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26/02/2010

365. 81,6 kg avec ses chaussures


Et voici l'heure de ma folie mon enfant, ma fille.
Je revois ton visage qui se fond dans le décor à travers le gigantesque pare-brise.

Je ressens encore ce même amour qui me brûle les veines, la preuve que j'ai aimé un corps qui t'a fait naître. Et la vitesse, ce n'est rien.

Je double seulement dans des endroits exigüs sans peur de la mort. Je n'en ai jamais été effrayé, petite fille. Un jour tu comprendras sûrement que je pensais à toi.

Je n'ai pas peur avec mon âme en berne, ce n'est pas le silence qui m'a tué mais l'absence de tes pas dans la chambre vide. Je revois mille sourires et tes jeux de poupées. Garde bien ton monde de princesses et de crapauds, derrière les remparts, au-delà de ce grand dragon pas si effrayant que ça continue des terres nues, des territoires insoupçonnés qu'un jour tu fouleras sans père mais avec son souvenir ancré tout au fond de toi sans que tu ne le saches. Je suis le géniteur de malheur, celui qui sans chance n'a pas su se résoudre à t'oublier.

Me voilà l'obligé des ombres, je suis sur le pas de la porte mais je n'ai toujours pas peur. La mort me gagnera tôt ou tard, l'amour et la mort sont inextricablement liés à un point que tu ne sais pas encore toi qui gagne le matin l'oeil déjà sur les dessins-animés.
Je t'imagine dans ton pyjama de clown, ça me lâche un sourire d'un coup. J'ai tant de choses à te dire mais pas assez d'espace imparti. J'ai peur aussi de trop en dire, que si j'avais trop de place je mélangerai les mots aux fausses vérités. Je n'aime plus ce chemin de vie mais je continue de l'entretenir en ton nom, tout au fond de mon coeur. Tu l'as vois cette route toute tracée qui avance vers la lumière? Non, pas encore, bien sûr, mais un jour tu sauras que mon regard porte bien au-delà de la mort à travers le temps. Je verrai ce que je veux voir, ton bonheur de petite femme, tes enfants. C'est ça qui me rendra heureux du fond de ma cave où déjà je prends place.

Je n'ai pas peur, je n'aurai jamais peur. La mort même m'applaudira quand je descendrai lui payer un dernier verre pour la route. Elle me dira: "ah, ça fait si longtemps que je n'ai pas vu pareil courage dans les cheveux d'un jeune homme!" Peut-être me libérera-t-elle de son étreinte? Mais je ne l'ai jamais envisagé ni voulu. Je suis bien ici, comme chez moi, entouré d'un paquet d'amis que je n'ai pas vu depuis longtemps. Nous sommes une belle brochette de salopards, je gagne alors cette dernière nuit tel un vieux jeu qui a commencé avant ma naissance. Les malédictions auxquelles je croyais s'effaceront, place au temps du renouveau. Il faut tout recommencer. Y'a des au-delà qui ne trompent pas. Ce n'est qu'un soleil qui se couche, mais il s'en va se lever dans le royaume des morts, après la porte des Enfers, sur le visage de ton père. Et je vais te dire je t'aime les yeux en larme. Tu écouteras cette voix du bonheur au fond de ton coeur. Et ta vie s'appellera passion et ton visage amour, paix et prospérité dans le bonheur de ces rayons-là. Je t'aime alors de la même manière que je t'aimais, et le temps me fera t'aimer encore plus. N'oublie jamais que je serai toujours fier de toi. Ne te poses jamais de questions et fonce, la vie t'attend!

366. lettre à P.


