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31/12/2010

151. 2011


Ah mais quand on aura des enfants, imagine, ils seront alcooliques, nous appelleront dans la nuit pour nous annoncer la mort immédiate de leur véhicule. Ce sera trop cher, on parlera pognon à tous les repas en oubliant l'amour, ton visage se dégradera à l'inverse du portrait de Dorian Gray et on pourra rien y faire. Finalement n'ayons plus d'enfants ni d'amour, plantons des fleurs, couchons avec nos amants tout de suite, mettons le feu à la planète, qu'elle soit invivable, irrespirable, qu'on fasse une grande fiesta, tous à poil et on se caresse. Que l'amour tue le monde dans son abscence de logique. Soyons à son image: illogique et suicidaires; sans lendemain.

30/12/2010

152. éloge de la fatalité


Avant j'avais le bagoût, de l'or dans la bouche et des étoiles plein les yeux. Je me répète à présent beaucoup sur l'amour perdu, je ressasse, et parfois il m'arrive de réaliser comme un vieux qu'avant c'était mieux. Dans un coin de mon grenier j'avais ainsi caché les photos de Sarah, lorsque, par hasard, j'en revîns à elle. Le temps avait passé sous les ponts, je n'étais plus le jeune adolescent des jours heureux mais un travailleur demi-loup qu'on apprivoisait sans cesse avec une femme qui, bien que plus jeune, dépérissait à vue d'oeil de son éclat merveilleux qu'un jour j'avais aimé. Mais Sarah était au-dessus de tout ça, assis sur une caisse dans le grenier j'étalais les photos de son corps nu, ses seins parfaits, sa peau bronzée, son sexe, ses lèvres, l'éclat de sa crinière. Sarah était une lionne qui m'avait quitté, je l'avais compris un beau jour que j'avais trop aimé, trop idéalisé sa perfection, mais corporellement elle était bien là. Revenue de loin. Sarah était la bombe sexuelle par principe, elle était merveilleuse dans tout ce qu'elle entreprenait, par amour pour elle j'avais abattu des montagnes, mais il m'arrivait de ne plus croire à ce passé où j'étais encore à ses côtés. Son nom s'effaçait ainsi que les formes de son corps. La couleur de sa peau ternissait, je jalousais d'autres femmes plus belles encore de ne pas me prendre moi qui avait su cacher pendant un temps un diamant sous mon aisselle. Mais le pire, dans tout ça, c'est qu'elles passaient, lassives, abusées, flouées, elles s'éloignaient de moi avant que je ne les touche. Alors mon regard se perdait sur d'autres, de moins en moins belles. Je me rabattais sur ce que je pouvais. De Sarah je passais à Sonia, plus terne de goût. De Sonia je passais à Céline. De Céline à Octavie. Ainsi de suite jusqu'à ce que je connaisse ma femme. Leurs corps m'allaient très bien, pour un temps. Je n'avais plus de diamants, le passé était révolu, mon image aussi se ternissaient à mesure que j'avançais dans le temps. Je me suis marié au moins de juin avec une femme que je ne connaissais pas, que je n'aimais pas, mais qui recelait d'autres rubis cachés en son sein. J'étais devenu un vieux con, Sarah faisait partie d'un passé qui n'a jamais existé ailleurs que dans un lointain chimérique. J'étais passé de mode, tel un vieux loup, j'avais perdu du poil de la bête. à présent je me languissait dans un bar des touristes passées, je buvais un coup à la mémoire de nos corps tombés, sur des rochers je pleurais encore parfois n'être qu'un ingrat qui voulait la perfection. Mais, le corps n'existe pas, l'âme est merveilleuse, m'a-t-on dit pour se rassurer. En quoi fallait-il croire alors?

29/12/2010

153. "et les tours sombrent"



je n'ai jamais reçu le prix.
Tu es tombée amoureuse d'un clown lyrique.
Il a souffert de tomber amoureux dans l'escalier.
Elle s'est laissée guider les yeux fermés

Nous vous avons laissé tranquille.
Vous étiez mortes de trouille.
Ils sont tous morts désormais.
Elles sont des anges d'éternité. à l'aube des temps.

