de ses questions. Il répond seulement, à sa manière: « Nous sommes là .» Quand ils ont regagné à grand-peine la cabane où Antigone les attend et panse leurs blessures, Clios comprend qu’il n’en saura jamais plus.
Henry bauchau
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
overdose(s)