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31/12/2009

411. mal à vie


C’est dur de se relever après ce coup dur sous la ceinture. En quelques mots tout est fini, on se retrouve seul et alors on désespère en se rendant compte à quel point ces derniers jours on a aimé à sens unique. Les plus forts quittent en premier et les plus faibles, c’est bien connu, se brisent. Y’a aussi une autre espèce, celle qui ne choisi pas son destin et ne vit que de destruction en destruction parce qu’il s’est bien trop habitué à ça. Alors il fait tout pour vivre sa propre auto-destruction sans perdre de vue Milan Kundera quand au détour d’une nuit il tombe sur une femme nue dans de sales draps. Alors sous la couette ils se parlent, lui est entrain de citer l’écrivain: « vous pensez que les destructions peuvent être belles? » mais celle qui a trop l’habitude d’être nue pour du faux (comprenez par là qu’une personne aussi bien soit-elle ne se met jamais à nue l’âme et c’est bien dommage) tourne alors la tête dans un soupir qui veut dire laisse-moi dormir.
Certains hommes se noient dans l’alcool, il n’existe aucun dictionnaire de l’amour, de la femme et de la récupération de l’être disparu. On jette un bateau dans une bouteille, en tournant bien la bouteille on navigue, on retourne on se noie, on remonte la bouteille ou on l’a descend on fait naufrage.

412. Mathilde et le piano


Mathilde s’approche, le regard mélancolique. Ses yeux penchés en direction du sol admirent son pied déchaussé qui trace des cercles sur le parquet. Sa robe noire, tendrement plissée qu’elle lui va somptueusement, sa robe noire lui va trop bien. Elle fait ressortir ses bras nus au-dessus, le teint mate de sa peau et ses yeux d’une étonnante profondeur bien trop humides pour l’heure mais tout aussi beaux. Ses cheveux retombent en boucles, tout autour de sa tête jusqu’à ses épaules. Ça ressemble vraiment à une ondulation maritime de Juillet quand la mer se calme pour les touristes. Mer châtain. Glaciale. La mer de Bretagne. La jeune femme est accoudée à un mur, un verre dans une main une lettre dans l’autre, les plus belles histoires sont parfois les plus tristes, et les plus beaux héros sont aussi les plus désespérés. Paul alors ne vit plus que par mots, il lui a écrit des montagnes de lettres qui n’aboutissent nulle part sur ces feuillets bien calligraphiés à l’ancienne d’une encre noir de jais. Elle aimerait bien se couler dans cette même encre, se boucher le nez après une bonne aspiration et couler de la plus belle manière qu’il soit. Doit bien y avoir quelque méduses au fond de ce tourbillon qui l’aideront dans sa descente en piqué.
Voici une larme qui tombe de son œil, elle roule doucement le long de sa joue, on dirait un diamant, la musique comme fond sonore réapparait soudainement. C’est un morceau de piano joué très lentement, et cette larme qui marque le tempo est un diamant qu’on aimerait lui soustraire mais qu’on ne peut s’empêcher de regarder chuter le long de la joue puis à présent sur sa robe ou elle finit sa course. Elle disparait dans les méandres de la robe, les passants qui viennent de débarquer ne peuvent comprendre où est passée précisément cette larme merveilleusement mélancolique. Ils ne peuvent qu’espérer le début d’un sourire, qu’elle sèchera de nouveau ses yeux en s’excusant tel que les femmes en général s’exercent à faire dans ce genre de cas pour rassurer la compagnie de ses messieurs. Mais les prémices de ce sourire-là ne vient pas, le pianiste passe à autre chose. Ses yeux se sont levés de son pied au sol, du sol aux chaussures des autres qui continuent de danser tout autour d’elle et qui font mine de ne pas s’intéresser à elle. Elle prend conscience qu’elle se trouve encore dans la salle de bal de ce maudit J., ce brave homme qui n’est plus qu’une lettre dans son répertoire, celui qui se trouve dans sa tête. Elle ne place des lettres que sur certains visages, sans trop savoir pourquoi. Et les J. croisent parfois les H. et les M. dans les mêmes soirées bouleversantes d’une joie qui l’a fait de nouveau frissonner. Elle aimerait pleurer à nouveau puisque c’est si bon de se laisser aller, mais le quand dira-t-on est plus présent maintenant qu’elle vient de prendre conscience qu’elle était toujours dos au mur dans la salle de bal de J., puis même si elle les emmerde tous elle n’a pas le droit de faire ça au jeune homme qui a le compte bien fourni devant ses invités à lui rien qu’à lui et son alcool qu’il disperse aux quatre vents!

Ô se ressaisir, un peu plus. Défroisser la robe, croiser le regard des autres, l’œil mauvais. Se laisser aller, qu’on dise que les choses vont mal parfois et que c’est ainsi. On ne peut empêcher le courant de la vie de trop affluer d’un coup dans le sens inverse. Il arrive parfois que la crue déborde de son nid, l’eau de la mer peut alors gagner toutes les salles de réception du monde si personne ne veille à ça. Tiens, d’ailleurs ce serait marrant de se dire qu’on voudrait faire ce métier-là plus tard.

- Et toi, tu veux faire quoi plus tard?
- Je veux empêcher la mer de sortir de chez elle.

C’est un beau métier, à côtoyer les sirènes et les marins. A attendre son époux sous le phare qui tourne.
Elle aimerait tellement que Lucie soit là, qu’elle lui redonne espoir et oubli. C’est si facile pour les autres d’oublier dans un sourire, de refermer les plaies du cœur et se laisser à la vie. Mathilde envie ce bonheur-là. Elle aimerait redevenir la jeunesse insouciante de ces prémices de la vie qu’elle était. Elle aimerait tant tout changer entièrement afin de ne plus dire au psychologue que rien ne va plus, qu’il faut tout changer. Elle aimerait se soustraire également à la fête, ne jamais avoir lue cette lettre-là de Paul, la dernière des 99 lettres qu’il lui envoyât de Londres après son départ précipité en mai dernier. Maintenant c’est trop tard pour tout refaire, le monde etc… Mathilde se jure qu’un jour elle sourira, qu’un jour elle dansera, mais en attendant c’est trop tôt. Elle court presque au travers de la salle, bousculée par les valses hasardeuses des inconnus en costumes noir et blanc.

- Un triple whisky s’il vous plait.
- Vous n’avez pas l’âge mademoiselle.
- J’ai dix-huit ans.
- Il en faut vingt-et-un de ce côté du globe!

Espèce de snobinard de merde, que ton nom soit roulé dans la boue. J. je t’emmerde; pense-t-elle en rageant. Elle aimerait le trouver parmi la cohue des costumes à portefeuille mais c’est si embarassant de chercher un homme qu’on a jamais aimé au point de ne plus se souvenir de son visage.

413. je suis né troué


Alors il faut voir la mer, partir loin de ces foutus paysages plats qui ne veulent plus rien dire. Eteindre la dernière clope et se laisser monter dans le train pour partir loin au pays des vagues. Il n’y a plus rien après la mer, après la mer c’est tout. Les vagues, se laisser porter par le bruit du roulis ou encore les mouettes qui rient de tout mais surtout des touristes. On dit qu’en Bretagne il ne pleut que sur les cons. Je le dirai à Diane, elle en rira de ses pluies diluviennes, celles qu’elle porte en elle secrètement depuis toujours.

414. leçon point trop n'en faut


désormais je ne parlerai plus, je vais m'asseoir dans un coin et attendre que le piano me transporte sous les mots d'un Michaux ou d'un Saint-Exupéry. Ecriture masculine, j'aime l'expression qualificative de "chemin de traverse" je vais l'user jusqu'à en avoir marre, qu'il en soit ainsi.

30/12/2009

415. O liée


J'ai pris dix kilos. Ca me fait des bonnes joues. Je suis endurci pour l'hiver, toujours aussi moche. On me dit dans le reflet que ce n'est rien. Je crois que je déraille. Gaspard m'annonce que je suis entrain de péter mon câble sous la pluie. Je n'irai plus dans vos maisons pour faire la direction. J'ai pris des chemins de traverse comme dans la chanson. C'est tout pour ajourd'hui, et j'ai menti, les trois petites choses promises viennent ensuite, de 413 à 410.

416. i don't know what i want to do


et tourne l'onde et tourne l'onde.
Reste.
Reviens-moi au centuple.



Le chant des automates.
Le chant des automates.
[Quelques bouts de roman bientôt par trois fois]

28/12/2009

417. je ne peux pas faire sans, je suis drogué, je ne peux pas faire sans, je suis drogué, je ne peux pas faire sans, je suis drogué, je ne peux pas..


Tout doucement ça coule.

Le long des joues jusqu'aux pieds et ça suinte par en-dessous. On découvre alors la folie qui règne entre les lignes, le capharnaüm du quotidien ou encore les liaisons dangereuses car torrides qu'on aimerait sentir passer. Il se peut que dans trois mille ans je sois encore ici [j'en doute fort mais ne sait-on jamais ce que l'avenir pourrait réserver au passé encouru] mais les mots n'auront plus de sens: écrire n'est pas vérité. On se cache derrière des personnages qui se veulent tantôt nos échos tantôt nos désirs et la réalité n'a plus lieu d'être dans de pareilles catastrophes. Il se peut alors que je n'écrive plus, que le fardeau des ignorants deviennent plus lourd à tirer que je ne le pense. Alors mes mots se transforment en maux quand un simple narrateur confirme la coucherie improbable d'avec la sous-directrice d'un établissement du bout du monde ou la plus probable rumeur qui veuille que ma plume trempe dans le pot de mon voisin. Je n'aime pas les poils, la vérité ne se tient nulle part. Tout n'est que mensonge et tromperie, cependant il ne faut douter de rien et laisser la confiance s'installer de nouveau, petit à petite. J'écris donc je suis n'en est que plus casse-gueule, je vis donc j'écris se transforme en semblant de vérité et mes mots ne sont que la confirmation que ça peut bien aboutir à quelque chose sous mes doigts tapotants. Où la vérité et le mensonge commencent et s'arrêtent? Difficile à savoir, il faudrait percer le cadavre encore chaud d'un jeune écrivain ou bien lire dans ses tripes fumantes un quelconque indice succeptible de heurter la sensibilité des plus jeunes, mais l'éducation est à refaire à la base. Ce n'est plus du tout question de confiance ni de savoir qui a raison à partir du moment où 1+1=2. Je l'ai bien vu quand je m'en foutais de tout, je suis mon propre cancre, mon propre professeur, mon propre sous-fiffre ou un dieu obsolète qui se veut muet sans interragir avec le reste de l'univers puisque dans cette optique-là le reste de l'univers n'est plus, il a cessé d'exister en même temps que la pensée. J'ai tiré la chasse et tout est parti dans la cuvette. Ne faîtes aucun signe: vous aussi vous dîtes aurevoir à votre caca quand il s'en va?

