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26/11/2011

j'emmerde la répétition du cycle



C'était en hiver, il gelait encore sur les routes, Iggy Pop se faisait rare, Sarko n'était pas à la présidence et le monde allait mieux. There something inside you, it's hard to explain, crachait mon poste. Je buvais des boissons mentholées, citronnées et caféinées, j'étais fou, je fumais trop. La nuit j'étais tentée de l'appeler, de tout lui dire, cette vérité effrayante qui ne demandait qu'une chose: sortir. Mais au final non. Je raccrochais en tombant sur sa messagerie, sur sa voix enregistrée, pré-établie, post-opératoire. ça me foutait les jetons, je raccrochais en m'en grillant une dernière, ravalant les derniers sanglots longs pour que demain il n'y paraisse plus rien. Et je chantais there something inside you, but you still the same...

71. Alicante un point c'est tout


Une orange sur la table
Ta robe sur le tapis
Et toi dans mon lit
Doux présent du présent
Fraîcheur de la nuit
Chaleur de ma vie.

72. avant d'être ici



Pour rentrer dans mon oeuvre je passe d'abord par un sas, c'est un long couloir blanc et rectangulaire rempli d'images et d'informations qui débouche chez une voisine que je ne connais pas. Pour rentrer chez moi je passe en plein dans sa vie sans qu'elle ne me voit, c'est étrange, ça me donne une impression voyeuriste, pourtant j'aime ça, lire ses mots, caresser son visage du coin de mes sourcils, la voir faire l'amour textuellement en hurlant vive la liberté. Rentrer chez moi me fait alors l'effet d'un ennui soudain, l'impression de toujours être ailleurs, si vous voulez, de ne plus savoir aligner correctement mes mots car ceux de ma voisine sont encore plus magistraux. C'est un ensemble de phrases chez elle, mais de petit bout de chez d'oeuvre en petit bout on obtient une sorte d'éternité glorificatrice. Un temple qu'elle dédie en son nom en se voilant la face: "non ce n'est pas moi qui a écrit ceci, ne me jugez pas, jugez mon oeuvre si vous le souhaitez, je ne suis déjà plus des vôtres". Elle a aussi beaucoup d'amour propre, même si elle le cache, c'est ce qui fait les bons écrivains, j'en sais de source sûre que je ne peux en être un bon, je n'ai jamais su m'aimer ce n'est pas aujourd'hui que ça commencera. Bref tout ça comme un plaidoyer à l'abandon, une manière de dire oubliez-moi, ne me lisez pas, lisez les autres plutôt que moi, ils ont infiniment de talents car là où ils écrivent des temples je batis moi ma propre guillotine, chacun à le talent qui lui est dû. à votre bon coeur m'ssieurs dames.

18/11/2011

73. c'est passé encore une fois par là



Il y avait ces yeux en amande couleur d'oubli, son visage était fin, les cheveux d'un noir de jais, elle avait les lèvres charnues, ne rangeait jamais sa chambre, dans sa bibliothèque il y avait deux volumes d'Anne Rice, la partie d'une montre, le jour où j'ai mangé mon père et autres péripéties. On écoutait des airs à la mode que je peinais à digérer, elle branchait la radio sur du rap quand nous faisions l'amour, elle me cachait de son père sous ses propres draps, il s'énervait de la voir ainsi, il avait vu clair dans son jeu, il m'avait peut-être reconnu sous les vêtements qu'elle avait réuni sur le lit pour me cacher de lui, mais elle ne tenait pas plus que ça à l'affrontement. J'avais une furieuse envie de vivre ma vie avec elle, de l'emmener danser, de lui raconter tous les romans à l'eau de rose que je connaissais sur le bout des doigts, je voulais la faire boire des vins si onéreux qu'un riche aurait eu peur à la vue de la note, je désirais plus que tout l'entraîner là où j'allais, c'est à dire à me tenir debout sur un seul pied en suspension au-dessus de la limite extrème du monde. Après il n'y a plus rien, rien que le néant, et nos étranges.