154. trois petits points argentés


Avais-tu regardé l'absente file des voitures qu'on abandonne le long des quais de gare? Moi oui, à partir du café où, avant de partir, tu me dévisageais. J'étais abandonné dans la contemplation extérieure, au-delà de la vitre tu n'existais plus, je pouvais vaquer librement à t'imaginer, à imaginer un monde sans toi. Non pas que l'amour était mort entre nous, ton regard perplexe me laissait encore plus songeur qu'avant, mais dans ce trop plein d'amour fou j'avais envie de fuguer un peu en imaginant les milles scénarios possibles. Mon écriture tournait en rond, si tu le dis, mais il y avait la neige dehors sans toi, les voitures contre la gare sans toi, des passants qui marchaient d'une manière immobile sans toi parmi la foule, la grande horloge sur le quai qui tourne à reculons sans toi et aucun amoureux sur les quais pour t'attendre, j'étais parti. J'essayais de conjuguer au futur, me dire: "dans cinq minutes tu vas partir. Je porterai la valise jusqu'au plus proche, je te déposerai au pied du train. Nous nous embrasserons. Nous nous dirons au revoir je t'aime bisous mon amour. Je t'enlacerai une dernière fois sans une larme, tu réfrèneras les tiennes. Tu monteras dans ce train sans te retourner, tu iras t'asseoir, ta valise posée sur tes genoux où placée là où il ne faut pas. Ton menton tremblera, ton visage paraîtra austère, je ferai un signe de la main et même je pourrais courir le long de la voie à côté du train qui s'en va après le coup de sifflet du contrôleur, la fermeture des portes, le silence du départ dans la fureur de la machine se mettant en branle. Tu ne pourras résister de me sourire, j'abandonnerai finalement ma course, le train étant plus fort que l'homme ou que Superman, c'est bien connu. Ton image s'effacera, je poserai le premier pas d'homme esseulé en-dehors des quais, longeant la procession cadavérique des voitures échouées en dépose-minute. Je t'enverrai un message dans le train qui dira je t'aime tu me manques bonjour aurevoir mon éternelle. Enfin, je retournerai à ma voiture échouée lamentablement sur la place, je lancerai quelques gouttes salées en-dehors de mes paupières dans le carcan glacée du véhicule. Je hurlerai peut-être de fureur "Hélène est partie" bien que ce ne soit pas un adieu, bien que tu reviendras après les vacances. Je pleurerai pour cette séparation, affaire de quelques jours tout au plus."

25/12/2010

155. petite puce


J'ai fait tomber une dent dans évier, quelques mèches de cheveux, un brin d'épicéas, quelques souvenirs. Dans le grand cercle d'émail j'ai donné aux flammes une photo de nous quand nous étions gosses. Un peu d'estime de soi est aussi passé à la trappe, je me suis souvenu des grandes vallées, des odyssées d'autrefois, lorsqu'enfants nous étions les seigneurs d'un peuple de moutons ou de trois chevaux made-in-normandie. Dans mes souvenirs y'avait un chien aussi qui courait tout autour de nous, un pauvre cabot trois-francs-six-sous. On le surnommait Sissou d'ailleurs, non? j'ai jeté un peu de lui dans la grande bouche de l'évier, avec un collier de perles de ma mère qui le tient de sa mère qui elle-même le tient de sa mère et qui... ainsi de suite. J'ai versé quelques larmes ensuite, mon visage se démolissait dans le grand miroir édenté. L'ampoule clignotait, j'ai jeté quelques pièces, quelques cailloux, quelques babioles. Un whisky pur malte et mon meilleur cigare. J'ai rebouché le tout avec du sparadra, un peu de ciment, et j'ai bétonné l'entrée de la salle de bain. Au petit matin du jour suivant, le soleil me surprit un verre à la main assis dans mon trône lugubre. Je régnais sur des bibliothèques vides, mortes, évaporées. Dans mes yeux on lisait l'oubli. J'ai voulu me laver le visage, je me suis demandé quel con avait fermé ma porte de cette manière. Alors j'ai attendu patiemment le lendemain. Demain sera un autre oubli.