26/12/2009

418. allons, tout n'a point encore tout succombé


Je suis au feu, mon corps appartient à la terre. Mon âme est fille du vent, mon amour est eau profonde, parfois tumultueuse. Je m'agite parfois de tant d'incohérences. Cela peut-il un jour se calmer? non, cela ne se calme jamais.

Me voici au pied de la maison du monde, je médite sagement en attendant Lhassa. Le café suinte à travers les murs et l'art a éteint ses forges. Il faudrait se laisser avoir, s'étendre à n'en plus finir, s'étreindre à votre bon coeur m'sieur dame.

Ginger est une putain de louve, le soir je joue à histoire d'O et la journée j'arrose les choux de mes mots sans aucun sens, sans aucune valeur, à prendre pour ce qu'ils sont. Je suis à la maison du bout du monde et j'envoie des mails par télépathie.

Me voici crâne rasée, rasé, ras la terre.


Le soleil se joint à la terre pour une unique prière. L'esprit est un cercle qu'il faut ouvrir ou fermer à volonté. Se retrouver soi-même, enfermer les bruits du dehors à l'extérieur derrière la cloison. Que rien ne filtre. L'audace passe par l'unité et le désir d'acceptation. Je suis un, je suis vie et mort à la fois. Je suis pensée libre et liberté singulière. Un électron libre qui s'évade, il n'en fait qu'à sa tête et ne reviendra pas. Désir d'unité pour le moment, je sors du dictionnaire pour reprendre ma lecture. J'éteins les bougies à peine ma page terminée, dans le noir c'est maintenant à moi de continuer de raconter l'histoire du livre. Libre à moi d'expliquer si la citadelle finira d'être construite un jour ou non. Le café suinte les murs, le tabac me sort de chaque pore de peau; musique lituanienne au rabais. Je joins toutes les cultures. Cette sorte de vaudou est ma religion propre à ce qu'il me faut, mon remède afin de ne pas sombrer. Lecture-café-clopes. Bus-boulot-dodo. Religion étincellante, les villes sont entrain de crouler.


Revoici l'animal.


Je vais et viens dans la fôret. Il n'y a plus que moi, truffe baissée. Libre à moi de n'en faire qu'à ma tête. Je suis les bonnes odeurs que laissent la rosée et le pollen des fleurs. La flore est riche, luxuriante d'un passé sans entraves. Quelques lapins de garennes sont passés par là, les voici à présent cent mètre plus haut. Suivre la piste, ne pas les perdre à l'odorat. Quelques herbes sauvages me purgent des champignons qui m'ont fait plâner. Les quatre pattes dans la flotte je viens de perdre la trace. Ne pas bouger, les coussinets bien arrimés. Rester attentif, vigilant au moindre frémissement de la fôret. Les arbres dansent lassivement: mouvement du vent dans les feuilles or les petites branches se plient, parfois se cassent et le bruit retentit de partout pareil à un coup de fusil. Le gibier prend peur, il s'échappe, je bondis. Ma haine est naturelle, les babines retroussées je plonge mes dents dans le sang bouillant des victimes. Ah. L'odeur du sang qui s'échappe d'un corps, le parfum délicat, la sensation du coeur qui s'arrête de battre lentement. Ce sale cabot que je suis à la truffe plongée dans le sang prie, tête baissée. Je te remercie toi, l'animal, de m'offrir ta vie afin que je puisse survivre dans cette grande vallée sans fin. Que le grand Tout me soit bon et long, qu'il me comble de femelles à honorer. Que ma descendance ne soit pas vaine, ou bien tout ceci n'aura de sens. Amen.

Et je repars dans la rosée du matin, le ventre bien rassasié et les douces évangiles de la jungle sous mes paupières.

24/12/2009

419. les larmes au coin du feu hurlait-elle


Application du corps. Solitude du 24 décembre pour le moment, puis tout est normal. Je vais bien, qu'on se le dise. Chanter un peu plus fort ce vieil air que je ne pensais jamais chanter:

C'est une chanson qui nous ressemble
Elle est née le 24 décembre
A 23 heures et des poussières
J'étais un petit peu en colère


Et enfin nos jour heureux n'en seront que plus beaux débarassés de ce fardeau qu'on appelle...Je ne sais pas comment on les appelle à vrai dire. J'ai trop bu une fois de trop, il ne faut plus écrire, ne plus rien dire, s'asseoir dans un coin et ne plus bouger. Ne plus rien faire et attendre que la peinture nous tombe dessus.


L'amour on ira le cueillir au coin de la route.

20/12/2009

420. Chamonix, le 20/12/09: "snowing me snowing you"


J'emmerde toute cette saloperie blanche. J'y ai laissé mes jambes c'est suffisant. Et celle que je considère comme la femme de ma vie avec tous ces défauts peut bien prétendre le contraire, j'habite dans une ville que je ne connais plus une fois dans l'année, et ce froid terrible qui emporte tout sur son passage me retourne le coeur afin que je puisse déverser à loisir ma bile puante sur ce tas d'immondices qu'on dirait vierge. Le blanc l'emporte sur tout, la femme de ma vie et ses sourires me manque ce soir, je réalise que dans quatre jours je serai seul probablement ainsi que je l'ai été un début de vie durant. Pourtant je ne m'apitoye pas sur mon sort, j'ai tué des mecs pour moins que ça et la vérité c'est que je ne m'en veux toujours pas. J'ai toujours peiné à réaliser mes erreurs, je ne me suis jamais empêché de les faire pour autant ni d'en faire de nouvelles. C'est impardonnable de s'en vouloir autant que moi de ne pas s'aimer. Et les femmes du monde entier ne me disent plus rien dans l'oreille qui vaillent le coup d'être entendu, c'est cette petite blonde à lunettes que je veux emporter dans ma valise pour noël, c'est elle que je veux kidnapper pour l'emmener au bout du monde dévorer des montagnes de livres. Je reste faible, cette pute effarouchée de neige l'a fait rire, je ne me suis jamais amusé au jeu des boules de neige mais je prendrai plaisir à lui écraser en douceur sa tête dans la neige en criant victoire. Elle se relèvera blanche de la tête aux pieds et c'est la seule chose qui importera à ce moment. On comprend à quel point on est accro à quelque chose quand on le perd, on se dit qu'il vaut mieux pas lui dire, que c'est une erreur. ça portera malheur si elle lit ça mais je l'ai dit plus haut, je fonce toujours dans les erreurs miséricordieuses de mon existence. J'ai du mal à oublier de ne pas aller plus loin, de faire du sur-place en ce moment pour la simple explication que ses erreurs me feront toujours un léger pincement à l'estomac. Mes zygomatiques, et c'est plus fort que moi, font des siennes, alors j'implore cette grande pute blanche qu'elle aime tant de lui donner du réconfort, elle va continuer à froncer les sourcils, m'ignorer, m'oublier et moi je vais continuer à vivre comme il se doit en me plaignant de tout ce qui fait de l'hiver un hiver que les autres aime. Et j'aime savoir que les êtres humains existent pour ce qu'ils sont, des caractères de merde parfois, irrités, des êtres qui font ce qu'ils veulent et vivent au moment présent sans se soucier de l'avenir. Chou, douce folie de mon coeur que je dévorais le lendemain d'un café bien trop noir dans des circonstances atténuantes, ce soir je pense à tes défauts, je me sens ivre mais je ne le suis pas, et je danse avec ton reflet le temps d'un badaboum bang bang, je vis dans le passé l'espace d'un slow un peu trop rock, alors mes lèvres dans ton cou et les mains dans les tiennent qui se gèlent me font dire des conneries pour me ramener à ma stupide réalité de défaitiste. J'adore tes qualités, ce n'est pas nouveau, et j'ai besoin de discourir avec toi sur tout un tas de sujets différents. Mais la réalité revient à cette pute, il fait froid même si c'est plus chaud que la veille. La neige n'en peux plus de tomber, cette pute, cette pute... A quel point je hais celle que tu aimes, tu le vois? La neige tombe et recouvre les routes, elle me le rend bien et bousille l'aile de ma voiture. Tu en rigoles, j'enrage. Voici notre vie. La neige tombe sur un mois de décembre qui clotûre l'année difficile que je viens de passer, j'aimerai tellement qu'on me surprenne avant la fin de l'année. Je regarde ces petits trucs blancs qui tombent du ciel, et la neige recouvre tout, les rues, les voitures, les arbres, les maisons...Il n'y à plus rien qu'elle. Juste elle devant mes yeux.


De bonnes fêtes à vous, la fille qui a mangé mon coeur.

421. Hank vous hait tous


Nous sommes de vulgaires poulets sans tête dans les rues de Chamonix. Je vous l'ai déjà faite celle-là. Il n'y a plus d'originalité, mamy pognon nous a eu. Je vous emmerde tous, Samuel Hall et compagnie. Entre deux vallées quand les âmes ne souffrent pas de renfermement elles s'amusent à voguer en vulgaires fantômes.


" salut toi, comment ça va?

- moi ça, toi ça va?

- ça va ça va ".


On erre dans les rues à la recherche de son prochain, et le prochain importe peu pour quelques minutes. On attend de trouver de meilleures sorties, et tout semble mourir dans cette faune surhumaine qui se regroupe sous la bannière d'un putain d'oiseau que je sais même pas à quoi il ressemble. Alors on danse/on boit de la bière, et nos sourires sont tous aussi faux que nos pas. On se marche les uns sur les autres et putain, y'a plus de bonnes soirées ici ou quoi?? Je n'aime pas danser avec des gens qui me collent tout autour de moi et dans moi, je voudrais encore de ces nuits sans fin d'avant et de ce faux amour qui coule tout le long de mon corps. On se marrait bien alors, je pouvais le dire avec certitude.


