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25/04/2010

319. aaa bbb ccc


à courir les jupons ainsi j'ai compris que cela devait me nuire, et forcément que ça l'a fait. Alors j'ai arrêté de vivre, j'ai commencé à aimer, mais il était trop tard. Les autres ne m'ont pas cru, je suis mort dans d'attroces souffrances, et maintenant je connais ce langage séculier des corps: l'absence. J'ai compris toutes vos chimères depuis longtemps, mademoiselle, ne m'en voulez pas de m'être amusé sans rien bouger de mon ordinateur, puisque vous n'avez rien compris à tout ça. Et c'est bien malheureux de ne pas réfléchir au texte quand on le lit.

320. c'est un petit cas pour l'homme un grand dilemne pour l'humanité


Mais en fait je n'ai plus de coeur, je ne sais plus parler, je n'aime plus vous écrire de ces lettres abominables que vous aimiez tant. J'aimerai tellement vous dire que je suis le même salaud qu'autrefois, que je suis devenu le même que vous aimiez, que je me suis amélioré encore plus mais c'est faux. A cette heure avancée de la nuit j'avais pensé à vos longs cheveux noirs; que je voulais noirs. J'avais vos désirs et vos peines au creux de ma main.

J'aime bien le sel de la mer, j'insiste sur cette aparté.

Et puis en pleine nuit, quand je me réveille, que je constate que je suis resté le même ne me vient que des fous-rires dans la voix. Alors non, je ne suis pas ce même homme, je suis simplement ce même animal qui aime jouer avec les boyaux des autres.

J'aime les friandises que vous me donnez au compte-goutte, si je vous en réclame encore vous ne me les donnez point pour autant, et c'est cela que j'apprécie, car moins ça vient, plus j'envie ces sucreries importantes à mon état. Voyez-vous, avant je voulais de vos mots la douleur des sentiments fustigés, à présent je veux de vos maux les sentiments relatifs pour me faire appartenir au monde des vivants de l'autre rive, celle que je n'ai que longuement caressée, désirée, et c'est très bien ainsi. Je ne me suis jamais mélangé.

Voyez donc tous ces apôtres de la résurrection, ces sanctifiés de la crucifixion, ces damnés de la destruction, toutes ces âmes qui n'ont en commun avec moi que les peines du coeur et encore, il ne me comprendront jamais, pas plus que vous à qui j'écris ces mots, pas plus que moi qui les pensent, je suis ma propre énigme, non ma propre fidélité. J'ai changé, qui peut vraiment dire si j'ai mûri? Personne, mais je sais que ce changement à révélé l'accceptation que je suis enfin un connard fini, et que si vous pouvez compter des dizaines d'amis qui sauront vous expliquer les vertus et les joies qu'ils ont eus à croiser ma route, il y'en a tout autant d'abominables qui ont su me défaire, me détruire, à en souhaiter ma mort: ce sont là mes anges, mes fantômes personnels, mes douleurs à moi que je cultive. Puisque j'ai fait mal, puisque je mérite cette souffrance accumulée, puisque oui, je vous le dit, je suis un connard fini. Mais le jour pointe, je rentre cette lettre inachevée dans ma poche et je sais que par flemmardise je n'aurai l'envie de vous l'écrire telle quelle se doit d'être. J'aime les trésors inachevés, ce doit être là ma prétention qui me poussera donc à vous envoyer la missive ainsi. Pardonnez mes offenses.


A. à H.

24/04/2010

321. l'abelaste


J'ai bien aimé l'inaccessible, le corps un peu penché en arrière, les yeux trop fardés et cet air détaché, fière de son succès auprès des hommes. Alors je la voyais toujours ainsi, légèrement penchée en arrière, le violon dans une main et l'archet dans l'autre pendant que l'autre type enchantonnait des refrains poétique sur la vie, la mort, les montagnes, l'amour et les femmes...surtout les femmes! mais avec un peu de picon dedans.

Tom, piédestal, lui aussi avait tout compris. La fête battait son plein qu'il disait, c'est lui qu'à organisé tout ça qu'il disait aussi. Tu devrais la voir, cette poulette, qu'il disait toujours. La vie c'est comme une boîte de chocolat.

J'ai marché tout droit, il l'ont dit au public, et maintenant il est l'heure de se noyer messieurs dames. Alors, c'était semblable à un rêve, elle, deux pas de moi, et moi dans son oreille. Je vous aime mademoiselle, laissez-moi vous délester.

Vos yeux fardés, votre teint teinté d'un je ne sais quel épice. J'aime votre grâce, vos vêtements sombres auprès du corps et votre voix. Votre manière de jouer aussi, nerveuse, agitée, passionnelle, vous devez être une amante exemplaire et vous le savez. Vous méritez les plus beaux hommes. Les meilleurs spécimens. Pas des gens d'ici quoi. Ici les gens sont des racines noueuses qui déchirent la nature, ils ne sont que de la mauvaise herbe et rien de bon ne peu en sortir, que du formaté, du non-mixé, du déjà-mixé, du tout fait. Je ne vousn proposerai ni premier prix ni second choix, je ne suis pas le lot offert.

Elle avait souri, elle souriait à mes blagues, continuaient de chanter, de boire, de danser, de jouer son corps et sa vie à même la fête, la sensation de fête de faite défaite. J'ai voulu jouer aussi.
Alors, me redressant, abandonnant Marc à ses idées reçues, j'ai filé vers elle, au-delà d'elle, je me suis joué d'elle, voici qu'elle était mon stradivarius et que je l'entraînais dans les rues de Cham en lui disant toutes mes vérités. Ici on s'est battu, ici on a survécu, ici on a résisté, ici on a contemplé la plus haute montagne d'Europe en pariant: "j'irai au sommet, tout en haut, planter un drapeau et je dirai un truc du style c'est un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité. Ne me fait pas rire, je suis sérieux. Embrasse-moi. "

Et j'aimais ces petits baisers secs, nerveux, endiablés. J'aimais les promesses au sein de mon oreille et toutes les cochonneries que je pouvais bien avaler. Alors j'ai fermé les yeux, j'ai attendu, elle n'est plus jamais venu. Et je suis resté là gisant sur le sol, à regarder les étoiles, j'attendais que le temps passe avec ma Corona à la main, en fumant clope sur clope. Bientôt elle viendra, se penchera sur moi pour me repêcher en disant: "tiens, je t'avais oublié!"