23/12/2010

157. j'aurais pu la j'ter dans l'ruisseau ou la siffler rien que pour les oiseaux


La boîte de marrons glacés m'a fait penser que la dernière fois je savais que tu allais mourir. Tes tuyaux partout sur ton corps, mais c'était un peu de toi qui tombait avec la neige, un peu de ton époque dans les roues des voitures coincées dans la semoule, au final j'ai évoqué ton souvenir dans un coin de ma tête. Te souviens-tu sur ton piédestal lointain de quand j'étais môme? tu nous traînais ma soeur et moi devant la maison, sur ton traîneau de bois, nous nous régalions de tes chocolats, de tes marrons surtout, de tes farces édentés. C'était le bon temps, le temps du ruisseau de la vie coulant dans la vallée, ce mélange d'innocence où il faisait bon vivre au coin du feu et de vérité quand ta femme s'était endormie pour toujours dans son lit de raideur. J'avais ton silence au creux de mon épaule parfois, je t'avais porté une fois, tu étais si léger, c'était sur la fin. Tes cheveux étaient blancs, ta langue devenait celtique, tu avais oublié jusqu'à notre existence je crois, mais dans ta langue bretonne tu semblais revenu en arrière dans un temps reculé des autres. Qu'étais-tu alors dans cette époque? Tu étais roi des marrons dans un monde de monstres gigantesques. Tu étais roi des marrons sur un royaume de gourmandises. Ta femme gérait les cartes et le passe-temps, de la neige y'en avait tant que tu voulais, du sucre-glace chaud, pas besoin de dents. Ton poulet journalier se baladait dans les rues, paré à cuire. J'ai regardé passé bien des souffrances, mais parfois de temps en temps ton souvenir me réprimande encore, il m'engueule: "pourquoi cette année encore n'es-tu pas venu sur ma tombe?" et moi de revenir tout petit entre tes remontrances, j'étais occupé, je m'invente des histoires, mais dans le vrai du faux toi seul connait la réponse, toi seul me connait mieux que les autres.

21/12/2010

158. il neige en enfer parfois


Le lot des hommes est d'accepter le froid, de l'endurer, sans pour autant que celui-ci ne les épargne. Les volets sont pleins de givre, les édentés nous sourient, on passe en costume dans des villages fantômes étriqués. L'avenir est parfois conjugué au passé, les anciens s'enterrent, les jeunes et les moins jeunes sortent le nez dehors par moins ... °C. Les chiens errent au ralenti. L'homme pressé est un pic monté sur skis. Les repas sont des platrées. On recolle au temps des guirlandes de l'année dernière, des oraisons funèbres qui serviront pour le prochain, ce qu'il faut de lumières clignotantes sous des nuages lourds de sens. On décroche l'épouvantail, on errige le bonhomme rondouillard à la carotte nasale. Un chapeau sur la tronche bien trop grand. C'est l'hiver qui vient vite ici. Le vent sec. Les choucas volent bas. La même rengaine que l'année dernière. Oiseaux de mauvais présage insignifiants dans la tourmente. Il se dit que l'hiver sera long, froid, chaud, court, bleu avec des paillettes roses. Le grand cirque de l'étrange se met en place, habitué à la Russie profonde, le froid ne fait plus peur, on s'y habitue, on est sevré, enfin, après une longue journée passée dehors à attendre, la clope éternelle dans un coin du bec, on se rentre, au chaud, la différence se fait sentir, d'un coup l'on s'endort. Bonne nuit.