Comment ça je ne dis rien? Mais à quoi ça sert puisque tu sembles tout connaître de moi, de mon boulot jusqu'à l'histoire entière de ma vie? Ca ne sert à rien de t'expliquer tout ça à toi, tu n'en vaux pas la peine. Et pourtant j'ai envie d'écrire quelque part ce que je pourrai te dire un soir de vengeance. Tout passe par le jugement, tu crois bon de m'avoir jugé, mais je peux te rendre la pareille et dire que derrière ta gueule toujours clôse se cache un type miné par la vie qui ne sait rien faire d'autre que se faire chier. Pourtant je sais bien que tu pourrais valoir mieux, mais tu ne te donnes même plus la peine de devenir quelqu'un de bien. Alors devant ta gueule fermée tu penses imposer le respect, mais ne vois-tu pas que tu passes encore plus pour un con stupide et ignare? Je préfère de loin entendre dire que je ne fous rien (ce que j'ai toujours assumé) plutôt qu'entendre des ragôts sur toi.

Mais juger après tout c'est rentrer dans ton jeu, c'est te dire la vérité, tout comme toi tu crois déceler la vérité. Mais y'en a-t-il une? Je ne pense pas. On vit selon moi dans un monde de cons où c'est chacun pour sa gueule. Qui peut bien prétendre à la vérité? C'est la plus grande farce de notre histoire. Il n'y a que nos sentiments sur le pavé et le chemin que l'on laisse derrière soi au moment de mourir. Ce n'est même plus vraiment un jeu de valeur, car je ne vaux pas mieux que toi ni l'inverse. Cette phrase-là est erronée, il n'y a pas de plus fausse route.
L'important c'est d'aller au bout des choses, de croire en soi sans faiblir. Ce dire qu'on vaut ce qu'on vaut mais que surtout c'est le regard des autres malheureusement qui forgeront ce qu'on a été une vie entière, bon comme mauvais. Alors libre à toi de devenir l'andouille aux yeux inquisiteurs des autres, libre à moi de devenir le bon gentil. On fait bien ce qu'on veut dans ce monde de fous, il est préférable même que nos autoroutes se démêlent, chacunes dans leur coin. Ne plus se parler, nous ne sommes pas tous faits pour nous entendre ni nous supporter et je m'en fous cordialement de ta défense et de tes opinions. J'écris par la haine mais je vais tenter de parler avec sagesse. Alors demain je te dirai bonjour, comme tous les autres jours avant, comme tous les autres jours après. Tu me prendras pour un con, encore et toujours, et je sais bien que tu ne répondras pas. Je ne rentrerai jamais dans ton jeu cela dit et ça aura le don de t'énerver encore plus. Au fil du temps je vais l'emporter, car au final je serai encore là, je tiendrai bon en pensant à l'argent. Je serai bête et discipliné, mais je continuerai jusqu'au bout pour te faire chier, pour ne pas te donner raison. Enfin de compte, si nous sommes embarqués sur la même planète on est décidément pas du même monde!


Et n'oublie pas de voir le sourire sur mon visage, ce petit truc un peu niais. Il voudra bien dire ce qu'il voudra dire.

24/02/2010

367. qui a dit qu'il y aurait une fin, qui êtes-vous messieurs dames pour me parler comme ça??


Que je vous aime.
Regardez, je commence à être saoule et je bégaie et c'est absolument horrible, parce que ce que je dis je le pense réellement. Et je pourrais rester tout le temps avec vous tellement je suis heureuse. Je me sens aimée par vous deux.

...Et l'autre qui me regarde avec les yeux en couilles de mites, d'un air sournois, en pensant : oui ma petite, tu peux toujours causer, mais je t'aurai.
Je vous en prie Alexandre, je ne joue pas la comédie. Mais qu'est-ce que vous croyez...

...Pour moi il n'y a pas de putes. Pour moi, une fille qui se fait baiser par n'importe qui, qui se fait baiser n'importe comment, n'est pas une pute. Pour moi il n'y a pas de putes, c'est tout. Tu peux sucer n'importe qui, tu peux te faire baiser par n'importe qui, tu n'es pas une pute.
Il n'y a pas de putes sur terre, putain comprends-le. Et tu le comprends certainement.