Et l'on vivra mieux. Je l'emmènerai loin, danser, vivre, jouer aussi. On ira voir bien après chez elle, bin après Grenoble, et l'on s'aimera l'on s'aimera comme dans la vieille chanson. ça sera chouette dit.

322. quand je peins, c'est comme une prière


Richard Gere: Je pense cependant, avec tout le respect que je vous dois, que lorsqu'on regarde vos peintures, on peut dire que c'est une personnalité qui les a faites. Il y a le filtre de votre personnalité. Il y a Courbet, il y a Balthus. Je ne pense pas que ce soit négatif. Vous seul avez pu peindre vos oeuvres.

Balthus: Ce n'est pas de ma faute si l'on me reconnaît.

323. je ne suis personne même pas moi-même


C'était en Avril (ne te découvre pas d'un fil) qu'il avait connu Jean à demeure.

Les rosiers fraîchements cueillis de la vieille, les mains dans les terres, son baiser sur la bouche.

"Je suis votre cousin" disait-il. Nous ne pouvons pas faire ceci.
Alors des nuits d'incertitude livrés aux diables ils dérivèrent.
Et jamais plu on ne les revit...


Ce n'est qu'à la mi-mai, fait ce qu'il te plait, qu'on entendit parlé d'eux.
On retrouva leurs corps comme dans une chanson de Piaf, échoués sur l'océan, livrés à eux, le coeur troué et regardant le ciel très haut. L'infini.

21/04/2010

324. le fauteuil roulant: la porte des enfers: vivre: us et coutumes douloureuses de l'Occident: lire


"J'aurais dû tuer un homme aujourd'hui, dit-il. Toto Cullaccio. Je l'ai tenu en joue. Il était là, au bout du canon de mon arme, et j'ai baissé le bras. Je ne sais pas pourquoi. C'est pourtant l'homme qui a assassiné mon fils. Un petit garçon de six ans, mort dans mes bras sans que je puisse lui dire un mot. Quand je pense à mon fils, à sa vie coupée, quand je pense à la mienne qui va s'étirer avec inutilité, je ne comprends pas ce que tout cela signifie. Le monde est petit et je vais me cogner contre des parois qui me déchireront les chairs. Alors il a bien fait, votre Frédéric II. Et tant pis pour l'excommunication. Qu'est-ce que vous voulez que ça fasse? Il n'y a rien à redouter de nulle part. Le ciel. Le pape. Rien. Vous savez pourquoi? Parce que le ciel est vide et que tout est sans dessus sans dessous. J'ai espéré, moi, le châtiment pour les assassins et le paradis pour les innocents. Vous pouvez me croire. J'ai espéré. De toute mon âme. Mais les hommes saccagent tout et ils n'ont rien à craindre. C'est ainsi que va le monde. Vous savez ce qu'il nous reste?"

Il se tourna vers Garibaldo et Graziella, comme s'il voulait prendre l'avis de tous, mais, comme personne ne répondait, il poursuivit : "Il ne nous reste qu'une chose. Notre courage ou notre lâcheté. Rien d'autre."

Puis, sans attendre aucune réponse à ce qu'il venait de dire, avec la brusquerie de celui qui regrette de s'être tant livré, il salua ceux qui l'entouraient d'un geste de la tête et sortit.


Laurent Gaudé x10.

325. le dernier palyndrôme d'un monde qui danse


A dix heures qui sonne jamais midi. Je me suis absenté.
J'ai écrit quelques mots sur la feuille. Celle que tu trouveras sur la table en rentrant.
Je n'osais pas te le dire. Je ne sais plus aimer.
Je ne t'ai jamais aimé. Je ne te veux pas. Je me suis rendu compte...
Tes cuisses larges, ton dos voûté, ta peau trop blanche.

Je me suis rendu compte qu'aucun express.

Je n'en ai pas moins arrêté de vivre. L'amour c'est juste pas ça.

Vous étiez nue sous la pluie dans mes rêves les plus fous.
Je n'avais pas besoin d'une danse. Je n'avais pas besoin du monde.

Vos étiez belle alors, je ne voyais pas vos défauts.
Il fallait mourir, et la mort et la mort. Je suis mort plusieurs fois.
C'était à vous que je le devais une fois de plus, mais je n'en parle plus.
J'étais ivre de pluie et d'amour.
Je vous devais bien ça.

Maintenant tout continue comme tout s'arrête. Décision prise.

Je me suis pas anoblie pour autant, encore moins oublié.
Je n'ai pas arrêté de vivre, je ne fais pas non plus semblant.
Un jour, vous me verrez, vous me comprendrez.

Pour cela il vous faudra vous intéresser à moi.
Me comprendre.

En attendant je disparais de vos horizons, reculant, m'évaporant.

Chantant parfois.