Chamonix by night ce n'est plus ce que c'était. Ouvrez un Fight Club que je me fasse défoncer la gueule plutôt que le porte-monnaie.


Et même se poser avec quelqu'un devant des étoiles, une montagne ou une ligne d'héro ne signifie plus la notion érotique d'avant. On demande quel âge ça a et ça semble sortir du berceau. Les femmes de mon âge ne sont plus que des vieilles mères porteuses décrépies en bois blanc et je suis le seul célibataire de cette putain de ville qui se demande bien pourquoi il ne se demande pas de quoi demain sera fait. Je veux rester fou. Errer encore dans les rues de Cham avec eux, une bouteille à la main sans pudeur, libre de me sentir vivre et garer ma caisse dans le trou du cul du Maire comme ça je n'aurai pas besoin de payer mon putain d'emplacement. Je veux rester fou. Revivre à nouveau ce que c'était autrefois, et m'endormir dans les cages d'escaliers en vomissant d'avoir trop bu parce que la merde parfois ça réchauffe pas que la gueule. Je veux continuer de violer vos frères et vos soeurs dans leur plaisir de petit cocon. Ce que je veux c'est de la rebellion contre le fric ambiant, contre votre plaisir sexuel en berne et contre votre putain de monde de moutons.


Je veux que plus personne ne me ressemble. Je n'aime pas coucher avec moi-même.


Que les choses évoluent dans le bon sens; ne plus me sentir dépassé par tout ce qui se trouve autour de moi, à l'intérieur de moi, ou dans mes bras. J'ai un treize de pique sur le bras.

19/12/2009

422. song for a GI Jane


Dans ses rêves elle voit les prétendants de l'absolu tourner tout autour d'elle et elle nage dans cette grande eau noire qui n'a plus aucun horizon. Partout de l'eau noire et du coton comme s'il en pleuvait. Non, c'est des cotillons de fête, de toutes les couleurs, mais dans le noir on a du mal à distinguer les couleurs qui s'échappent tel qu'elle.
Elle nage vers je ne sais où, elle se fout bien de la douleur de ses muscles, de la déchirure que ça procure quand finalement on va trop loin. Les crampes ne l'a blesse plus et elle continue d'avancer. Elle est nue, du sang s'échappe d'elle. La preuve par huit qu'elle est constituée normalement. L'eau est-elle froide ou chaude? on ne le saura jamais. Dans son rêve elle continue encore plus loin ce marathon démentiel sans limite d'espace.

Y'a bien des requins dans cette eau, des ailerons qui déchirent l'écume et s'avancent toutes dents devant. Ils viennent prendre l'air, attirés par le sang ils promettent des montagnes de futilités, des promesses sans lendemain et croqueront la nageuse à la prochaine brassée.
D'un bras elle les éloigne, d'un pied elle les fait fuir, mais le sang les rend fous. Ils sont prêt à tout pour ça, pour la beauté du geste, pour le cannibalisme, pour le capitalisme. Tu l'a vois cette forme qui nage dans une direction de traverse? C'est un bateau qu'on nomme espoir, Lui est au-dessus dans tes rêves. Il n'y a pas de fumée, nulle part où aller, on zappe le bon croisement, le bon mouvement, et l'espoir s'enfuit sans qu'on sache si on le reverra traîner dans les parages. L'espoir, ce bon vieux navire s'échappe alors dans d'autres aventures qui n'ont plus lieu d'être dans le passé. Tous les espoirs de la mer s'effondre. Le voyage touche bientôt à sa fin. La nageuse que tu es pourrait bien arriver à son terme pour clôturer l'histoire. Elle pourrait se faire croquer un morceau par les requins ou mourir. L'eau du bain pourrait se vider d'un coup après qu'on ait enlever le bouchon. Mais le jeu tragique de l'héroïne d'une courte nouvelle c'est de ne pas savoir ce qu'elle adviendra, cette nageuse sans nom n'a rien fait de bien, elle n'a nulle part où aller, son futur est compromis ou non, on ne le saura pas. Cette femme baignant dans le sang est à l'image de plus d'une obsession (ou fantasme caché de la part de l'auteur? le doute psychologique peut s'installer librement, je ne réfute pas les thèses incroyables), elle finit sa courte vie ici. C'est comme l'histoire de la femme sur la chaise, je vous l'ai déjà racontée celle-là??

18/12/2009

423. souviens-toi Barbara


Tu te souviens des sept jours? Il avait fallu sept jours à Dieu pour créer le monde et sept à toi pour le détruire. Alors tu t'en foutais bien de tout et tu n'avais pas dessoulé pour ressasser tout ça. Pour faire le point. Tu attendais le point de non-retour, le gagnant sans perdre espoir, détruisant tout sur ton passage. Il te fallait non pas récreer derrière toi mais bel et bien ramasser les cendres de la tôle froissée dans ce bon vieux rock des familles. Toi aussi t'aurait aimé sentir la tôle froissée se plier contre ton corps et ton corps éjecté sur l'asphalte aussi loin que personne ne pourra l'atteindre. Et je rigolais presque de ta bravoure quand tu demandais à l'agent de garder le balon du test anti-alcoolémie pour en faire un petit chien qui danse. Dans un sens on t'as pardu dans ce bon vieux mois de novembre, ou alors était-ce en décembre, sous un pont, qu'il pleuvait bien trop fort mais pas assez pour laver son sang à elle sur tes mains apeurées. Maintenant tu sais par où il faut partir pour avancer, tu sais où se trouve ta némésis et ton contraire et tu n'as plus peur. Il s'agit de laisser les âmes guérir le monde, ok, mais il s'agit aussi d'attendre que les trains passent, ils te prendront bien tôt ou tard. Tu t'enfuieras sur la mer sans bagage et tu rêveras encore plus.

- Mais pourquoi tu dis tout ça alors que je meurs? le futur n'existe plus.

- Le futur existe encore, ton voyage n'en sera que moins loin.

- Ok, alors ferme-moi les yeux et chante-moi une chanson...


Bateaux, sur l'eau, naviguez naviguez...

424. j'ai menti et je suis là


La fureur de vos poings me font tituber, ou alors c'est l'alcool. Le temps est sans dessus sans dessous. Venu d'en dessous ça dévore tout. On pointe du doigt s'il vous plaît. Le temps est imparfait, le paysage immaculé n'a rien de très charmant quand votre voiture glisse sur la neige. On comprend alors le tombeau dans lequel on roule, on ferme les yeux et on saisit sa chance à deux mains.

Ne plus attendre et ne plus devenir, juste rester comme avant.

Ne pas se plaindre que personne vient lire ici, c'est mieux ainsi.

L. est avec moi, je la berce, je la rassure. Non, nous ne tomberons pas dans ce gouffre. Laisse-moi ton âme en garantie j'ai déjà ton corps. J'ai posé une étiquette en prévision sur son doigt de pied. Il me reste plus qu'à attendre. Alors on court, on laisse en plan la voiture accidentée et tu trouves ça drôle mes cabrioles dans la nuit, entre les cendres de clopes qui tombent du ciel quand moi je râle sur mon paquet vide. Je glisse et tu tombes, boules de neige dans la gueule, je gagne toujours à ce petit jeu là.

Et la tournée des bars, il est quelle heure? On s'en fout de l'heure. De 17h à maintenant est-ce que c'est tard de suivre les happy hours dans le but de dormir dans un lit chaud en rentrant? Bachelet peut bien chanter en rond je m'en fous je ne l'écoute plus de la même manière que je n'écris plus mais que je pense. Chut, ne pas lire mes mots ils n'existent pas. Gaspard en conclusion me fait les yeux ronds. Attention; qu'il me prévient, mais c'est déjà trop tard. Déjà que mon épaule en sang me faisait mal maintenant c'est ma gueule qui me brûle, je ne comprends pas. Je me relève, le pied dans la gueule qu'on me fout. Ca dessoule il paraît mais ça déssoule de quoi, de qui? Je ne sais plus où se trouve mon monde, je sais qu'il faut lever les bras, se protéger, s'approcher en félin sans avoir peur. On m'a frappé quelque part, je frappe à mon tour, il tombe au sol.

"T'as dragué ma copine??" qu'il hurle en désespoir de cause.
Je reconnais Léopold dans la neige, couvert de sang. Je l'aurai relevé s'il ne voulait pas me cracher à la figure et me détruire comme le fait parfois l'Autre, la grande salope. Alors il faut être violent, lui sauter dessus avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit. Le geste ça va plus vite que la pensée, on abat les poings et on se retrouve sur un mort en lambeaux qui fuit du sang de toute part. Gaspard se penche, éberlué sur le corps:

"je t'aurai bien aidé si je n'étais pas un fantôme, mon pote!"

Mais je m'en fous en fait, personne ne sait par quoi je suis passé, je garde ça pour moi, mon passé reste masqué pour bon nombre de citoyens. J'attrape la main de L. qui ne veut plus danser, qui ne veut plus boire. J'essaye de la rassurer, je lui dit que je vais la faire rire de mes figures improvisées, qu'on ira boire et chanter aux étoiles nos vies. Je lui apprendrai les planètes qui meurent dans le ciel, là où déjà il n'y a plus rien. Mais elle me lâche la main et s'enfuit loin de moi de bonne guerre. Me voilà seul avec mes fantômes et c'est très chouette. Même si eux ils boivent pas.