20/12/2010

159. je n'ai jamais été un immortel


Toutes les idéologies ne sont que les justifications et les alibis de certains sentiments, de certaines passions.
Dit Ionesco à Claude Bonnefoy

19/12/2010

160. à tout moment la rue


le petit homme bafoué qu'on lui a crachouillé au visage des litres de merde pas croyable, impossible en fait de comprendre quand le souffle de vie deviens libérateur après qu'on se soit accroché avec tenacité aux ailes du phénix pour remonter aussi haut. Bien sûr, l'être humain est con, il ne peut pas comprendre ce que le petit homme a enduré, il est passé par ici, il repassera par là, drôle de comptine au passage. On le foudroie encore, on veut qu'il meure, il le faut, que la bête meure! ah les salauds, il t'ont pas gâté hein? mais comment faire face au public le lendemain d'une nuit de sang? comment revenir sans oublier, sans omettre, ne pas parjurer et ne pas raconter car on a pas le droit. Il ne reste que la voix des chants des partisans, mais encore celle-là te paraît fausse dans chaque poème, même tes mains semblent mentir quand tu prends un stylo pour écrire. Quelques larmes tombent de tes joues, alors on crie au scandale, même pleurer on te le refuse. Puis tu remontes un peu plus, devant des yeux, des têtes, des poings qu'on brandis bien haut. Ouais, même de ça on ne peut comprendre que ça peut paraître libérateur, de bouger ainsi à en devenir fou, à en crever, comme une drogue longtemps accumulée dans le sang de nos lointains ancêtres. Et les fous ne peuvent comprendre, ils ne se jettent ni sur la haine, ni sur le mépris mais sur l'inculture en brandissant une sous-culture d'opérette à défendre les huiles. Ils se jettent aussi sur l'incompréhension, qu'en savent-ils eux de la prison, d'un fait-divers, de toi? il n'en sauront jamais plus, ils ne verront pas plus loin que le bout de leur nez et c'est bien dommage. La rancune est tenace soutenue par les flash, malheureusement. Moi dans ma nuit à étoile unique j'aimerais bien te rendre un hommage à ce que tu fais et non ce que tu as fait, et ça serait non pas le dernier hommage, mais le premier. Jamais le dernier. Parce que j'ai grandi avec des mots, une voix, et que je suis un homme au milieu de la tempête.

161. le défouloir


Trotski dans les absents, l'almanach savoyard n'est plus distribué. Dans la grande vasque du monde on déploie des renforts à grands coups de marguerites, tu l'as vu mon reblochon, dis? et ma neige? et mon sel? c'est pour mieux engraisser les poules qui n'y prennent pas garde. Les clowns suavent du soir harcèlent le démon sans se méfier du loup entré dans la bergerie à la recherche du petit capuchon rouge. Nos grands héros se séparent. C'est la guerre dans les tranchées. Définitivement aboli, l'esclavage a changé de parure pour l'année prochaine 2011, savez-vous comment on appelle certains boulots? non, pas des arbres malheureusement, d'ailleurs, notez que ce mot sera rayé du dictionnaire l'année prochaine pour être remplacé par tepu, c'est plus classe, c'est selon, c'est étoilé aussi. Les os seront fabriqués en verre, les bébés nourris au plutonium auront des gorges sodomites, on fera de Arno le chanteur des bouffons de la république des royaumes du nord, pour 2011 nous deviendrons zombie, le ciel tombé depuis longtemps sur nos caboches se changera en feu, un tiers de l'herbe sera consumée, ah non... c'est déjà fait! Les pères parlent encore aux hommes, la femme libérée réclame ses chaînes, l'enfant exploité crache dans les nike, demain est un autre noël qui s'approche, seul ou sous les ponts, en famille ou chez les cons, c'est le même asile partout ailleurs, le même foutoir, la même niaiserie. Partout on se considère avec sournoiserie, on se supporte jusqu'à la fin du repas, quand on repart les bras chargés de cadeaux à demi-emballés de remerciements tronqués pour la plupart: merci-mamie-de-m'avoir-offert-ce-joli-pull-à-l'effigie-de-claude-françois-il-ne-fallait-pas.