La femme qui est mariée et qui est heureuse et qui rêve de se faire baiser par je ne sais qui, par le patron de son mari, ou par je ne sais quel acteur merdique, ou par son crémier ou par son plombier... Est-ce que c'est une pute? Il n'y a pas de putes. Y a que des cons, y a que des sexes. Qu'est-ce que tu crois. Ce n'est pas triste, hein, c'est super gai.

...Et je me fais baiser par n'importe qui, et on me baise et je prends mon pied.
...Pourquoi est-ce que vous accordez autant d'importance aux histoires de cul?
Le sexe...
Tu me baises bien. Ah! comme je t'aime.
Il n'y a que toi pour me baiser comme ça. Comme les gens peuvent se leurrer. Comme ils peuvent croire. Il n'y a qu'un toi, il n'y a qu'un moi. Il n'y que toi pour me baiser comme ça. Il n'y a que moi pour être baisée comme ça par toi.
...Quelle chose amusante. Quelle chose horrible et sordide. Mais putain, quelle chose sordide et horrible.

Si vous saviez comme je peux vous aimer tous les deux. Et comme ça peut être indépendant d'une histoire de cul. Je me suis fait dépuceler récemment, à vingt ans. Dix-neuf, vingt ans. Quelle chose récente. Et après, j'ai pris un maximum d'amants.
Et je me suis fait baiser. Et je suis peut-être une malade chronique... le baisage chronique. Et pourtant le baisage j'en ai rien à foutre.
Me faire encloquer, ça me ferait chier un maximum hein! Là, j'ai un tampax dans le cul, pour me le faire enlever et pour me faire baiser, il faudrait faire un maximum. Il faudrait faire un maximum. Il faudrait m'exciter un maximum. Rien à foutre.

Si les gens pouvaient piger une seule fois pour toutes que baiser c'est de la merde.
Qu'il n'y a une seule chose très belle: c'est baiser parce qu'on s'aime tellement qu'on voudrait avoir un enfant qui nous ressemble et qu'autrement c'est quelque chose de sordide...
...Il ne faut baiser que quand on s'aime vraiment.

Et je ne suis pas saoule... si je pleure... Je pleure sur toute ma vie passée, ma vie sexuelle passée, qui est si courte. Cinq ans de vie sexuelle, c'est très peu. Tu vois, Marie, je te parle parce que je t'aime beaucoup.
Tant d'hommes m'ont baisée.
On m'a désirée parce que j'avais un gros cul qui peut être éventuellement désirable. J'ai de très jolis seins qui sont très désirables. Ma bouche n'est pas mal non plus. Quand mes yeux sont maquillés ils sont pas mal non plus.
Et beaucoup d'hommes m'ont désirée comme ça, tu sais, dans le vide. Et on m'a souvent baisée dans le vide. Je ne dramatise pas, Marie, tu sais. Je ne suis pas saoule.
Et qu'est-ce que tu crois, tu crois que je m'appesantis sur mon sort merdique. Absolument pas.

On me baisait comme une pute. Mais tu sais, je crois qu'un jour un homme viendra et m'aimera et me fera un enfant, parce qu'il m'aimera. Et l'amour n'est valable que quand on a envie de faire un enfant ensemble.
Si on a envie de faire un enfant, on sent qu'on aime. Un couple qui n'a pas envie de faire un enfant n'est pas un couple, c'est une merde, c'est n'importe quoi, c'est une poussière... les super-couples libres...
Tu baises d'un côté chérie, je baise de l'autre. On est super-heureux ensemble. On se retrouve. Comme on est bien. Mais c'est pas un reproche que je fais, au contraire.

Ma tristesse n'est pas un reproche vous savez...
C'est une vieille tristesse qui traîne depuis cinq ans... Vous en avez rien à foutre. Regardez tous les deux, vous allez être bien... Comme vous pouvez être heureux ensemble.

23/02/2010

368. love wolf


J'ai envie de toi...