15/12/2009

425. venu d'en dessous ça dévore tout


je ne pensais pas à mal mais j'ai fait une immense connerie incensée encore et encore et encore. Je m'en veux de fouiller un peu partout, d'être ainsi, de ne pas avoir de confiance en une quelconque valeur. merci S. d'avoir fait en sorte que je ne puisse plus rien faire de mes dix doigts, je te hais encore plus, tu me harcèles sous mon crâne et me voici tremblant de trouille. il faut se lever et affronter, tomber encore sans que personne ne puisse me rattrapper. C'est pas grave. Plus personne ne me lit désormais, je vais arrêter ce blog, arrêter d'écrire pour de bon. Je vais disparaître aussi et continuer à m'en vouloir de tout. Avancer aussi, ne plus raconter des messages tristes, ne plus me livrer à 200%. Mes anciennes histoires étaient mieux non? Je compte attendre, simplement ça. Baisser les bras pendant un temps. Broyer du noir. Déchu, je vais sur la longue route droite. En fait, vous ne me croirez pas si je vous dit que ça va. Ca va pas évidemment, mais c'est beaucoup moins dur que la dernière fois. maintenant je sais ce que je suis, ce que je veux, je sais les erreurs à ne plus faire et que je vais quand même continuer de faire. la vie qui ne m'apprend rien me donnera pas mal de fil à retordre. Ce petit boulot pépère va sacrément me démoraliser. Je ne peux pas travailler dans un endroit si merveilleux, quel dommage. Donnez-moi une pancarte dans la rue et je vous parlerai d'amour. livrez-moi vos problèmes et je trouverai la solution. Je vibre, j'ai reçu un message d'un autre S. rouge avec des cornes. Il dit je t'attends.


Cette femme au beau milieu d'un bar, soûle, elle était belle malgré tout. Son visage à la peau mate semblait taillé dans une pierre étrange, celle de la vie et de la joie. Ses longues boucles d'oreilles pendaient jusqu'à son cou, elle titubait au devant du bar et nous racontait nos lignes de vies. On s'est assis, il n'y avait plus que nous et le bruit de la mer. Le bar n'existait plus. Il n'y avait plus que nous quatre, et ses cheveux ondulés je les regardais se mouvoir étrangement, dans une quelconque danse exotique venue d'en-dessus. Elle a pris la main de Kevin, elle savait qu'il allait se marier avec la plus belle femme qu'il soit, et Lena est une femme merveilleusement belle il est vrai. Des jumeaux qu'elle annonçait, oui, des jumelles en faite qui sont entrain de germer petit à petit. Le plus heureux homme du monde est venu hier soir pleurer de bonheur dans mes bras et j'étais content pour lui, moi qui n'ai rien fait de bien dans ma vie. Antoine devait se débarrasser de tout le monde, partir loin sans donner d'adresse. Je ne l'ai jamais revu, ni aucun de ses contacts, celle qui avait prédit tout cela se moquait bien des conséquences de ses paroles, de ses phrases contenues dans de l'alcool fermenté. Alors je l'a prenait pour une folle, ses yeux brillaient comme deux chats noirs, sa peau était brûlante dans la mienne. La main tendu je l'ai vue changer de forme, son air de sorcière diabolique se changea, l'expression de son visage devint celle de la peur. Elle lâcha ma main et quitta le bar, m'expliquant qu'elle ne pouvait pas, qu'elle ne voulait pas...


Qu'ai-je fait de si horrible pour continuer ainsi? je sais qu'un sorcier béninois est à tuer quelque part pour tout le mal qu'il m'inflige. Je sais que plus rien ne sera comme avant. Je sais que je me renferme sur moi-même à nouveau. J'ai un peu plus de mal à avancer maintenant que la fête est terminée. Voilà l'alcool évaporé de mon organisme. Le vieil homme et la mer dans la main. Je ne demande plus mon futur,il est bien trop effrayant. mes pensées sont assassines. Je suis le mal absolu, appelez-moi diable, je me chargerai de votre sort. Je vais fuir, je vais partir, tout laisser en plan là. Voilà, je m'arrête et c'est tout.


J'ai enfin compris deux choses sur quelqu'un.
J'ai enfin compris une chose sur la vie et la mienne surtout.
J'ai enfin compris ce que je dois faire.


Aurevoir Gaspard, Nad, S., O. et tous les autres. Vous ne me lirez plus ici avant un moment.

426. ecchymoses sur les lèvres, cigarette au bec, rouge à lèvres meurtri


Les arbres se décollent de la montagne par la foudre. Le temps se change en un noyau noir, dur, et concentré plus haut dans le ciel. Regarde, on dirait bien que le ciel va nous tomber sur la tête. Les filles s'oublient, s'ignorent et rampent dans la prairie. Les quatre filles du docteur March viennent d'être bouffé par mon frère le zombi. Tu vois les herbes folles et sauvages? Longues et dressées en direction du ciel elles veulent pointer jusqu'aux étoiles. Il n'y a plus d'avant et plus d'après. Unité. Neige qui récouvre au hasard des touffes d'herbe, des feuilles mortes, des rochers inconnus. On se demande encore ce que fout le lichen sur les arbres, il n'y à plus de raisons de grimper, c'est descendre qu'il faut faire. Il faut s'éxécuter encore et encore. Faire ce qu'on nous dit de faire. Deviens mouton et ferme ta grande gueule! La liberté d'expression c'est moi et moi seul!!

Les arbres se décollent de la montagne par la foudre. Ce sont les derniers moments au bord du précipice après il faut sauter, se noyer dans ce tourbillon. Tu peux bien mourir c'est pareil. Ce n'est ni le jour ni la nuit et un peu plus bas dans la plaine le zombi mange des gens au petit déjeuner. Plus bas encore la grande vasque des anneaux de la prairie se renferment autour d'un lac en modèle réduit. Dans cette mare les trois têtes coupées se ressemblent, leurs visages douloureux regardent le ciel et implorent, il n'y a rien que nous puissions faire. Il n'y a rien que nous puissions faire. On ne voit pas plus de dieu véritable dans le sang de nos nerfs que sur cette terre dévastée par elle-même. le temps se rit de nous, la pluie étrange qui s'abat se veut purifiante.

Les arbres se décollent de la montagne par la foudre. Les bretons tournent autour du dernier enfant de la vallée. Les pieds dans la boue il se jettent leur crasse au visage. Sentiment de disputes, révoltes. Haine. Le ciel est bleu foncé, et noir, et gris. Il parle, il explique la fin de tout quand il tombera si bas que nous en serons écrasés. Les côtes sortent de leur étui. Douleur, sang, ecchymoses. Le soleil finit par pointer le bout de son nez, la cime des arbres se calme. Lentement il coule le long de la montagne en partant du haut tel un oeuf qu'on écrase sur la tête. Le givre s'envole en fumée, la planète se réchauffe. Il se peut que ce ne soit pas annoncé pour aujourd'hui, alors on peut arrêter de se serrer les uns dans les autres. On peut continuer à s'entretuer si tu veux. La nuit qui file nous desserre et ce soleil qui brûle est un signe avant-coureur du feu. La sueur coule le long des corps, on se libère de l'autre sauvagement ou non.

Précipice qui se referme. Arbre qu'on recolle à la montagne. La pluie se change en un joli arc-en-ciel. Le zombi est un bisounours qui câline les âmes solitaires et se prostitue la nuit sous les réverbères de notre incompétence. Il gueule à tout va: "fais-moi un câlin et je serai marshmallow rien que pour toi!". Il finira troué par un Uzi agacé. Caroline devient rousse. Caroline brûle en place publique. C'est la fête. La fin du monde n'attendra pas alors. L'arc-en-ciel se met à chanter, des choristes sortent de tous les coins. C'était faux tout cela! Les trois têtes sortent de l'eau et s'en viennent dévaler des montagnes en roulé-boulé. L'orchestre sort des maisons, la grande vasque devient incandescente, les arbres se plient en direction de l'homme. Les habitants courent joyeux, tout autour de la scène. En plein milieu un enfant délivre un message de paix trop vieilli, usé à la moelle, et le coup de la colombe on l'a déjà fait!

Les sillons se creusent, des amoureux roulent en cercle tout autour de la piste, c'est le grand final! La neige s'enfuit, elle n'est plus là, place aux champs d'été, place au soleil jaune bien rond avec des rayons tout autour, l'astre qui éclaire tout, projecteur multi-directionnel et chemises en tout genre j'ai quand même peur... La musique ralenti...

Elle rebondit sur trois petites vagues...

La petite fille intervient: "C'était une comédie humaine de la vie pathétique de Gaspard-en-tout-genre, j'espère que vous avez aimés. Revenez-nous voir et soyez nombreux. Merci merci les braves gens que vous êtes!"

Elle fait coucou de la main au public qui déjà se lève, surpris. Elle se penche, ramasse son doudou, le porte tout contre sa joue et se met à sucer le pouce tout en continuant de saluer le public qui s'en va par tous les côtés, sans un mot. Ce sont juste des formes noires. Ils n'ont pas de visages. Pas de détails, ou si peu. Ils s'en vont, insatisfaits et crédules. Une voix sort des autres.

"ça ne peut pas marcher, ça ne marchera jamais. Le public voit trop bien le dénouement venir, il n'y a aucune originalité!"

Mais le clown se penche alors et dit: "mais monsieur, l'originalité ce sont nos âmes, notre manière de raconter, de faire l'amour, et d'imposer tout ça au public en guise de souffrances. Il faut être artiste parce que l'on aime, mais pas devenir mouton pour votre plaisir."

Le rideau se ferme alors, on a juste le temps de voir ce clown étrange au masque pointu saluer le public une ultime fois avant que tout se termine.

14/12/2009

427. les citadelles sombres, rassurantes dans les ténèbres nous réconfortent parfois juste un peu


On découvrit une fois les traces d'un homme qui, ayant à l'aube quitté sa tente en direction de la mer, marcha jusqu'à la falaise qui était verticale et se laissa choir. Il était là des logiciens qui se penchèrent sur les signes et connurent la vérité. Car aucun chaînon ne manquait à la chaîne des événements. Les pas se succédaient les uns aux autres, il n'en était aucun que le précédent n'autorisât. En remontant les pas de conséquence à cause on ramenait le mort vers sa tente. En descendant les pas de cause à conséquence on le renforçait dans sa mort.

428. de nos envies...


Juste envie de partir, ne plus sombrer, ne plus chuter.
Il fallait un point à la fin de mon histoire.

Je ne laverai plus ma bouche, je le jure.

"le bonheur empêche la joie de vivre".

Garder cette blessure encore quelques temps.

Mal au ventre.
Voiture cassée/mal à la tête.

La vie est une partouze/chanson d'Arno à écouter en boucle.

Toujours la même quand ça va pas.
Et dire à D. que je veux être seul à n'en plus finir.