326. ils ont trahis ma chanson et ma musique et mes mots


Ils n'avaient rien compris à la musique.
Mais toi tu sais hein? J'aimerai tout savoir sur tout, ouvrir ainsi mon cerveau et recevoir. Je veux passer en haut-débit puis devenir un méga-tétra disque dur. Ce serait marrant tiens, de fliquer un peu les autres pour une fois. Tout savoir sur tout, jusqu'au passage d'untel.
"Monsieur Moyen est venu quinze minutes sur votre blog, il s'est branlé deux fois sur la photo de la note 417."
On compilerait les infimes détails. Mademoiselle KC: trois secondes et cinq centièmes.
On explorera en profondeur: mademoiselle Hortense, pour tout savoir d'elle après qu'elle soit venue dix-sept fois en une journée, restant cinq minutes sur chaque post en pleurant comme une dentelière: CLIQUER ICI.
Enfin on pourrait même envisager de connaître l'avenir immédiat, savoir que Monsieur Moyen s'essuye dans les dessous de sa maman, que mademoiselle KC est une boulimique des blogs qui ne parlent que de chevaux, elle n'a que dix-huit ans et est actuellement en cure de désintox de tout ce qui brille. Elle va vomir là.
Mais mademoiselle Hortense... après avoir lu, j'en ai la certitude, elle s'empresse de fermer les fenêtres, disparaît de l'irréel pour ressurgir dans le réel telle l'éclair qui fend le ciel en deux. Ses yeux déconnectés reviennent peu à peu à la lumière naturelle, elle met quelques secondes pour s'habituer. Elle se lève de son bureau, attrape la boutille de rosé qui traînait dans un coin de sa chambre d'étudiante et se sert du vin dans un verre à pied en cristal qu'elle a volé un jour d'ennui, ne sachant que faire. Alors elle se faufile doucement jusqu'à la fenêtre, ravale ses larmes, émue par l'art pour l'art jusqu'à la moindre note. Elle semble voler. Elle regarde par en-bas, elle voudrait surgir sur ce macadam, écrasée par le poids de ses douleurs fictives. Elle repense à tout ça, avale une gorgée de rosé et allume une vogue menthol. Elle recrache la fumée, tout se fait en lenteur, comme au cinéma on pourrait entendre la sonate de minuit, voir au travers de la fenêtre les nuages noirs qui viennent à elle, faire un plan sur sa fumée, revenir doucement de la fumée à sa bouche qui retire une nouvelle bouffée encore plus saisissante. La caméra tournerait derrière elle lentement, alors qu'elle crache cette foutue fumée, l'on verrait à peine sa mâchoire qui bouge dans le noir, dans la fumée, et elle dirait...
"Demain je vais vivre".

19/04/2010

327. je vais bien. -ah bon?


A mes silences ennemis, à mes nouvelles trahies que je n'ai jamais reçues j'ai envie de tordre le cou à tout ce qui me traîne sous la main. J'attendais, j'ai passé une vie à l'attendre cette attente. Et il y en avait encore pour me dire de ne pas ceci, de ne pas faire cela, mais que pouvais-je écouter? tellement de sons de cloches différents qu'il me fallait écouter l'autre voix, celle tout au fond que je me refusais d'écouter depuis plus de trois ans maintenant. La part animale avait raison en fait, fais ta vie selon toi-même, selon mon instinct, selon ce que je te dicte.
Un animal ça dort souvent, ça bouffe, ça grogne, ça nique ou ça pisse. Un animal trompe énormement mais sait se battre, faire face.
Alors tout en haut dans mes principes, dans ma petite verdure, dans mon univers à la con, j'ai recréé un monde.

Ah qu'il est loin ce temps où j'arpentais les halls d'immeuble des jolies filles. Je chantais en courant derrière elle afin qu'elle puisse un jour se retourner: Moi depuis que je l'ai entrevue je ne vis plus ne dors plus je suis prisonnier d'un souvenir. Moi depuis que je l'ai entrevue je ne vis plus ne dort plus et je meurs pour l'ombre d'un sourire.

328. le piano sous l'océan; l'orchestre de la mer


Au lever, trois petites notes. Une blanche, une noire, une croche.

Je n'ai jamais rien connu de tel. Un petit air; un refrain qui ne me quitte plus.
Un sourire sous mon soulier, j'avale mon café refroidi de la veille, j'en grille une, j'attrape ma mallette et je sors. Fermant mon appartement à clé je délaisse toute une vie et des souvenirs. Plus aucune importance. Je garde la clé en main, dépose celle-ci à mon voisin de palier.

Pouvez-vous garder ceci pour moi ai-je dit. Je suppose qu'il a dit oui.
J'étais impressionné par son regard si intense, malgré la vieillesse il avait encore cette force, ce pouvoir, que les hommes de fort caractère accumule à vie. Je n'avais jamais regardé mon voisin de cette manière, comme quoi on ne connait jamais nos proches réellement.

J'ai roulé sur trois kilomètre cinq cents.

Tourné à droite, grillé l'épave. Ici ça sent la rouille, le maximum de déchets, la mayonnaise usagée. Quelques mouettes rieuses volent en rond au-dessus, se déchargeant parfois de quelques grammes. Tony, tout au fond de la décharge, il ne fait que tendre la main.

La clé bien trop lourde est maintenant minuscule dans sa grosse main velue.
Il me sourit, m'allonge une mallette, entassée dedans: une rangée de billets.
Je pars à pied sans un mot, sans un aurevoir. Ce matin il fait froid. A midi je déjeune d'un sandwich en plein centre-ville. Intra-muros. Attablé au café du coin d'en bas du bout de la ville d'en face du port. Le patron tire la gueule comme à l'accoutumée. Ses tatouages parlent au nom de la France entière. Mépris sur la marchandise, j'avale ma bière d'un coup sec. Je me lève. Je disparait en laissant une batterie de petites pièces. Je passe devant son regard fier. Je sors. Le soleil est haut dans le ciel. Ce matin il faisait froid. Cet après-midi on sent que le ciel va se couvrir d'un manteau opaque. Je crois un clochard au fond de la rue devant un supermarché. Tiens, lui dis-je, c'est tout ce que j'ai. Je tends une liasse. Cinq cents euros. Il croit à une blague.
Je cours pour avoir le bus à temps. Direction l'armée du salut et salut!