Tu parles, tu l'as vu mon pégase? il est parti par là.

18/12/2010

162. et l'homme créa Punky Brewster


Quel étrange cas était-ce quand il écoutait Coffee and Cigarettes en pensant à elle, toujours la même chanson calme, allongé sur le lit les bras en croix. De temps en temps il appréciait un bon cigare avec un whisky aussi. Mad Max tournait en boucle sur l'écran, il aurait tout donné pour s'enfuir dans le cable de l'écran, devenir une seule information. De temps en temps la vie paraissait longue, ennuyeuse, harassante, et il aurait tout donné pour devenir l'absent des grands romans du XIXème siècle. Il aimait les films de Woody Allen, il se concentrait aussi sur les anniversaires sans jamais les retenir, et pour finir il avait aimé tout un peuple de ces camarades, les bons comme les mauvais, alors en leur donnant un ultime hommage il avait hurlé un soir de pleine lune face au vent: Bazinga!

16/12/2010

163. les alliances


Et cette route cuivrée quand vient la neige se transforme en un territoire vierge d'insoumis que je suis le seul à minuit à souiller de ma chair, de mes lourds sabots, de mes larmes cendrées. Alors on croirait au miracle, qu'un dieu bienveillant gomme la route en laissant aux hommes le droit de refaçonner le monde pour une minute encore. Nous ne sommes que nos absolus. Sous la neige qui tombe nos erreurs s'effacent, le pauvre homme endormi ne se relèvera plus: tu as péché mon fils, voici mon église tout entière afin de te juger, pauvre diable. Les animaux sortent de leurs tanières, les chamois gambadent, attirés par le sel au coin des autoroutes, la dernière image sera animale ou ne sera pas. Les couples baissent le chauffage pour mieux s'attirer, les enfants en sortiront pimpants, neufs, de cette fabrique des neuf mois. La solitude se creusera, les hommes s'entraideront, les barrières seront enlevées, tout un système nouveau se créera de ce chaos environnemental afin que l'humain solidaire envers son prochain devienne le prochain roi du monde. Qui sait, demain ce sera peut-être à vous de jouer à dieu?

13/12/2010

164. PAX ROMANA


Ombres jaunies et brisées sur territoire achevé: ne retenez plus vos larmes, pleurez sur les couleuvres et diverses babioles qu'on vous a forcé d'ingurgité, sur votre stupidité et vos souvenirs tronqués de jadis.

165. les guignols et le sexe


Et ma mère, disait-il parfois, avait, ce week-end, fait la seule chose qu'elle pouvait faire avec les hommes et notamment celui qui nous recevait. Elle avait donc usé de son charme encore une fois pour séduire en touchant les hommes sur leur faiblesse, mais n'en désirant rien de moins ou de plus, le soufflé retomba. Le contact physique ne se fera pas, l'homme soudainement comprit ce qu'il se passait, jura à la trahison, la perfidie même, et nous laissa une nouvelle fois sur les routes, moi en prince déchu et ma mère telle une câtin infâme sans acquéreur.

09/12/2010

166. "écrire est un métier de feu, disait Molière"


Depuis que j’ai pris tout à fait conscience du temps, je me suis senti vieux et j’ai voulu vivre. J’ai couru après la vie comme pour attraper le temps et j’ai voulu vivre. J’ai tellement couru après la vie qu’elle m’a toujours échappé. J’ai couru, je n’ai pas été en retard, ni en avance, je ne l’ai jamais rattrapée pourtant: c’est comme si j’avais couru à côté d’elle.
Ionesco, journal en miettes

167. imbécile t'as encore été traîné dans l'fond des asiles!


Imbécile combien de fois faut te le dire que les vieux fantômes ça n'existe pas?

et ton coeur fait encore des ratés quand tu vois sa photo on myspace.
Imbécile t'as encore été traîné dans l'fond des asiles pour trouver l'amour fou.

romantique, romantique à souhait et idiot.