Juste comme ça, pour rigoler.


Et toi j'te connais pas, mais t'es plus ma copine

Et tous les jours et les semaines

Ca me fait vraiment de la peine

Regarde les autres comm'ils s'aiment

J'connais un bon coin

Et la vie va grand train de l'autre côté

C'est pas ma faute à moi si je sais pas gagner

Regarde comment j'dors plus la nuit

Je sais même plus mon nom

Et je sais je fume trop au café je meurs tous les jours


Allez saute-moi au cou

Allez dis-moi que la vie est belle

Allez saute-moi au cou

Que c'est pas dans cette vie que l'on paye

Et cette musique je l'aime beaucoup

On a pas l'même âge mais c'est pareil

On ira tous les deux jusqu'au bout

On ira tous les deux jusqu'au bout

Car j'sais qu'tu m'aimes

Je sais que tu m'aimes

13/12/2009

429. la X


Douce Livia, vous me dîtes être en perte de vitesse. Je sais que vous en aimez un autre et n'osez rien avouer de vos sentiments (peut-être est-ce involontaire de votre part) mais je vous prie de m'en raconter plus encore de ces détails sentimentaux.
Qui plus est, je sais que vos pavés se trempent de l'eau de mer, il parait que la mer agitée est sublime à cette époque. Alors la houle revient tremblante, chutant par delà les remparts et s'en vient abreuver les caniveaux. Parfois elle tue, elle happe, elle avale, cette vague assassine. Vous ne savez plus ou on prend pied, pas le temps de courir qu'il vous faut déjà nager, pas le temps de nager que vous mourez...

Et puis on prend la mer pour plein de raisons différentes après tout, n'est-ce pas vrai que ce paysage agité de la mer qui gronde, qui gicle contre les remparts sous un ciel noir de jais est la destruction la plus belle de votre petit monde? Je sais qu'il faut encore ériger des remparts, bien plus hauts, bien plus forts. L'amour ne viendra pas et c'est tout. Si c'est ainsi que votre esprit sombre avec le bruit des vagues...

Douce Livia, laissez-moi vous dire au final qu'apprendre les règles de l'écriture reste simple. Une fois qu'on a compris le truc ça glisse tout seul. C'est vivre qui est difficile, et former des pensées propres à nous-même n'est que pure connerie. C'est impossible d'avoir des pensées personnelles. J'en reste persuadé et vous prie de croire à mes sincères salutations à vous et votre soeur que j'ai détruite un jour, mais ça je vous le raconterai ultérieurement, je n'ai que trop parlé dans le vent ces jours-ci.
P.S.: j'ai ajouté O. à nos conversations débiles, ça n'en sera que plus vrai, mais déjà j'enrage, j'aurai voulu la vie de mon cousin.

430. je reviens sur ces mots qui ne sont pas les miens; je reviendrai dans vos boums, ne vous inquiétez pas


Je n'ai pas oublié de vivre, la neige sur les toits qui recouvrent jusqu'au sol ce petit monde superflu. Les japonaises qui galopent, j'aimerai les inviter dans ma nuit à m'apprendre leurs secrets, les silences de là-bas ça doit être différent.

Sortir du restaurant pour le bar dans l'impasse. L'inconnu. Quelques têtes de retour, souvenirs d'un temps ou c'était Gaspard qui dirigeait les opérations. Le dérapage ça s'appelle, savent-ils combien j'ai pu glisser ici et qu'à cause de ça ce troquet porte bien son nom? La nuit tous les bars sont des pubs, des anglais viennent d'autres s'en vont. Trois vieilles russes se retrouvent une jeunesse au son des reprises. Les jeunes veulent boire, ils n'ont pas l'âge. Geste commercial pour eux et quelques bières. James, beau serveur, beaux mecs qui passent et un clone anglophone de Beigbeder, ça nous fait marrer, nos verres à la main qui se remplissent quand on boit. Qu'ai-je bu pour ça? Rien, juste quelques litres d'oubli. Avant elle il y avait un avant elle, avant elle y'avait aussi un avant elle. On remonte le temps depuis un certain temps. Tant pis pour le temps et autant pour moi. Il était une fois alors...Il était une fois enfin...

Bard'up and hell yeah. Une ex m'oublie dans la rue, ça m'fait rire. Le froid laisse s'envoler en volutes un peu de nos âmes. Beaucoup de clopes dépensées. Des mecs de Dublin nous parlent, ça change de l'australien et des canadiens de la veille. Et Jean-Luc à l'entrée brise une bouteille au fond de mon crâne. Il partira en pleurant. J'ai l'image de solitaire qui m'revient. Douce âme parabolique qu'on a brisé de plein fouet, qu'est devenu ton amour au final? Je ne l'ai jamais su. La vie est une putain. La vie est une partouze.

Un sourire bien trop jeune s'échappe, j'aimerai la revoir et je n'ai pas peur de le dire. J'aimerai lui dire simplement que j'ai du désir pour elle, désir de la rendre immortelle du bout des doigts. J'inscrirai son nom sur le papier. Elle deviendra immortelle sans que l'a touche. Je veux juste la dessiner. Je veux juste la peindre. Je veux juste faire semblant de la rendre immortelle.
Ma libraire aussi et ses yeux clairs, l'autre ne me reconnait pas. Mon ex est partie vers un autre ailleurs. Je fais des bises, je sers des mains, je retrouve un monde ingrat que j'avais oublié. Eux ne m'avaient pas oublié pour autant et ça dit:


"te souviens-tu quand, avec ton cousin, vous faisiez les 400 coups dans les rues de la ville du département? Vous étiez beaux et grandis, nous n'étions rien à côté de vous. Faire la fête en votre compagnie alors c'était autre chose, bieen plus original car oui, l'originalité est votre fort mon bon ami."


Et c'était vrai qu'on avait toujours une longueur d'avance. Je me suis demandé si Gaspard ne s'est pas suicidé parcequ'il n'avait plus d'idées neuves. Cher Gaspard comme je te comprends en arpentant ces plus vieilles rues et ce moulin qui ne tourne jamais. La rue est chaude et les pavés glissent. Paysage immaculé? pas tout à fait, souviens-toi le vomi, les clopes qu'on jette, la pisse dans un coin et les capotes usagées. Je suis au plus bas de la société quand les pires personnes qui soient ce révèlent des anges formidablement cachés. Alors le Choucas ouvre ses portes. Il déploie ses ailes et nos pieds qui ne savent pas marcher droit se laissent happer par le vide. Marc est là, Marc qui est si beau à l'intérieur de lui, Marc qui n'est pas qu'un ange mais bien plus. Je sais, je me suis toujours pris d'affection pour ces grands naufragés de la vie. Marc a essayé de jouer avec l'amie, l'amie n'a pas voulue. Mon ex m'a retrouvée, elle m'a confiée sa veste. Trois petits pas qui s'éloignent.


"Je m'en vais danser cher amour si grand devenu. Beau barbu que je regrette. Je vous confie ma veste, faîtes-en bonne usage pendant que je m'oublie de vous à vous. Je regrette. Oui, je regrette d'être mère mais pas du bon enfant."


Alors nos pas d'éloignés sortent de là, fument des clopes sur le pas de la porte en renouant des liens desserrés. Il y a Octavie. Je t'ai connue petite et petite tu étais et petits nous étions toi et ton frère. La fête alors et toi couchée dans ton lit. Endormie sur la mezzanine je voyais ta jambe nue qui dépassait de ces draps et j'avais ce sentiment étrange au fond de moi de m'être trompé d'endroit. Le tam-tam qui puait le mouton et la chatte qui griffait. Cette vieille chatte que plus personne n'osait caresser j'ai réussi à l'aborder sans la noyer pour autant dans le flot des draps. Et ta jambe nue qui pendant n'était que la jambe d'une enfant et c'est tout. Tu étais mignonne déjà et tu étais petite, si petite, que j'ai mal au cou de savoir que tu me dépasses. Je te vois sourire, vivre, danser, j'ai chaud au coeur pour toi. Soi mannequin intélligente, quitte ces maudites pistes et deviens encore plus. Bien plus. Tu ne mérites pas que ça, mais plus encore. J'écris sur toi, tu le sais? Un jour tu me liras en tout bien tout honneur, je le sais. Et je t'espères mariée, libre et heureuse. Ivre de cette vie débordante qui te va si bien au teint. Octavie, je t'ai connue petite je te reconnais ange dans la crasse. Sors de là avant de te laisser moisir. Ne sois pas corrompue par le jeu des mains et des sexes dans la nuit de tous les dépassements.


Et puis nous sommes partis, j'ai vue l'amie se jetter dans la neige, se rouler en boule. Je lui ai sauvée la vie, elle ne le sait pas encore. J'ai changé ses vêtements moi-même, j'ai enfoncé ses mains dans mes gants de cuir puis j'ai démarré. Prenant en stop la jeunesse débordante jusqu'aux Bossons. Alors nous sommes allés nous coucher, nos âmes encore ivres et nos vies oubliées au porte-manteau d'un bar. C'est pas bien grave, je l'a laisse en dépôt jusqu'à demain. Je ne veux pas qu'on m'ennuie avec ça, j'ai déjà assez souffert de la complaisance des écureuils.

12/12/2009

431. être et avoir


j'avais besoin de te dire que j'avais aimé couché avec M., sa bite dans le cul qui me réchauffait la nuit par moins trente et nos tromperies répétées ça m'a vraiment fait péter un boulon. La nuit j'attrappe tous les hommes, je les bouffe à tout va, je me suis fait plus d'amant à la chaîne dans mes fantasmes que toi dans ton lit petite fille du soleil. La vie ne m'apprend rien, j'apprend seul, je suis mon maître et mon élève. Mon pays c'est la vie, je l'invoque mille fois par jour et je meurs entre les bras des inconnus pour renaître le lendemain. Je suis au milieu d'un flot de gens sans visage (ou alors ils ont tous le tien) et ça devient une vague multiple qui bouge de partout. Et ça devient une armée de bras levés, de sexes dressés qui s'enfoncent dans des chairs, qui transperçent des chairs, qui se noient parfois. Je n'ai pas besoin d'un bateau ni d'un scaphandre pour me perdre tu vois, je suis heureux le corps recouvert des autres et j'ai chaud, si chaud que je pourrais en mourir encore ce soir. Je deviens la femme que vous aimerez, la salope désirable de vos fantasmes et je me noie et je me noie.