Oh mon amour, je marchais sur cette plage un matin de printemps, était-ce le songe ou la profonde exactitude de mes désirs? Je ne sais plus. Mes pas se sont calmements décidés à se tourner vers vous. Lentement je me suis approché jusqu'à sentir votre souffle sur ma peau mêlé au bruit du vent.


Baise-moi.


Le vent dans les cheveux, le vent qui nous porte. Sommes-nous arrivés plus vite sur le perron de la grande maison de bois ou n'était-ce qu'une impression? Je vous portais, vous, si légère.


Attrape-moi, enfonce-moi ta grosse bite.


J'étais plein d'amour, je me sentais comme ivre. Je voulais chaque minute capricieuse, mais gonflant de désir. Je me suis brûlé pour vous, l'avez-vous vu?


Vois-tu comme je mouille??


Je vous ai porté jusqu'en haut, tout en haut, bien au-delà du toit et des rideaux. Nos baisers se méfiaient de nos corps, ils cherchaient tous deux le chemin. Sur le divan, ou était-ce sur le lit, ou était-ce ailleurs?


Choppe-moi n'importe où et lime-moi bien profond!


J'attendais ce supplice, ce moment d'écartement, remontant le lit de la rivière pour boire à la source, pour m'y abreuver, pour m'y purger, pour me laisser noyer dans ce calice du désir qui est la nature même de la vie. Fontaine de jouvence, ne vois-tu pas que je suis devenu éternel dans ton sein?


Oh oui plus fort, pète-moi le cul. Je m'en tape de ta poésie.


Contemple alors l'horizon, n'est-ce pas le paradis que l'on voit? Je t'emmène avec moi sur un océan de douceurs et de délices. Je t'abreuve du miel des dieux, je te laisse faire de moi ton esclave pour l'éternité. Réunis-moi à ce lieu magique où nous allons et que tu connais si bien...


J'ai joui. Me voilà dans le plumard d'un inconnu, satisfaite. Je ramasse mes vêtements. Je m'enfuis.


J'ai envie de demander ta main ce soir au coucher. Seras-tu de retour? Je t'aime, c'est toute ma vie que tu tiens dans mes mains.


M'enfuir loin, d'autres hommes. D'autres lits. D'autres horizons. Encore et encore jusqu'au fantasme prochain.

369. the L name


Je t'avais laissé place Marguerite sur le chemins des ronces.
Je vous y ai retrouvée dix ans après attristé. Vous étiez dev'nue la plus belle des roses.
Mais nul malin ne pût vous attraper.
Vous étiez dev'nue la plus piquante des roses...

22/02/2010

370. la femme


J'ai imaginé cette brave femme sortant de prison. C'est dingue le nombre d'intriguantes que l'on peut croiser en terrasse d'un café. Veste en cuir sur les épaules, elle fumait lentement, appréciant la nicotine qui rentrait dans ses poumons à mesure que son souffle disparaissait au-delà de la limite. Son jean élimé semblait coupé à vingt-cinq ans de là, mais entre-temps elle n'avait pas changé, en-dehors de son air sévère sur son visage. Un vieil air qui semblait le cacher sans y parvenir, voulant défier la vérité qui reste la plus forte.
On l'aurait mise contre le mur qu'elle n'aurait pas avouée. Elle ne se laissait pas amadouer aussi facilement. Lentement je l'ai vue sortir de son sac une série de vieilles photos pareilles que les cartes postales de certaines boutiques. Des visages d'inconnus souriants, d'enfants épanouis, de couples qui s'aiment. Et son visage à elle retrouvait un semblant de sourire, elle avait du mal pour ça d'ailleurs. Grimace figée à l'envers. Sourire de métal figé. Une larme coulait le long d'une joue, stoppant le temps jusqu'à sa tombée de menton.

Puis elle remit le tout dans son sac, s'en alla payer son café et s'évada aussi loin qu'elle pût, bien loin de mon regard inquisiteur de jeune con curieux. Pourtant j'aurai aimé la confidence:


"Je suis rentrée en prison, j'étais jeune. Regarde-moi gamin, j'ai bien vieillie à présent. Mes rêves sont partis. Que vais-je faire maintenant?"