Imbécile elle t'a tout déchiré, dévoilé, happé!

et pourtant tu avais encore envie d'elle en voyant ses photos.jpg.

Imbécile tu deviendras fou à force de vouloir retrouver quelqu'un qui ne veut plus te revoir, qui te hait, qui n'est qu'une sous-merde, qui s'est moqué de toi, qui t'a piétiné, qui t'a craché dessus, qui rit encore de toi dans le bras des autres...


foutu fantôme, sacré imbécile.

06/12/2010

168. des S. et puis des M.


Il pleut en hiver dans mon matin, froid glacial qui réveille lors du premier clope, un frisson cingle mon visage. Les larmes sont grises, la pluie tombe en hiver, gèle les routes, le ciel ne ressemble plus à rien, se confondant à la terre, aujourd'hui terre de départ. Plus tôt, un message d'elle disait qu'elle s'en allait, qu'elle reviendrait comme ça me voir de temps en temps, alors je tentais de ne pas enrager le jour de mon départ. Mon café était amer, tiède, il ne passait pas. Plus bas je regardais mes mégots de la saison qui apprenaient à nager entre les voitures dans une flaque rectangulaire au tracé automobile. J'ai souri, ces petits poissons inertes étaient morts depuis belle lurette de la même j'étais eux, des petits filtres usagés qu'on avait jeté. Je me suis senti comme ça, ouais. Toutes les larmes étaient grises, j'ai resserré un peu plus mon manteau hivernal, je me suis soumis à la destinée du pas-de-bol, fallait bien admettre son sort de vaincu. La peinture de la chambre d'en-face était finie, mon travail également, mon séjour aussi. La ville me claquait sa porte au nez, rentre chez toi, demain il fera moins bon et le soleil sera moins long. Alors les cheminées envahissent le paysage, si tant est qu'il y en a un, un bout de montagne se découpe entre deux ombres grises, j'ai le sommeil tragique, n'ayant dormi que quatre heures je suis encore endormi, même le froid n'a aucun effet de réveil, aucun électrochoc ne peut me contenir, aucun express. Ridiculement me fait écho une annonce, bonchemin est là pour vous montrer le bon chemin façon 1984 en vous disant ce qui est bon, ce qui est mauvais. Il est 9h15, la ville se réveille, je me réendors, ma clope est consumée entre mes lèvres, mon poisson rouge tourne dans son bocal convenablement, la fatigue m'emporte, son sourire refait surface dans un coin du tableau, j'ai pas fini mon café, dehors il fait si froid qu'un banc accueille mon reste de vie, et je m'écrase de tout mon poids en sifflotant la musique de bonne nuit les petits.

04/12/2010

169. pièce originale




JE suis votre absolu.