Alors la nuit je mens entre vos bras, je n'ai plus de pensées, je ne pense même pas à d'autres, je ne pense à personne en particulier. Je pense dessiner encore et encore quand vient la nuit, quand pars le jour entre des doigts suant la sincérité d'un ébat à moi qui ment, qui porte un masque. Je ne compte pas dévoiler mon visage devant quiconque, s'il vous faut une énigme à résoudre devinez qui je suis. Je n'ai qu'un seul indice c'est les châteaux de sable de ma jeunesse liés à Pierre Bachelet. Je ne vais pas m'enfuir, j'attends aussi qu'on me surprenne parfois, qu'on me dise quelque chose de positif, ça me changerait bien. Entre vos bras je serai insecte fuyant, cafard qui survit aux hivers nucléaires. Et vos bites peuvent bien me transpercer de plaisir je continuerai à prendre mon pied dans la crasse puante, dans ce qui me dégoûte le plus et dans tout ce qui vous fait vomir. Je suis la preuve incarnée que les loups aiment se reproduirent en mordant la nuque de leur partenaire jusqu'au sang. Humain après tout.

432. tu seras Van Gogh mon fils


Enfant je rêvais, et la tête plein d'étoiles je n'avais ni chaud ni froid. J'ai vu ma mère, les touches de peinture délicates du bout de la toile, le pinceau agile, souple, elle savait ce qu'elle faisait mais il n'y avait pas de place pour le hasard, pas de place non plus pour les idées personnelles. Finalement ma mère a tronquée le jeu, elle n'a rien créé du tout.

J'ai vu le Créateur, le grand qui lui donnait des conseils et sa main hasardeuse pleine de défis qui s'imposait à la montagne. tremblant, il naviguait sur la toile comme on retouche un souvenir, comme on fait pour mentir les rêves. J'ai imaginé qu'il se donnait le mal nécéssaire pour accomplir la montagne peinte dans les proportions et les tons qu'il voulait.
Je me suis mis à peindre, j'ai tout tenté. Je m'imaginais aussi en cliché intime, un atelier immense à dessiner des femmes à poil et sans poils. La poussière sur les étagères, l'odeur de térébenthine et puis les tâches de Rorsasch. J'ai toujours aimé les tâches hasardeuses. Le pinceau à la main j'en étais fier. Plus tard; pensais-je, j'aurai un atelier aussi bordélique de références que celui de Bacon, aussi crade. J'imaginais ce monde merveilleux remplis de livres sur l'anatomie, sur les proportions, les détails, les natures mortes. J'ai toujours deux ou trois livres de ce genre qui prennent la poussière quelque part. Bacon est sur mon étagère entre Schiele et Basquiat. Van Gogh est tombé à plat. On a mélangé des peintres aussi dans un autre bouquin...

Mais les livres...ces romans qui ne finissent plus de compter leurs vies, ces histoires incessantes, ces personnages troublants formaient également une sorte de peinture au couteau plus ou moins épaisse -plus ou moins ratée- et alors je m'imaginais écrivain un beau jour. J'ai cessé de courir les cafés mon carnet de dessin à la main à la suite d'une rupture qui voulait que je cesse mon hasard. J'ai commencé à lire, je me disais que liseur pouvait être un métier. Je me suis avalé bien des romans avant de prendre le bon, celui qu'on peut relire à l'infini. J'ai écris aussi des poèmes, des nouvelles, des romans et des crimes. C'est intéressant d'avouer nos crimes, ça repose. Reggiani le dit si bien dans combien de temps: c'est drôle le feuillage au milieu des roses. Au couteau j'ai appris qu'il ya des pays bien plus absolus encore que l'écriture, la peinture, la musique, l'art...
Alors je me suis renfermé sur moi-même pour profiter pleinement de tout ça, puisqu'ainsi il est préférable de voyager dans son cerveau. Puisque le paradis on peut le créer du bout de nos doigts. laissez-moi terminer mon chef-d'oeuvre encore un siècle ou deux.

11/12/2009

433. avec un peu de fantaisie




Leçon de français après une chanson. 100 kilomètres, début-bouchon et fin-autoroute. J'débouche dans l'vide. Roue libre. Avec un peu de fantaisie, on retrouvera les pays. Des espaces ou il n'y a rien, qu'à se lever un beau matin. A regarder l'autre en plein coeur.




Y'a des lettres. Des milliers de lettres.
Il faut que le roman avance.
Un rendez-vous près du japonais en 4 lettres.


Les cadeaux, les livres et tout ça.


Chanter si l'on peut, le CD est rayé.




Alexandre le beau, je vais coucher avec vous ce soir si vous le voulez bien, mon âme a besoin de se mettre en mode pause pour une vie au moins. m'a confiée G.


L'en attendant l'un de ceux-là, l'un de ces jours, l'un, deux, si...Je serai.
Désormais je reviendrai combler les trous de cette écriture informelle.
Je serai oiseau de proie. Je vais me faire ermite.

Ne plus aller à l'endroit à quatre lettres, ça m'énerve, même si je me fais radier de toutes les listes possibles et inimaginables.
"Vous avez coché la case "artiste non rémunéré?
- Oui.
- Pourquoi?
- Parce que j'en suis un.
- Il faut un justificatif.
- Je peux vous dessiner un mouton?
- Oui. Tenez, une feuille.
- Voilà (après éxéxcution).
- C'est un mouton ça?
- Oui.
- Pourquoi il est bleu?
- Car je suis un artiste.
- D'accord, je vous crois.
- Encore heureux!
- Hmmm je n'aime pas votre ton.
- Désolé...
- Vous me ferez des moutons pour la peine de toutes les couleurs désormais. On va écraser le symbole du mot artiste pour mieux le formater avec des chaînes.
- Et ensuite?
- Vous serez obligé de me faire jouir là, sur cette table. Attention, c'est très difficile d'être artiste!
- Je vous crois!!
- Je n'ai pas joui depuis l'élection de Sarkozy.
- A la présidence??
- Non, à la tête de l'UMP.
- Et qu'est-ce qu'il fait votre mari?
- Il tient la caméra, lui aussi il est artiste. De temps en temps il encule les clients, je crois que vous l'intéressez. Voudriez-vous vous pencher un peu plus en avant?
- Comme ça?
- Oui voilà, c'est ça.
- Ouh, c'est dur!
- Ce sont les formulaires d'inscription pour le mot en quatre lettres.
- Aie!
- Vous inquiétez pas, ce n'est que le début!
- Mais je veux faire une formation moi!
- Et moi je veux regarder mon mari vous rentrer tout ça dans le cul. Ensuite vous me ferez jouir sur mon propre bureau. Comme je l'ai dit, ce n'est que le début! Nous avons tous les droits. Signez ici s'il vous plait, c'est pour faire de votre corps au mot de quatre lettres. Merci.
- De rien, ça dure longtemps?
- En ce moment oui, avec la crise ça dure de plus en plus longtemps, mais vous verrez, vous finirez au même endroit que les autres, de l'autre côté du mur.
- Il y a quoi de l'autre côté du mur?
- Une tombe unique, grande ouverte. C'est un fossé dans lequel on jette les corps usagers, les suicidés des coeurs au chômage, ceux qui font les petites annonces, qui perdent courage. On les jette, on les consume. On vous jettera vous aussi quand nous aurons plus besoin de vous!
- Je vais me rebeller!
- Allez-y, c'est encore plus drôle quand la viande s'agite! J'ai les pleins pouvoirs je vous ai dit. Je peux vous tuer à petit feu pour mieux en rire. Maintenant je vais écarter les cuisses, et vous aller me faire jouir, j'aime les moutons. J'aime les moutons bien dociles....Hmmm oui comme ça c'est bon...."
C'est comme ça que je suis devenu fantôme. Bouh!

07/12/2009

434. 0h27: "j'ai besoin d'un cygne"


Rochefort à Beigbeder, le souligne souvent, a dit un jour que le bonheur empêche la joie de vivre. Je n'ai pas cherché plus loin que le bout de mon coude, cette citation n'est sûrement d'aucun d'eux. C'est pas l'important. Ton sourire sur mes mains me manque et je veux vivre simplement. Je me coupe parfois du bonheur alors pour continuer d'avoir la joie de vivre.


"Tes mains sur ma peau je n'en pouvais plus, ton odeur sur le corps m'emmenait ailleurs" chuchotait M. à B. dans le noir et j'écoutais aux portes en me disant que moi aussi un jour, en me disant qu'un visage m'attend quelque part, que ce visage je suis persuadé que c'est le tien, que ce visage c'est le plus beau.


"Banane!" alors me dit-elle à m'inquiéter, me faire du mouron pour rien. Et je dévoile nos vies sans pudeur ne m'en veux pas de ce post si tardif. Je veux vivre comme avant du soleil plein les cheveux même à dix-huit de la nuit et vingt-trois heures du matin. Ton parfum dans mon lit et tes mèches sur mon oreiller. Mes doigts sur ta peau pour te palper, savoir que t'es bien là et pas ailleurs. Je te veux comme avant simplement quand on parlait de tout et de rien, quand on s'aimait comme on croque dans une pomme et que c'était facile alors. Ne pas te perdre; je me suis juré. J'ai mal aux ventres, à mes deux ventres. Mes yeux me piquent, pas de message de toi et je suis un salaud, un con à abattre qui a raison ou tort mais qui s'en veut.


La lettre comme avant, qu'on prépare alors, la lettre sur le départ qui se continuera demain et après-demain. La lettre que j'enverrai par courage, que je veux salvatrice. Lettre d'amour qui finalement me ramènera à toi dans le petit jour naissant.


Et le courier tombe en bloc avec mes idées noires, et le temps décline. Une heure sous la pluie environ dans le froid à me battre avec mes clopes, mes appels, mes faux-amis et une seule personne à sortir du lot. Une heure c'est toute une vie aussi, et tout peut basculer. Tu m'a répondu simplement, je ne m'attendais pas à ça. Je suis désemparé de cette banalité soudaine. Que faut-il sauver alors? Je ne sais plus, je viendrai te sauver alors bientôt, mais le voudras-tu?