Distribuant les billets dans des fringues usagés, je me demande quelle tête feront les personnes à la rue quand ils mettront les mains dans les poches. Et ça vaudra tout l'or du monde. Mais je ne serai plus là pour assister à ça.

Une femme passe devant moi, gueulant plus qu'elle ne parle.
C'est que c'est dur la vie quand même! dit-elle. Et elle joute: et ce foutu bidule qui ne veux pas marcher; en regardant son téléphone. Je lui tends le mien avec le chargeur. Tenez, je vous le donne. Elle me dévisage, ne dit pas merci, n'y croit pas. Je m'enfuis sans attendre un retour.

Ma veste me sers de trop, mes vêtements m'oppresse. Je me débarasse de tout en courant sur la plage. J'enlève d'abord mes chaussures, bien que le sable soit froid puisqu'il commence à pleuvoir, j'apprécie ce contact. Je l'ai toujours aimé.

J'enlève ensuite ma veste, ma cravate si précieusement nouée au cours des années. Je me débarasse de ma chemise, j'ai l'air d'un fou comme ça à arpenter la plage torse-nu, en abandonnant tout ça sans tiquer; je ressemble à un vieux pervers. Je cours dans les vagues, le roulis incessant. Au dernier moment j'ose enlever mon pantalon déjà trempé jusqu'aux genoux.

Je me débarasse dans l'eau de mon dernier vêtement. Des personnes sur la rive. Leurs voix qui s'éloignent. Plus rien ne me retient désormais. Je suis bien. Je fais déjà corps et âme avec la mer en écoutant ce dernier écho amplifié du monde des vivants:

"vous avez vu ce type là-bas?"

Me voici noyé, et tout au fond de l'eau se trouve mon père.

Il m'accueille à bras ouverts sur le pas de la porte. Il ouvre la porte. Une lumière forte m'éblouit derrière elle, je rentre et...

329. Sibéria


Vos fesses callypiges j'y pige rien.

Votre sourire d'infante.

Ris, militaire.
Je sens encore les couches.
Suspendu à mes grottes.
Au fond de la taverne. Je me.

Non. Oui. Nancy.

Sinatra si ça va pas.
Je jongle à vos absentes.
Je me repentir.

En chewing-gum.

Petites boules de champagne.

J'ai trop vu. Je tâtonne.

Je talonne.

Vos pieds. J'aime Vaupié mademoiselle madame.

Madame mademoiselle.
Un ange lancé en l'air.
Espérons qu'il s'envole.
C'était pas moi de toute façon.
J'ai rien volé.

Vos yeux lancés également.
Mon sourire de même.

MM.

Vous êtes échappe mais rien ne vous absente.
Politesse police.
Madame demoiselle.
Laissez-moi partir vers d'autres très cons.

La prison à l'envers.
Le grand R. Et là.

Vos prénoms cachés. Vos cadences.
Je meurs dans vie.
Petits papiers.
Chiffonés à la hâte.
Oubliés le matin.
Café clope.

J'ai délaissé délaissé.

Et j'ai enfin compris.


Le monde.

18/04/2010

330. un être


J'ai été scotché par vos maux, vos mots si francs qui coulaient sous ma peau. Votre talent alors m'a saisi, comme auparavant, comme lorsque je vous connaissait pour la première fois par un hasard fabuleux du destin. Vous n'avez jamais compris l'amour que je vous porte mais je me dois de vous rassurez en l'expliquant: il s'agit de l'amour de l'art.
Vous, jeune nymphe aux cheveux noirs de jais, sourire timide, dents blanches, je suis votre suiveur, votre plus grand fan, votre véritable amour-pour-du-faux. De vous je suis un fanatique de la première heure, si tant est qu'il y'en est une. De grâce, ne me laissez jamais atteindre la dernière de vos sanglots, de grâce continuez avant que cela ne m'achève.

Je suis l'obscur défenseur de vos phrases. L'art pour l'art.


A.

17/04/2010

331. Francis Bacon est mort


"J'ai souvent constaté, lorsque j'ai essayé de me conformer plus exactement au modèle au sens de son caractère illustratif, que l'objet devenait extrêment banal. Je l'ai alors complètement détruit, par pure colère et désespoir, sans savoir quels coups je portais au tableau, et j'ai soudain découvert que l'ensemble se rapprochait plus de ce que mon instinct visuel percevait de l'image que je cherchais à capturer."

332. Katya


Son corps, ses seins ronds.


"Son corps entier n'est qu'une chambre froide où l'art se conserve".


Jelinek.

16/04/2010

333. piano froid, dernière escorte avant la nuit


J'avais sacrément mal aux hanches, à tourner ainsi, en lui tenant la main, l'autre passée sur la taille. On tournait on tournait. J'aimerai bien m'envoler, disais-je. Ses yeux verts pomme sauvages étaient rivés sur moi, plantés dans mon âme, chaque mèche de ses cheveux pointaient dans ma direction.

Elle me désigna du menton les autres couples, tout autour de la piste de danse, le piano s'accélérait, parfois je ne l'entendais plus, parfois je ne l'entendais que trop, et alors qu'elle posait sa tête contre ma poitrine en fermant les yeux, en se laissant bercer par le mouvement, par cette ensemble des choses qui avaient fait que nous étions présents ensemble, ici, aujourd'hui, à ce moment-là, je réprimais le geste de fuir.
Mes mains étaient devenues moites, ma bouche sèche. Une larme voulait couler le long de ma joue, un an plus tôt j'étais à ce même endroit, dans cette même position, avec une autre fille.