Et Johnny aussi s'en alla.

371. les délaissés pour compte (vivre en arrière)


On pleure pas parce qu'un train s'en va.
On pleure pas parce qu'un train s'en vient.
On reste là sur le quai.
On attend.

C'était mon inutile centième cigarette sur ce quai de gare. Je me souviens de ce jour. Un peu avant le premier novembre, un peu après. Qu'attendais-je? J'attendais de vivre. Les défoncés du gaz attendaient paisiblement faisant tout comme moi, et mes cernes ne s'en allaient pas. Je regardais le défilé des inintéressants, étais-je le seul à valoir le détour?

On pleure pas parce qu'un train s'en va.
On pleure pas parce qu'un train s'en vient.
On reste là sur le quai.
On attend.

Une petite personne, cheveux frisés, lunettes carrées sur les yeux à l'allure un peu folle. Je l'imaginais le jour de son premier boulot en stress. Panique panique. Elle courrait pour pas grand chose, le train n'allait pas partir sans elle une demi-heure avant le départ, et je fumais un peu trop. Mais étais-je le seul endormi?

On pleure pas parce qu'un train s'en va.
On pleure pas parce qu'un train s'en vient.
On reste là sur le quai.
On attend.

Un grand type tout sec, du genre Emile de Emile et Images. Pas trop de cheveux sur le caillou à la quaraintaine bien passée. Les narines bien en avant et le sourire qui se veut rassurant. Il m'a taxé une blonde en se voulant le roi du monde. Il marchait d'un pas assuré. Pas trop de valises, il a tout déchargé en plein milieu de l'entrée du genre la route est à lui le temps de fumer. Il m'a raconté sa vie qui semble-t-il paraissait plus captivante que la mienne. Il est vrai que j'ai toujours voulu vivre avec ma mère seul comme un idiot jusqu'à mes 40 balais dépassés. Mais étais-je le seul réaliste?

On pleure pas parce qu'un train s'en va.
On pleure pas parce qu'un train s'en vient.
On reste là sur le quai.
On attend.

Puis je suis monté, mon hypermnésie ne me permit pas de me souvenir du numéro de la place. Je me suis faufilé dans l'allée, j'ai pris un strapotin quelque part dans le néant, les écouteurs sur les yeux et les lunettes sur les oreilles. Bien calé je me suis laissé bercer dans le train, un live à la main, et j'ai piqué du nez sans m'en rendre compte. Je me suis jugé plus malin que les autres à faire l'amoureux, étais-je le plus con du lot?

On pleure pas parce qu'un train s'en va.
On pleure pas parce qu'un train s'en vient.
On reste là sur le quai.
On attend.

Et alors c'est l'annonce de la gare qui réveille. Le discman a depuis longtemps cessé de tourner, mon livre tombé au sol a été piétiné par une foule de touristes pressés. Ils gardent l'apparence des cons ces petits inconnus du néant. Je me suis dépêché aussi, j'étais bien sûr le mouton qui se prend pour un loup dans ce genre de cas. Avec nonchalance je suis sorti de la rame au-dehors, avec ce côté je-m'en-fouttiste que certains de mes proches connaissent. Les pieds sur l'escalier, je me suis étiré les bras en baillant. Le soleil se levait tout juste et une nouvelle annonce disait "Bienvenue à Paris-Gare de Lyon, correspondance pour..."
Mais celle qui devait venir n'est jamais venue.

On pleure pas parce qu'un train s'en va.
On pleure pas parce qu'un train s'en vient.
On reste là sur le quai.
On attend.

Je suis reparti dans le brouillard de la soirée, le temps de prendre un billet de train, de ravaler mes larmes, de comprendre le manque avec un grand M. L'absente demeurait telle. Le train s'éloigna. Alors j'ai placé les écouteurs sur mes oreilles, je me suis plongé à un moment dans la contemplation des visages par-dessus les mots. Il me semblait voir des anges séquestrant un démon tout autour. Comme ils avaient raison! Alors j'ai fermé les yeux en larmes, je me suis endormi profondément, mais la musique continuait jusque dans mon rêve et ça disait...