Je te veux ma femme!

435. inverisimile subgestio


Oui à celle qui lit ceci.

La véritable suggestion serait peut-être de ne pas laisser tomber nos morts.


Moi je suis réduit à la poussière dans les tranchées.
J'ai besoin de te parler.
- Ah bon? de quoi?
- De Hollywood. Un jour tu seras présidente.

06/12/2009

436. HUSH




je ne sais pas que dire, je ne sais pas que faire. Nous sommes nos propres erreurs. Fallait-il marcher sous la pluie glacée le soir venue -et dans ce sens tu sais ô combien je marchais dans le sens inverse de toi pour l'oubli que cette sensation de fuite procure.


Il me fallait parfois compter, c'est plus fort que moi. Un Mississippi, deux Mississippi. Compter ne rime à rien ou alors avec le verbe aimer mais ce n'est que pour mieux le détruire. En amour on ne compte pas. J'écris ce soir pour te dire que j'en ai marre de toi, cher ami de bonne guerre. Tes reflexions incessantes sur l'environnement qui t'entourent, le fait de te poser en victime à chaque mot posé à ton encontre, tes maladies imaginaires que n'importe quel Molière de bas étage jouerait bien mieux que toi...Et tout ceci n'est qu'une gigantesque farce entre deux clowns retraités, il est fini le temps du lycée, il est mort le roi, il s'est enfui le temps.


Pourquoi jouer à rejouer le passé quand le futur est à nous? Il faut se donner les moyens d'avancer encore et encore. Ne pas avoir peur des baffes dans la gueule. La technique de l'autruche est vieille et usée, elle ne marche plus. Ou alors construit un mur, le plus haut qu'il soit, tu peux bien vivre d'oubli, ce n'en est que pire. Faire la sourde oreille? D'accord, mais il est hors de question que j'intervienne à cette partie du diable, je ne suis qu'un fantôme, tout comme toi. J'aii oublié mes gants quelque part, il fait froid, je perds un peu de mon âme chaque jour. Un jour viendra ou je partirai. Mais entre temps je suis entrain de vivre, de réaliser que j'aime, que j'ai un avenir encore à tracer et des milliers de projets à réaliser. Je n'ai pas fini, pour sûr, de me prendre des baffes dans la gueule. Je n'oublierai pas ce mois de novembre où j'ai du faire la route sans elle. Mais depuis il faut encore se relever, continuer. Le suicide c'est de la merde en boîte, je le sais puisque j'ai essayé. Après tout je suis bien un fantôme.


Mais tu as bien raison, j'avoue, je ne suis personne pour te dire qui tu es et quoi faire. La technique de "tu n'es personne" marche bien. Moi aussi je suis en guerre avec le monde, je me révolte avec l'amour, je m'engueule avec mes potes, je me parle à et avec moi-même et je m'enfonce à faire l'autruche tout comme toi. A présent qu'on vivra la même chose, je serai sans doute mieux placé.




Signé Gaspard le foetus de Madame Irma.




P.S.: ne touche pas à la bombe nucléaire qui s'active dès la lecture de cette lettre, elle provoquera la fin du monde deux heures et quatre minutes plus tard.

437. aujourd'hui j'ai rien fait j'ai écouté les mouches voler dans leur vrombissement et leur reflet merde d'argent


Satiriquement parlant j'ai attendu dans bien des villes. Il me semble attendre encore. J'ai attendu dans des villes lointaines qui ne me parlaient pas. Je me suis fait chier sous la pluie et dans le froid à attendre l'impossible. Il n'y avait rien pour moi là-bas, je ne sais pas pourquoi j'attendais mais le fait d'attendre niait ce que j'étais en somme: un impatient.

Ce qu'il y a de bien dans l'attente c'est l'évasion, avec le temps j'en suis devenu un grand spécialiste. J'ai lu des tonnes de mots, des phrases alignées qui parfois ne voulaient rien dire, des définitions en somme de la vie que je n'avais pas, que je n'aurais jamais, que je n'avais plus.

Attendre. Parfois avec Romain, d'autre fois avec Antoine, quand Nicolas Bouvier s'échappe c'est les martyrs qui prennent de l'ampleur, j'écoute alors ces rythmes étranges. Un bon vieux rock/bon vieux temps. Me voilà revenu dans le passé, je pense à toutes les fois où j'ai dû attendre dans ces villes mortes, dans ces déserts de l'immobilier, et les passants ne me disaient rien. Je n'en ai jamais vu un seul de ma vie. Il n'y avait que des fantômes remplies d'habitudes plus ou moins exceptionnels, à force de lutter dans l'attente j'ai compris que je ne gagnerai en rien. A force d'attendre j'ai mis ma vie en suspend. J'ai attendu vainement l'attente aussi. Celle qu'on désire un peu puisqu'on sait qu'il y a une fin et une récompense. J'ai attendu à en mourir, et à chaque froid je renaissais dans des bras inconnus qui ne me disaient plus rien. J'ai cru en l'amour parfois, l'amour de l'attente. J'étais patient autrefois.

Et puis l'attente s'en va un beau jour, pas l'attente en soi, mais l'attente dans des autres villes. Il n'y a pas de futur, il n'y a pas d'autres villes, ici c'est chez moi ailleurs c'est nulle part. A quoi sert alors d'aller nulle part? On se dit qu'on avait tort d'attendre comme ça pour rien par tous les temps et on ment ainsi aux auteurs qu'on délaisse. On leur tourne le dos, il n'y a rien de plus con. On se dit que finalement on aimerait redevenir bête, l'enfant qui ne connaissait rien, celui qui ne voulait pas apprendre. On veut que notre cerveau se vide de tout contenu pour devenir le non-dit, le non-vierge, le non-avenant. Et a la fin de toutes attentes, là où se trouve le réconfort de la récompense, on voudrait une coupelle d'oubli. Devenir un légume et s'endormir peu à peu peu à peu. Bernie Noël me remerciera alors de jouer avec lui dans cette cage d'escalier de nulle part car ici ce n'est plus chez moi et que nulle part c'est partout.

04/12/2009

438. ne pas lire, ne pas écouter, ne pas chialer devant les oriflammes permanentes


Sous les élytres se cachent tes ailes d'ange. Dans le froid je gronde ton nom: vérité.

Sous tes lunettes se cachent tes yeux incertains, dans le noir je les trouve: amour.

Sous les tropiques je me prélasse, je hurle parfois des sentiments malin: savoir.


Natation interrompue ce matin.
Au lever j'ai pensé à eux sur la plage. Je savais tout.
Des idées? Des promesses? je ne sais pas vraiment.
Et l'avenir parfois semble plus incertain encore.
Gaspard est parti, n'en parlons plus.

Enfin je deviendrai pour toi l'enfant terrible que tu aimais.


Je ne sais pas où les heures passent.

Et toujours en silence, et jamais on se noie.


Tempérament incertain. Je suis fier d'elle, mille questions.

Arrivera bien les heures, toujours les heures.

Il fera froid ou chaud j'en sais rien. Je tiendrais sa main. Toujours.

Même dans le noir.

Et alors on verra nos tableaux, des vagues qui nettoient.

439. c'est en tant que guerrier que tu fais l'amour et en tant qu'amant que tu fais la guerre


Souvenez-vous l'an deux mil, vous étiez sur le pont quelque part à donner votre âme au diable, déjà. Vous regardiez votre reflet dans l'eau et moi j'étais imbu de mon propre chef. Plus loin nous nous sommes assis sur un banc, je lisais quelques éternels sous la lune à minuit dans le jardin du bien et du mal. Je vous rappelai les touches colorées de la nature, vous étiez l'élève et moi le professeur. Je continuais de lire, vous étiez sur moi la tête sur mes genoux, mon autre main -celle qui n'était pas occupée à tenir le livre - se perdait dans vos longues boucles fines. Je disais alors qu'il y avait un temps pour tout, j'étais convaincu que l'âme ce n'était rien d'autre que vingt-et-un grammes et un peu de farine. Je me suis trompé je l'admet. J'avais tort mais chut c'est un secret qu'il ne faut pas dénigrer entre vous et moi.

J'essayais de croire en dieu, de m'inventer des lieux de rencontre pour nous deux, vous savez très bien qu'il n'y avait ni pont ni lac ni clair de lune. Notre quotidien étouffant un beau jour a pris la poussière sans que je m'en rende compte. Nous nous sommes étouffés l'un et l'autre, l'un est parti l'autre a rendu l'arme. Il m'arrive assez souvent de ce poète que j'avais découvert un jour, par hasard, au détour d'une librairie, sur mon trône déchu alors je pense à lui, je récite, et dans le noir je cherche encore la lumière entre mes fantômes et mes cheminées et ma voix grave chuchote: "me vînt un songe après le grand enthousiasme. Car j'étais entré vainqueur dans la ville, et la foule se répandit dans une saison d'oriflammes, criant et chantant à mon passage. Et les fleurs nous faisaient un lit pour notre gloire. Mais Dieu ne m'envahit que d'un seul sentiment amer. J'étais le prisonnier, me semblait-il, d'un peuple débile."

Mais le saviez-vous que c'est en fermant des livres inachevés, des coupoles d'intelligence et des vasques immenses du savoir artisanal que j'ai compris toute la vérité à ce fin mot? J'avais dans ma main un seul livre terminé, il me fallait enfin en terminer un autre à tout prix pour prétendre changer d'opinion ou la renforcer au plus vite. C'est ce que j'ai fait en avalant la bibliothèque entière et je vous ai oubliée.


Un chemin escarpé et glissant surplombait la mer. L'orage avait crevé et la nuit coulait comme une outre pleine. Obstiné je montais vers Dieu pour lui demander la raison des choses, et me faire expliquer où conduisait l'échange que l'on avait prétendu m'imposer.

440. "On ne décide pas d'être drogué. Un matin, on se réveille malade et on est drogué"


Se défoncer, c'est voir les choses sous un angle particulier. Se défoncer procure une liberté momentanée contre les exigences d'une chair vieillissante, prudente, ennuyeuse et craintive.


William S. Burroughs, Junky.