170. it's time to save the world


Ne t'inquiètes pas, je te trouverai au milieu des rayons, je sais te surprendre. J'ai le bac en poche, mes histoires tournent en boucle, elle s'achèvent pour mieux renaître. Ne t'en fais pas, j'ai fini de travailler, je suis en congé longue durée, je vais écrire tout le temps pour toi des romans d'amour qu'il nous faudra dix ans pour relire. Nous relieront les étoiles comme ça, dans ce grand canevas de l'univers tu verras nos deux prénoms, ceux des anciens qui étaient, ceux qui sont, ceux qui viendront. Toutes nos histoires vaudous ne sont que du flan, j'ai mis Mick Jagger dans ma poche, je l'ai emporté avec moi tout l'après-midi dans les rayons peinture d'une grande enseigne. J'avais mal aux yeux, les néons me grillaient la peau, je faisais ça pour toi qui m'ignorait totalement. Deux amies sont venues, elles m'ont proposé un verre, puis deux, puis trois, nous avons fait l'amour au milieu de ta chambre, dans tes vêtements, roulés en boule dans l'armoire et aussi au coin du bureau. C'était bien je crois, je leur ai laissé mon corps en gage. Tu ne pourras pas me revoir, je m'en vais, j'ai pris le dernier métro qui rentrera à la maison, la mienne, et je compte te surprendre bientôt dans les rayons du supermarché, je te connais, je sais où tu fais les courses. Quelqu'un te préviendras, il essayera du moins, il te dira: "méfie-toi on t'aime" mais ce sera trop tard, l'amour sera déjà passé à la manière de l'été malouin, trop vite, trop court, trop dense. On dansera la nuit sous les médicaments, on se bloquera quelque part dans ton lit, on fera le jeu de la haine, celui des dollars, la séparation des bien et un tier de ta fille. Je me nommerai Paul, Louis, Jacques ou André, je serai l'asphalte lointain, je fuierai le monde avec une partie de toi, un souvenir ou une idée, je veux refaire la peinture de toutes les maisons du monde, le faire vite et très mal, je veux m'éloigner encore jusqu'à oublier, jusqu'à ignorer en dépit du bon sens en tuant tous les idiots qui me barreront le chemin car ils ne peuvent pas comprendre que je suis l'autoroute quand vous n'êtes que des chevaux. Je serai flûte, vous serez piano, je serai traversière. Tu m'aimeras, tu le comprendras enfin trop tard, je vais te regretter, j'aurai un tiers de ta fille à recoller. Je vais tenter l'approche, délicate et soyeuse. Ce sera trop tard, les bombes nucléaires vont nous réduire en charpie, de nos cendres mélangées ne subsistera plus que ton écho, mon égo, ton écho, ton égo, mon écho, mon égo, mes légos. Et ce sera fini.

02/12/2010

171. Maestro et Cie


Tes petits papiers buvards qu'on laisse passer, ta robe étroite et tes cheveux à la zorro. tu écoutes inlassablement la même rengaine, derrière tes lunettes cuivrées tu attends que le monde se relance en 2.0. Des nouvelles rencontres font vibrer ton coeur martini, tu as un sourire de travers sur ton visage qui fait penser à Jean KIRI (c) ou Jean KIPLEUR (c) mais tu n'as jamais aimé les courses de bagnoles américaines à la télévision. Etroitement singulière d'esprit, tu te dis éprise d'aventures quand l'envie te prend d'aller au congélo pour goûter les différents parfums de crème glacée: fraise vanille passion framboise pistache citron crème brûlée macarons viande hachée peau humaine 100% boyaux de porcs. Quand l'envie te prendra de recommencer ta vie il sera déjà trop tard, d'autres l'auront écrite pour toi sous forme de comic-book. Tu seras supernaturelle ou tu ne le seras pas. L'avenir n'appartient qu'à ton toit. Tu n'auras qu'à danser pour remonter le temps et les montres et les horloges et les moteurs 16 soupapes qui traînent dans ton allée. Puis le temps te fânera, puis le temps t'emmèneras, nous portera, nous détruira, nous micro-ondera. Tu liras mes livres à l'envers, je te noierais. Tu poseras tes petits pieds écossais sur mes genoux, je te flouerais. Tu seras l'écho je serai le chien. Devant l'ennui tu seras inodore, incolore. Je serai l'absente, tu seras ma compagne. Je serai la vie tu seras ma mort.

01/12/2010

172. pluie et neige en alternance


La cadence en descendant les marches, battre le temps dans sa propre course, fermer la veste jusqu'en haut pour vaincre le froid. Ne pas glisser sur le verglas à se rompre le cou, éviter la catastrophe. Ne plus sortir de chez soi et hiberner de toutes nos forces. Devenons la légende ancestrale du peuple sous la neige. Racontons-nous nos balais, nos essuie-mains, nos moteurs diesels, nos dollars: nos nouveaux dieux qui seront nos anciens dieux. Alternance de joie et de peine aussi, dans l'obscurité on se révèle, on deviendra des impuissants qui seront destinés à la puissance, tout sera à recommencer, la fin du monde sera le début du nouveau.