On pleure pas parce qu'un train s'en va.
On pleure pas parce qu'un train s'en vient.
On reste là sur le quai.
On attend.

20/02/2010

372. ce soir ou jamais


ce soir ce court instant comme un chat dans le néant j'entends ta voix et ton soupir. Je suis proche de toi, j'entends le moindre de tes bruits en ce court instant. Court moment qui dit mieux, quelques secondes tout juste. Je ferme les yeux quand tout s'effondre. Ploie sous la vérité brave homme, me dis-je, mais hé, quel brave je fais?


Tiens bien la barre le long des tempêtes, trace ta route petit homme. N'écoute pas les sirènes qui te distraieront de ton but. Oui, continue tout droit sur ce chemin semé d'embûche, le trésor est là tout au fond. Bien enfoui. Ne le perds pas de vue, ne t'arrêtes jamais d'avancer, tu m'entends? jamais!

373. abstractivement parlant


J'envie le sang sur mes mains de ma propre destinée.

Julie danse, Julie sourit, Julie s'écrase au sol.

Laissez-moi dans un coin toute la nuit, avec un peu de papier, avec un peu de stylo, avec un peu de désir. J'ai une tête à bonnet. Je siffle dans le sens du vent. L'avion s'écrase, et tombe par terre toutes les petites gens. Riez. Ah ah ah. C'est le début de la nuit.


Et la fille au tank viendra vous chercher.
Et la fille au tank survivra à vos cauchemars.

18/02/2010

374. la fille au tank


As-tu remarqué le vent? Il gagne la folie des hommes et souffle dans leurs âmes encrassées. Je me déchausse devant la porte. J'ai trop fumé, mes poumons saignent quelque part à l'intérieur. La première chose qui frappe en arrivant chez l'Autre c'est cette petite musique de clochette qui vient vous accueillir en premier. J'ai mal.

J'ai envie de courir tant et plus, j'ai remarqué que j'écris toujours moins dans ces périodes. Je viens consulter, oui madame-monsieur. Je serre la main de l'Autre: cinq doigts brûlants, une poignée de fer exceptionnelle pour une si petite personne. Voyez le trait dit-il, suivez ce trait; elle marche lentement, même son ombre semble dressée à la suivre pas à pas.

Habits à enlever comme des peaux. Se jeter dans l'eau bouillante au milieu des pierres errodées que la lave, une fois, tailla d'une coulée. Purification par l'eau, la vapeur, les gouttes d'air qui flottent en suspension. Je reprends mon souffle à la sortie, j'ai cru mourir. kimono à enfiler.

"Voyez" chuchote l'Autre dans l'obscurité. La grande épreuve alors et l'Autre de continuer:

"Ce fil entre mes doigts est votre vie, à vous de la jouer."

J'acquiesce d'un signe de tête, mon coeur me brûle, quelle obscure sensation m'attrappe?

Je vois un lion qui mange un serpent. Le serpent recrache la souris. La souris attrappe le fil et en casse un bout. me voici à terre.

C'est un aigle majestueux si haut dans le ciel qui voit pendiller ce fil quelque part dans les ténèbres, ses serres d'un coup s'en emparent, ils broient alors le fil.


Et

je

me

casse

de

partout

de

part

en

part

morceau

par

morceau

...


12/02/2010

375. au centre des attentions: l'envie cruelle


J'ai oublié la détresse des nouveaux.

Bien loin, je m'en vais à quatre pattes.
Quelques mots qu'on balançe ainsi.

Dans une chanson en pleurs évidemment.

Et ça me bouleverse.

Je ne l'avais jamais vue ainsi.

Souffrance, sors de ce corps...


Et la maladie gagne du terrain,

elle est jusque dans mes mains!