A des moments il me semblait devoir partir à la guerre, l'envie de laisser Sandra dans cette position, de lui dire que non je ne pouvais pas, bien après nous étions seul, nous étions allongés dans l'herbe, quand cette envie de fuir à nouveau s'empara de moi. Mon sexe durcissait, sa main cherchait sous les étoiles à nouveau je croisais son regard, son sourire perfide, son envie qui lui faisait le souffle court, entrecoupé d'un désir brutal que ni elle ni moi ne pouvions cesser.
J'étais allongé sur l'herbe de tout mon soûl, je ne pouvais plus rien faire. Je n'avais plus envie, simplement de contempler les constellations qui pigmentaient le ciel l'espace d'une attente, d'un silence, le moment où, quand on sort d'un endroit bruyant, vos oreilles reprennent du temps à s'acclimater, alors le larsen perdure, on attend que ce bourdonnement cesse, cela ne vient pas, cela agace, c'est ainsi.

Et puis cette main, un peu froid, fine, fouillant, griffant...

Elle vînt sur moi d'une manière un peu gauche.

- A quoi penses-tu? s'interrogea-t-elle à haute voix.

- Je me demande s'il existe une autre planète semblable à la nôtre.

Ma réponse était calme, elle s'accélerait, je comprenais le ridicule de la chose, mon envie qui s'enfuyait à toute berzingue. Oh oui, murmurait-elle, aaah, criait-elle, oh! suspendait-elle. Dans chaque mouvement - plutôt gauches dois-je dire - il y avait une sorte de façade, un miroir qui cachait tout, celui qui me renvoyait à ma propre destinée, mes propres désirs, mes propres peurs. Plus tard, débarassé d'elle, j'ai roulé le long de la plage, tout était calme. Calmement je suis rentré, le costume en désordre après le traditionnel baiser "c'était super, on se revoit bientôt?".

J'ai roulé encore, faisant des détours, roulant une bonne partie de la soirée, de la nuit, je ne savais plus trop où j'en étais. Je me suis garé à flanc de falaise, j'ai attendu que le jour se lève, puis j'ai attendu 7h. J'ai repris le volant, je suis rentré d'une traite chez moi, il fallait bien y aller un jour où l'autre. Mon fils venait de se réveiller, derrière le rideau de la cuisine ma femme préparait le petit déjeuner, l'odeur accueillante du café et du pain grillé m'avait saisi juste à l'entrée. Je me suis assis calmement, ma femme m'embrassa, elle ne se doutait de rien, ou alors elle jouait bien la comédie. Mon fils vint me saluer. J'ai saisi mon bol de café, j'ai ouvert le journal, et sans un bruit j'ai lu la rubrique nécrologique dans l'espoir de trouver mon nom quelque part.

15/04/2010

334. je n'ai jamais été un homme de plaisir mais un homme de sanctuaire


Tu lèves vers moi un regard rieur.

- Jacques, je ne veux pas que tu imagines que je ne peux plus me passer de toi et que tu te sentes prisonnier.

- Bien, je le sais.

- Tu peux me quitter n'importe quand, je ne dirai rien, je te suivrai partout, je veux que tu te sentes libre. Naturellement, si tu tombes amoureux d'une autre femme, il faut que tu me le dises, je n'avalerai pas un tube de somnifère, ce serait du chantage, j'irai seulement voir si elle est belle et puis je me coucherai vêtue de ma robe de mariée et je mourrai de vêpres siciliennes...

- Les vêpres siciliennes sont un opéra.

- ... Mais ça sonne comme le nom d'une maladie avec des plaques rouges et des vomissements. Monsieur, te dira le médecin, votre amie est atteinte de vêpres siciliennes, ça ne pardonne pas. Et toi, vêtu d'un habit et revenant d'une nuit d'amour, tu jetteras ton violon à tes pieds et tu t'écrouleras en sanglotant...

- Mon violon? Pourquoi aurais-je un violon?

- Il faut de la musique à un moment aussi triste.

- Tu as une imagination tropicale.

- On dit: baroque. Tous les romans et tous les films en Amérique du Sud sont baroques, en ce moment. Nous avons une très belle littérature et maintenant tu en fais partie. Je t'ai déjà écrit une dizaine de lettres que j'ai envoyées à mes amies à Rio pour qu'elles rêvent de toi. Tu vas être un amant légendaire au Brésil. J'ai des relations, tu sais. Je suis folle?

12/04/2010

335. who the fuck is D & G ?


afin que l'on m'oublie j'écris des lambeaux de toi dans chaque continent. Hier à Sousse. Ici à Cardifax. J'aimerai tellement vous raconter la lente déchéance des sociétaires, mais je n'y croit plus. A vrai dire je ne crois plus en grand chose depuis que le capitalisme a triomphé sur les grandes avenues. Et vos Prada, et vos Gucci...

J'ai des marques jusqu'au slip, je me torche avec un logo, je lis même une part de ce rêve en comptant les billets à l'envolée. Oh, un en moins, ce fut pour la gloire. Oh, un autre en moins, c'est pour nourrir les pauvres malaisiens d'un herpès vaginal qui englobe à présent bien plus que le pays dans son entier.

Débordement; j'attends. Je pianote un peu, voguant entre les eaux sales et la boue. Le choix est à qui mieux aura la meilleure merde et j'attends toujours que mon navire troué ressemblant plus au radeau de la Méduse qu'au Titanic prenne la force d'une arche. Non je n'avais pas honte ce 12 avril à 18h27 de chanter "ne m'appelez plus jamais France" dans les rues de Naples. Non je n'avais pas non plus honte des chiens jetés à la fosse commune. Mais à présent j'ai les joues bien rouges d'écrire, voilà ma honte. Dire ce que je pense tout haut puis me taire tout bas.

Je me marre bien en voyant ces putains de régime, ce peuple de moutons qui avance sans fumer, sans boire, ces "j'ai un tampax dans l'cul et pour me faire enlever faudra me faire chier un maximum". Ouais, je note les références sur le bas-côté de la route, ne vous inquiétez pas, si vous repassez par là vous pourrez les relire... pas sûr qu'on se comprenne.

J'ai un bouton sur le derrière, la position en marche, en marche soldat, c'est ça ou crève. Il n'y a plus d'armées, il n'y a plus de flics. Mais il y a toujours des présidents de tout!