03/12/2009

441. 21 grammes


Ronald se tenait les côtes, la lame bien planquée dans un li de son corps et chaque geste commétais sur son visage une affreuse cicatrice renversée.

"J'ai mal je crois" disait-il.

Mais Gaspard n'en avait rien à foutre, il était bien trop pété pour ça.

"Ce n'est rien, lui répondait-il, rien comparée à la souffrance que j'endure dans mon crâne."

Ronald n'a rien répondu sur le coup, il ne voulait pas donner plus d'importance encore à la blessure afin qu'elle ne puisse pas l'emporter. Il s'est mordu la lèvre un bon moment avant de chercher si le débat qu'il allait mener avait son importance ou non.

"Je suis écoeuré; continuait Gaspard assis sur une chaise à jouer avec ses mains, tout est perdu.

- Pourquoi? finit par répondre Ronald.

- Etre amoureux ne rime à rien.

- Et c'est pour ça que vous vous permettez de me planter au sens le plus vrai du terme??

- Non, c'est juste un défouloir.

- Vous devriez mesurer vos gestes mon garçon.

- Sinon?

- Eh ben ça commence comme ça et vous finissez mass murderer!"

Gaspard avait pris sa tête dans ses mains, Ronald laissait le sang se répandre entre ses doigts et couler jusque sous lui. Il se passa un temps avant que l'un d'eux en vienne à reparler, ce fût Ronald le premier qui rompit le silence:

"Et maintenant? implora-t-il.

- Je ne sais pas. Je suis perdu.

- C'est la première fois que vous faîtes ça?

- Non, je me suis déjà tué avant.

- Aaah, ça a son importance! Le suicide était-il bien commis?

- Un meurtre! le rectifia-t-il.

- Pardon?

- C'est un meurtre, pas un suicide. Je me suis vu marcher dans la rue avec mon regard paumé, je connaissais mes idées noires et je savais très bien comment parvenir à mes fins, tout ce qu'il fallait faire. Je n'ai pas hésité. Un coup de fusil dans la tête et c'était réglé.

- Et pourquoi vous en venez à me parler d'amour alors?

- C'est fini. Je pensais aimer mais mon coeur est une pierre. Je ne suis pas le narrateur, je ne suis pas amoureux-fou comme lui. Je suis la voie de la raison et j'emprunte les voix du crime pour justifier mon acte.

- Qui est?

- Il n'y a pas d'amour heureux.

- On dirait du Brassens.

- C'est de moi en fait.

- Ah!

- Tout amour doit être puni de ses crimes.

- En quoi ai-je pêché?

- Vous êtes le deuxième narrateur, l'amoureux craintif, celui qui reste toujours sur sa garde et je n'accepte pas cela. Plutôt mourir à nouveau que de ressentir cette douleur dans nos ventres. Je n'aime pas la méfiance, je n'aime pas le soucis. Je me ronge les sangs pour vous deux c'est déjà bien non? Pourquoi ajouterai-t-on une femme dans le lot?

- Parce qu'il faut bien aimer non?

- Mais aimer je veux bien moi, mais pourquoi aimer en se faisant du soucis de savoir si un autre va nous la piquer ou non? C'est ridicule d'agir ainsi mon bon monsieur!

- C'est toujours mieux que de ne pas vouloir aimer par peur d'être déçu, de ne pas s'engager par peur d'être trompé, de ne pas vouloir plus par peur de perdre au jeu plutôt que de vouloir gagner à tout prix.

- Pour vous l'amour est un jeu?

- Parfois oui.

- Mais pourquoi êtes-vous toujours sur la défensive?

- Car aimer n'empêche pas la peur. Mais le jeu en vaut parfois la chandelle. Je préfère mourir que de ne pas aimer!

- De toute façon vous n'avez plus vraiment le choix là!"

Gaspard jeta un oeil à la blessure qui s'ouvrait de plus en plus, le sang rouge et noir coulait de partout par flots, Ronald se sentait déjà partir, il empruntait la dernière voie du Seigneur pour ce tout dernier voyage que certains prétendent merveilleux. Dans un dernier soubresaut il retira la lame afin de demander de l'aide à son tueur:

"Vous voulez bien m'aider? Il désigna l'endroit ou frapper.

- Pourquoi ici précisément?

- Pour le côté incisif, j'aimerai bien passer l'arme à gauche!

- Pour moi c'est ma droite!

- Tout est question de point de vue mon pote!

- Quel rabat-joie!

- Non, soucieux du détail "mon pote"!"

Il enfonça alors la lame sur le côté gauche du corps, sur la partie inférieur du corps et Ronald se crispa un peu plus:

"ça fait un mal de chien!

- Je sais.

- Je m'en doute. La deuxième fois c'est différent quand même.

- Parce qu'on sait déjà à quoi s'attendre non?

- Plutôt parce qu'on sait que c'est pour de bon et que c'est la fin."

Il lui semblait que Ronald était parti d'un bond. Sur un banc, pas loin du métro, il y avait la photo d'une fille. Gaspard se releva pour aller chercher la photo. Au dos il y avait son numéro de téléphone et son prénom. Il se dit alors pour lui-même:

"Ouais, il est peut-être temps d'aimer."

Puis s'en alla vers d'autres aventures.

02/12/2009

442. le temps passe et le Manneken-Pis


Puisqu'il faut bien un dieu, de quoi croire, j'ai scruté les intestins du poulet. j'ai lu dans les entrailles du souvenir quelques parts ma fille. Plus loin mes lunettes, première étape à Saint Malo, bruit de vent dans les voiles. C'est ainsi qu'une photographie tombe dans l'eau et se mélange, tout se confond. Quand étais-je devant la maison du bonheur sans toi en bordure de mer? La musique sur la route, du rock, pendant. La fête qui sonne à nos portes. L'hiver déjà, où était cette rue, je ne m'en souviens plus. Alors les rues qui se mélangent sont toutes les mêmes sous la neige, les néons rendent les mêmes couleurs. Hier le ciel était bleu en pleine nuit. Je voyais quelque chose comme en plein jour sans savoir qu'est-ce que c'était.

Argile, masque de beauté et t-shirt Superman modifié personnellement. Toi qui dort, une peluche dans les mains, tes yeux fermés sur la couette. Souvenir.

Un crapaud sort doucement d'un jour d'été d'une bassine à ma soeur, elle lavait son fils dans le jardin quelque part. Il faisait beau. Le cochon-peluche, un délire. Je tire la gueule pour de vrai/pour de faux. Jimmy, Julie, les caraïbes ou ailleurs. Photo de carte postale, paradis, un palmier, la mer, odeur de la vanille et tes jambes bronzées qui grillent au soleil. Mon sourire sur ton visage et tes lèvres sur les miennes inlassablement. J'attends que l'hiver passe avec les chats de ma précédente location pour te montrer d'autres choses qu'il me tarde de te faire découvrir. Neveu, soeur, neveu dans les bras de ma soeur. Superman qui vire à l'obsession. Les murs de pierre sous le temps de merde, quelques ex pour symboliser le passé abouti. Un vide-grenier quelque part, ailleurs. Mes amis sous différentes formes. Mes frères d'armes dans une chambre close bien après minuit. Casquettes, couvre-chefs ridicules, tomahawk dans l'escalier. Murs de pierre encore sous le temps de merde. Quelques personnages dont moi le trouve magnifique ce temps qui vire à la tempête et emportera tout sur son chemin. La peinture de l'homo superior, ma rue qui sera toujours ma rue, la veste que je convoîtais passé un temps, Vue de certaines églises du nord et d'ailleurs, casquette sur ma tête et chemise kaki j'ai peur. Un couple pas encore séparé, des dessins oubliés dans un carnet comme si je les avais jeté. Mes cookies ratés. Ton sourire et tes baisers dans le creux de ma main. Un fantôme grenoblois me hante gentiment, mon frangin que j'ai essayé de faire sourire par trois fois avant ça ne le lasse, hey je suis pas mal sur les deux-là!

Veste en cuir marron on continue de prendre la poussière, le décor breton, le muguet du premier mai de cette année, les pavés et la plage tel que le disait Renaud. Du ciment sous les plaines paraphrasaient Noir Dez. Les immeubles malouins, la vue d'un autre chez moi, le petit singe qui rigole accoudé à mon étagère rigole quand on le chatouille, je le vois parler très clairement et je sens encore l'odeur de quelqu'un d'autre dessus, ces paroles qui parlent de sourire se moquent de moi, de l'ancien moi, celui que tu ne connaitras jamais. Je ne peux pas t'expliquer et je pense que tu ne le veux pas, l'ancien moi est juste à survoler, on l'oublie là dans un coin. il vaut mieux.

Les amis tournent la tête dans un coin, souvenir d'une journée alcoolisée. La belle-belle-soeur et la chienne Testicule. Les framboises et moi, un roman d'amour, un roman d'ennui que je n'ai pas su lire aussi dans la poche arrière gauche de mon pantalon beige Chevignon. Un gâteau arrive, je souffle les bougies et le noir s'installe dans la pièce. Tout disparaît d'un coup, il n'y a plus rien. On n'entend plus une voix, plus rien ne bouge. Voilà le néant. Et la lumière lentement se rallume. Je ne me souviens plus du nom de l'endroit et peu importe ce n'est pas le plus important. Appelons ça sommairement "cimetière des bateaux" et parmi les carcasses de ces lointains ancêtres aux pieds dans le sable puant je me sens revivre tout au fond. Tifenn court de droite à gauche en m'expliquant les navires marchands, les navires de pêches, les chalutiers qui sauvent la vie une fois de temps en temps. Il me dit que c'est par ce vieux navire fichu à l'eau qu'on a su me repêcher un jour de novembre. Je le crois sur paroles. Je veux encore nager, filer droit parmi ces bois morts qu'on a tagués pour la peine. Une croix semble tracée sur le sol une destination imaginaire. Un jour je prendrai le large. Le bateau à côté de moi est de mon avis, il veut se redresser, c'est un battant. Il n'est pas encore mort, on ne l'a pas encore complètement démoli. Il lui reste tout comme moi ces désirs de houle et du vent salé sur sa peau. Un jour je prendrai le large alors, sois-en sûre. Je ne vais pas changer d'avis.


Je referme alors l'album de photos.