376. sur la corde en apnée


Hier je me suis languis de vous, n'était-ce pas une moitié de vous entre mes bras? j'en étais sûre que si. Je vois votre sourire partout, j'entends votre rire. Je ressens votre odeur dans chaque pluie fine, et la neige s'accroche à mes bas de la mêm manière que votre souffle chaud me collait au coeur. Hier était une belle journée, il neigeait sur toute la vallée, c'était un peu une paix intérieur, vous me voyez ravie.

Je dansais parmi les flocons, folle et folle de vous loin de moi. Nous nous ressentions dans nos prières, nos attentes, et maintenant que vous n'êtes plus là je ressent à nouveau cette envie de vous parler moi qui n'attendais que de vous un silence, juste un seul pour me libérer.

Voilà chose faite. On peut dire tout ce qu'il y a à dire, mais la réponse est juste là en-dessous de mes ongles rongés par l'attente d'une attente. Je suis partie voir ailleurs si mon corps y était, il ne m'a pas attendu au tournant pourtant, j'ai foiré et de vous à moi j'avais tort.

Maintenant que vous n'êtes plus je prends part aux confessions, me voici refaisant le monde, me voici voguant telle une marée solitaire. J'ai gagnée en maturité et la nuit je rêve d'atomiseurs, de formes oblongues etc...

Hier,il neigeait sur vos passions, il neigeait sur votre propre ville et vous n'étiez plus là. Vous avez quitté cet océan d'immeubles bien avant que la ville ne vous gagne. Vous avez bien raison, il se peut que dans tout ça les rôles s'inversent. Je suis l'homme et vous la femme. Il se peut encore que je n'aurais pas dû, mais l'aventure...

Alors je rase les murs dans l'attente, toujours la même attente. Je vous sidère n'est-ce pas? votre piédestal est bien trop haut, vous êtes bien trop parfait pour moi, je ne vous atteindrai jamais. Même en lançant une boule de neige. C'est impossible.

Alors me voici l'amoureuse impossible qui s'enfuit une nouvelle fois à la recherche de votre ombre évanouie. Il paraît que l'on vous a vu dans ce bar, mais plus rien ne subsiste de vous. Il paraît que vous habitiez ici bien avant, mais plus rien ne subsiste de vous. Il paraît que vous travailliez ici, mais plus rien ne subsiste de vous. On vous a tous oublié ici sauf moi, un nom, un prénom, un visage, il ne reste plus rien de vous même sur les papiers officiels. Je vous cours après mais cette fuite prononcée est une chute. Il m'est impossible de vous retrouver puisque vous n'existez pas (d'ailleurs vous n'avez jamais existé). Je suis juste au comble d'une souffrance inouïe, du jamais vu. Je continue de tomber. Paraît qu'on vous à vu dans cette rue, mais seul un dessin subsiste, c'est un oiseau envolé vers le paradis durement gagné. Une utopie que je ne vous connaissais pas. J'irai alors bien loin devant vous, en aurais-je la chance?

08/02/2010

377. s'étendre à demi-mort


c'était dans l'après-midi (car dans un sens tout se passe toujours un après-midi), il écoutait Bonnie Portmore. La musique semblait fuir de l'intérieur boisé de la maison. En face de lui surgissait les montagnes du Tibet comme une unique réponse à de minuscules questions.

Le café dans la tasse émaillée à l'anse brisée fumait encore un peu.

Son bout de roulée avait pris fin entre ses lèvres, incapable de se consumer plus sous la pluie.

Férocement il s'échinait encore à lire; bien que la pluie tombait sur les pages, avalant les mots dans cette cacophonie de la beauté dans l'extrême moment. Et les mots coulaient jusque sur son pantalon humide. Et les mots se déchiraient.


Plic ploc plic ploc.


Elisa n'en pouvait plus, sur sa gauche sous le portique. Elle faisait face à son profil. Lui ne bougeait presque plus, ou alors était-ce pour tenter de tourner des pages gorgées des larmes du ciel, ces mêmes pages qui n'avaient plus de sens. Il s'obstinait sans en connaître la raison. Tout se trempait.