Je préfère m'arrêter là pour ce soir, il se peut que du pus sortent de vos oreilles d'allumés, il se peut que ce soit moi l'allumer, il se peut que tout un monde ne tourne pas dans le même sens. Souvenez-vous patron, nous ne rêvons pas tous de la même utopie, il se peut même que certains n'en ont pas du tout. Le Paradis a été grâcié, on a ouvert les portes de cette prison. Il se peut que demain, oui demain, vingt milles moutons défilent à Lisbonne ou à Genève, mais en attendant personne n'a encore réalisé une seule utopie. Rien que des tyrans, et encore, chut, on a oublié les noms...

11/04/2010

336. les fantômes de Goya


- Tout cela est bien dérangeant, dit-il enfin. Bien dérangeant.

- Sans aucun doute, dit alors Lorenzo, d'une voix très calme, presque douce. Personne ne peut s'y montrer insensible. Par moments, le coeur se soulève. Cependant, ces gravures nous montrent le monde, notre vrai monde. Tel qu'il est.

- Vous trouvez?

- Mais certainement.

- Avec toutes ces horreurs? Tous ces monstres?

- Le monde, mon père, est fait de ce que nous voyons et de ce que nous imaginons. Nous ne voyons pas les démons, mais nous sommes bien certains qu'ils sont là, tout autour de nous.

- Sans doute.

- Et Goya, lui, les voit. Et nous les montre.

Un des moines, parmi les plus âgés, maigre et sec, se lève alors et crie au blasphème. Comment Lorenzo peut-il parler du "vrai monde" devant ces images repoussantes? Est-ce là le monde où nous vivons? Notre monde?

- C'est tout simplement le monde, dit Lorenzo. Le monde tout entier. Et ce monde n'est ni le vôtre, ni le mien. C'est celui que Dieu a créé.

10/04/2010

337. la porte des/trois petits points de suspension


Je me demande si le sang de Cullacio goutte en dehors de la voiture. Il faudrait que je m'arrête pour vérifier. J'aimerais que ce soit le cas. Que son sang coule sur le pavé de Naples. Qu'il imprègne le bitume et réveille mon père. Il fait nuit maintenant. Les immeubles à notre gauche ont l'air morne d'une ville abandonnée à la peste. Sur notre droite, les lumières du port et de quelques gros cargos à quai se reflètent avec tristesse sur le visage en sueur de Cullacio. On dirait un clown qui pleure. Personne ne l'entendra gémir ici. Et, même si quelqu'un l'entendait, ce ne sont pas des quartiers où l'on s'enquiert de son prochain. Je roule en prenant garde d'aller trop vite. Je veux en profiter. J'entends son gargouillis de douleur. J'aperçois, parfois, à la dérobée, ses grimaces. C'est bien.

338. fin de siècle


et

vos

sentiments,

mes maux

se

suivent

mais

ne

se

ressemblent

pas!


Je saute les saisons comme on saute les pucelles dans les champs de l'enfer.

339. monsieur personne


J'entends encore cette chanson calme de Nirvana, le souvenir se rouvre, je m'avance au plus près de la piste de danse qui semble quasiment en suspend, en retrait du monde, coupé de tout, et l'on peut bien annoncé la fin du monde à côté que ça ne changerait rien.
Des ballons suspendus au plafond, de toutes les couleurs, tombent parfois parmi les couples réunis, enlacés, qui tourbillonnent au devant, les ballons tombent parfois sur le buffet du fond, sur une tête, sur un Renaud de circonstance.

What girl, what girl, don't lieeee.

Nous nous embrassions dans la fumée, dans la sueur. Je tenais ses cheveux. J'avais son sourire sur mon pull, mes mains sur ses varices, elle rigolait sans arrêt. Je voulais l'a haïr plus qu'il n'en fallait.

Plus tard j'ai connu l'angoisse des réunions clandestines le soir, des dessins sur les murs, mes premiers vols que je volais pour elle allait de soi. Je m'en foutais pas mal de tout, de Rimbaud et de tout le reste. Littérature au Rabelais, vaseline dans les orifices puis petite mitraille. La fille du coupeur de joint nous faisait danser, on aimait pour la première fois à qui savait écouter correctement mais j'avais toujours un bus de retard.

Première toile, première passion, les premiers draps chargés des anges. Je couchais alors ici, ou bien là, ou encore là-bas. Jamais chez moi. Un matin je me souviens de m'être relevé de mes drogues multiples, mes yeux grands ouverts avaient dû rester tels quels dans la nuit. Je fixais étrangement le mur. Je crois que je suis mort ce matin d'un ennui profond pour la justice. Je suis mort définitivement sans procès en bonne forme. On m'a coupé la tête.

J'ai connu moi aussi la solitude, voulais-je hurler.

Mais elle n'était plus là pour m'écouter...

340. nous nous sommes épongés l'un et l'autre


Ton départ dans le train
Premier qu'est
J'ai des auréoles sur les pieds de Clooney
Humeur-tumeur
Ton sensible ton quoi
Laissé au démuni
Dépit-regret
Je n'irai plus dans vos
Décombres-ombres-tombes.

Ton
sourire
sur
ton
coude
ma
main
sur
ton
âme
mes
chaussures
aux
pieds
jetées
sur
le
plancher
le
feu
qui
renifle
tout
nous
consumme.

Il n'y à plus rien à fer.
L'amour à l'envers.

07/04/2010

341. quand nous en viendrons à chanter sous la pluie (pour mademoiselle N.)


Je revois encore le visage de cet homme chargé de pluie qui en conclusion s'apprêtais à rentrer dans sa voiture alors que moi, boursouflé de mes erreurs je prenais le large. Nos regards se sont croisés, je me suis dit qu'il valait bien mieux qu'on en reste là.
Plus tard, un après-midi chargé de pluie encore je tenais entre mes doigts tremblants le corps imaginaire de la Première, celle que je connaissais pas où si peu et qui l'espace d'une nuit m'avait appris à jouer.
Enfin, je dansais une sorte de fado capricieux au son de vos guitares espagnoles, S. m'apprenait les pas qui me manquait d'un sourire sournois, je crois que je n'ai jamais vu pareille femme à double-sens dans ma vie mais aussi que les sourcils trahissent toujours tout.
Ce soir, l'âme errante chargée d'alcool il me fallait chanceler dans des rues mortes, à la sortie d'un cinéma, en tenant solidement ma bière ou ma clope à mesure que je tombais. Ces deux choses là me rattrapaient forcément, j'avais calmé l'animal, l'indomptable, une nuit encore et j'étais épuisé de la veille à l'heure de chasser quand la part animale fut la plus victorieuse des autres combats que je menais partout dans mon corps.
Il me fallait écrire, décrire le paysage, la froideur, la luminosité du soir ou les bandes jaunes des arrêts de bus qui menaient aux poubelles. Il me fallait m'avouer chancelant, ivre de mon état, de mes amours envolés ou bien de ce sachet marron que je trouvais charmant pour transporter les repas en ajoutant un charme fou américain comme on en voit qu'au cinéma. J'ai soulevé le cercle de la poubelle en fermant un oeil afin de mieux en apercevoir le fond.
J'ai à présent le souvenir après l'ouverture de cette boîte de pandore chimérique d'une question que je désirais vous poser: n'avez-vous jamais entrevu l'espace d'une seconde une femme qui n'étais pas là? Vous n'avez pas eu le temps de reconnaître cette femme, juste la forme, et pourtant cette forme vous dit quelque chose, cette esquisse mystérieuse vous rappelle quelqu'un sans que vous puissiez mettre un nom dessus. C'est ce qui m'étais arrivé avant ce film de Tom Ford, j'ai croisé cette âme tourmentée plusieurs fois de suite dans mon rétro, jamais je ne su retrouver l'exactitude de ses traits qui étaient aussi la cause de pourquoi j'étais incapable de me souvenir d'elle. Alors, Tom ford et l'alcool aidant, je me suis replongé dans un abîme de souvenirs qui mélangeaient aux dates les heures sombres, je me suis plongé dedans d'une traite jusqu'à la garde en fouillant chaque recoin et j'ai apercu cette abysse qui me contemplait. J'avais le visage d'une autre femme en face de moi, mais surtout j'avais le besoin imminent d'aller plus loin, d'encore fouiller, malaxer le tout jusqu'à comprendre que j'éprouvais le besoin de faire taire S. en la voulant morte car c'était ainsi, vouloir oublier C. car c'était ainsi, vous oublier vous car il n'en résultait autrement. Alors dans mon alcool désespérant j'ai arpenté de fines lamelles de rues posées sur la pizza glacée de mon comptoir, j'ai remonté les poivrons jusqu'au carrefour des anchois et ridiculement j'ai su qu'il n'y avait rien à faire que de rentrer, de m'écrouler sur un lit commun, de fermer les yeux à attendre que le silence s'empare de moi. Le petit matin me surprendra en slip, dans une position des plus incroyables, à baver sur le côté, et la seule vérité de cette soirée, le seul résultat de cette équation dont la cause est un malheureux film qui me plongea dans cette sorte de transe est que la vie, aussi ridicule soit-elle, me poussa un jour à croire que le monde tournait de travers, en oblique, la résultante voulant que les malheureux des alentours en fasse de même sans continuer de râler que ça ne sera jamais le cas, ni maintenant, ni après.

06/04/2010

342. N'étions-nous pas tous changés en ronces?


Quand tu regardes une ville elle te regarde. Elle dresse contre toi ses tours. Elle t'observe de derrière ses creneaux. Elle te ferme ou t'ouvre ses portes. Ou bien elle désire être aimée ou te sourire et tourne en ta direction les parures de son visage. Toujours quand nous prenions les villes il nous semblait, tant elles avaient bien été bâties en vue du visiteur, qu'elles se donnaient à nous. Portes monumentales et avenues royales, que tu sois chemineau ou conquérant, tu es toujours reçu en prince.


Citadelle, Antoine de Saint-Exupéry.

343. ne plus dire à la société qu'on l'emmerde!


Une fébricule nous couve, ça ne fait rien mais c'est gênant. Les chiens abandonniques ne court plus dans les rues. Deux fois. On ressort encore la vieille excuse du cendrier. C'est, laissez-moi vous confiez ce petit truc: " un territoire de merde ".

De vieilles milices usées traînent leurs pieds salis par la glaise dans la poussière des rues. J'ai aimé autrefois une femme aux yeux clairs. Deux fois. J'ai attendu vos sourires sous la pluie, sous les abris de bus, attendant que les chiens traversent, toujours, attendant. Les saillies se reproduisent.

Schwitters traîne dans les poubelles d'Auschwitz. Il récolte nos idées neuves. Deux fois.

J'ai aimé une fille aux yeux clairs, tout s'est corrompu, jusqu'à nos gouverneurs gouvernés, ces comadre au nez fin. J'insiste mes mots, le poète naît dans les rues, et plus dans une éprouvette, Léo Ferré ne reviendra plus, Mandrake s'agitera encore!


S'agriffer dans les coins ça choque.

Certains agitateurs s'adressent à nous...


Il faut densifier le monde.
Décodifier l'incondifiable.

Refaçonner les moules.

Attendre que le monde passe sur le carrefour de l'univers. Face au soleil, dis, tu l'as vue ma lune? Elle bronze bien ma lune? Dis, je peux te confier un secret? J'ai aimé une femme aux yeux clairs un jour. J'attendais la nuit sous les lampadaires, sous la pluie, sous le ciel cloché, sous le poids du monde, sous tes seins, sous ton regard attendri de petite mère. Deux fois.


C'est peut-être la toute dernière heure...


Les maîtres prennent des gants pour s'adresser à nos portes. Afin de mieux nous enfumer par derrière ils nous abreuvent de jolis mots. "Nous ne sommes PAS comme les politiques, soumis à la loi de la rue". Le temps de cerveau disponible. Buvons tous ensemble du Coca, chantons gaiement, sodomisez donc votre voisin sous les lanternes en chantant la Marseillaise. La la la!

Deux fois.

Nos bourreaux sur la route, et après?


Tu me rejoindras, enfant?


Dis, tu me rejoindras, alors?


On verra l'Aube poindre par-delà nos balcons. La la la.


Deux fois.


Un acouphène bouche mes oreilles après l'orage après l'orage le silence les clameurs de la foule incessantes perturbantes je n'aime plus mon pyjama appelez moi un médecin et tout ça sans ponctuation je ne sais plus trop où j'en suis je ne devrais pas essayer cette drogue cette nouvelle drogue c'est quoi son nom déjà ah oui c'est CAPITALISME. Deux fois.


Agenouillez-vous devant moi mes cochons. Oui comme ça. Deux fois.

Je vais à présent réssucité.


Amen.

01/04/2010

344. xxxxx?




Ils ne

faut pas qu'ils

enferment leur malheur

en eux-mêmes, il vaut mieux

qu'ils le vivent.


345. le cercle des menteurs, le cercle des menteurs, le cercle des menteurs


Coupable d'arrogance envers l'empereur, un grand peintre fut condamné a être pendu par les deux gros orteils. Comme ultime faveur, le peintre demanda à n'être pendu que par un seul orteil, ce qui lui fut accordé.

L'empereur et sa suite se retirèrent, assurés que la mort serait longue à venir et par conséquent atroce.
Resté seul, pendu, la tête en bas et les mains attachées, le peintre réussit à atteindre le sol avec son orteil libre. Il dessina des souris dans le sable, au-dessous de lui, en utilisant le bout d'un ongle. Ces souris étaient si parfaitement représentées qu'elles montèrent le long de la corde et la rongèrent jusqu'à la rompre.

Le peintre savait que l'empereur ne reviendrait pas de sitôt. Aussi s'éloigna-t-il sans se presser, en emmenant les souris avec lui.

346. sonate au clair du moment, auto-parodie artésienne


Mercredi, à un certain moment, en France.
L'aube lumineuse, je marche alors comme dans un ascenceur. J'ai du mal à me dominer et Véronique disait bien fait à Cocteau et Cocteau lui répondait qu'il s'agissait du sein droit de Marilyn.

Une pute à coeur, accrochée à mon bras, mon bras attachée à la cigarette, la cigarette accrochée à ma bouche, la bouche attachée aux conneries que je vociférais sans lendemains puisque je les clamais bien fort au présent de l'indicatif.
"Bouillonnez-moi, bouillonnez-moi" hurlait le flic.
Notre petite troupe mise en route. Moi, le flic, Véronique, Cocteau, le sein droit et la pute. Ca faisait bien trop de monde jusqu'à la voiture, j'ai proposé de tirer à la courte-paille, nous y sommes allés, Véronique s'enquicha d'un steak, le flic d'une quiche, Cocteau ne sachant plus à quel sein se vouer préféra qu'on lui laisse le libre choix de la volaille et je ne me fis pas prier pour avaler la prune ronde d'un téton par-dessus la grosse mamelle laiteuse de Marilyn.
"Qu'est-ce qu'il y a? le menu ne vous plait pas? demanda la serveuse.

- Bien sûr que si! ai-je avalé.

- Je suis flic! dit le flic.

- Moi de même! gueula Cocteau avec ses blagues à chier des saints."

Les seins d'ailleurs sont des insultes faciles, il fondent dans la bouche, ne sachant plus se ceinturer ils finissent au fond des seins pour d'obscurs desseins d'enfants. Mais n'en parlons plus, il fallait trancher au couteau à beurre l'un d'entre nous. Ce fût Véronique qui décida que après tout, deux qui la tiennent trois qui la niquent, elle se jettait à l'eau.

"C'est beau! pleurait la serveuse. Ah oui, c'est beau!"

Elle tenait encore dans la main son calpin, son stylo et une tête de vaux qui n'en veaulait pas la peine. Le patron s'injuria, elle nous abandonna, nous sortîmes, nous étions enfin prêts sans Véronique car bien sûr, neuf qui la tiennent quatre qui l'a niquent, elle s'échinait à en avaler tout un plat.

"...Avez-vous déjà tué?" me questionnait le flic.

J'acquiesçai de la tête en espérant qu'il allait se soustraire au monde dans un soucis d'inutilité mais ce ne fût pas le cas, j'étais déjà menotté par les pieds et au sein. Marilyn rigolait, elle avait toujours aimée les jeux qu'aucun des hommes Némais (je parle ici de la région des nems, l'endroit où l'on fabrique les nems australiens de premier choi - vu qu'ils tombent assez souvent).

Je dûs enfin me mettre dans la confidence et la confiture, quand j'étais enfant, me confiai-je à moi-même je fondais. C'était ça l'arnaque. Alors on décida tous de continuer l'aventure, émus de mes maux - Demémo, tiens, j'en ferai un personnage si j'y repense - mais je ne pouvais plus m'arrêter de confier:

"je crois que je n'ai jamais pu m'arrêter de regarder, je n'ai pas fermé les yeux une seule seconde!"

Tous se stoppèrent.

"Les trains filaient au travers de villages trop tranquilles dont on oublie les noms de carte à gratter, et mon grand-père se rappelait de ces parties de chasses mémorables au creux des jumelles de compétition. Nous étions assis dans l'herbe ou à même la roche au devant de sa maison, guettant le chamois des herbes hautes, l'animal de toute une vie."

Au lendemain, je fûs guillotiné.