Plic ploc plic ploc.


Ses cheveux sous sa casquette, sa barbe, sa veste ouverte et à l'intérieur, son corps jusqu'à son âme, son âme jusqu'à ses os trop minces. Tout se trempait.

Alors Elisa tentait encore plus de le sortir de sa torpeur qui se voulait dramatique, à moitié énervée (l'autre moitié en fait en douleur à l'âme):

"Tu vas attraper la mort. Rentre. Ne fais pas ça...Je t'en prie..."

Et la complainte continuait à mesure que la pluie redoublait d'intensité. La mélodie sur la fin, il semblait que tout concordait sur le plan des émotions, de la musique à l'eau, de l'eau à l'homme trempé, de l'homme trempé aux paupières gonflées d'Elisa. Elisa qui était à genoux à présent, tenant son visage dans ses mains dans la crasse du devant de l'habitation, à même la terre boueuse qui tâchait sa robe dans un affront colérique du divin. Elle simulait des pleurs incapables de sortir. Elle ne voulait pas céder, pas pleurer, non pas pleurer...


Plic ploc plic ploc.


Bonnie Portmore céda la place à Caruso. La pluie redoubla d'effort. Elle se stoppa nette. Un rayon de soleil comme une once d'espoir transperça le coeur du ciel. Le rayon vînt se déposer sur le visage innocent d'un enfant qui s'amusait plus bas dans la plaine, puis il remonta jusqu'à eux deux devant la maison. Tout semblait s'arrêter dans ce début du monde, tout recommençait à nouveau au lendemain de la tempête.

La femme qui l'avait épousée vingt ans plus tôt était magnifique avec autant de soleil dans les yeux. Diablement belle, mais le soleil stoppait ses mensonges, déjà il réchauffait les coeurs morts ou les pulsions de la veille. Inégalable beauté intime alors. Celle des objets se révelèrent bien plus encore. Tout se parait de vert nature, de blanc décomposé, de bleu Klein, du marron de la boue étalée au devant.

Alors il attrappa cette vieille tasse qui en avait vue de toutes les couleurs, jeta le reste du café au sol qui se mélangea à la boue dans un dessin en spirale qui eût pour effet de réveiller les morts puis retourna se sécher dans la maison. La pluie recommençait à tomber, finement, juste quelques gouttelettes sous le soleil, peu d'importance au monde de toute façon: il avait fini son livre.

07/02/2010

378. palissade


S'il ne devait plus rester qu'une chose au monde, après je ne sais quelle catastrophe, je voudrais que ce soit un tableau, et qu'à partir de ce tableau, le monde, à nouveau, s'élance. Le peintre est un réparateur, il bricole la Création, jaloux, à son tour, de ces mille objets dans le coeur desquels Dieu s'est caché. Quel incognito!


Henri Michaux dans papiers collés numéro 2.

379. ma pauvre mère est en lessive


J'ai capturé l'oiseau ce matin. La vie en cage l'ennuyait me disait-il. On ne peut pas mettre un oiseau sous clé c'est la mort assurée qu'il paraît. Alors je l'ai relâché, car c'est ainsi. Il avait les ailes malades. Quelques plumes s'envolaient derrière lui. La preuve de l'éternité, un remerciement. Je ne suis pas de ceux qui rêvent.

J'aime des détails insignifiants par courtoisie pour la poésie du moment que d'autres ne savent voir. Les pommes qui attendent dans la cuisine ont chacune leur propre couleur. La pendule qui bourdonne lassivement en prenant la poussière. Ces vieilles choses sommaires auxquelles j'accorde parfois bien plus d'importance qu'aux événements du jour. Briser un objet aimé rempli de souvenirs est une catastrophe. J'ai l'impression de devenir alors, dans ces moments-là de détresse misérable, un vieil archiviste complètement fêlé de se renfermer sur lui-même.

La poussière lentement se déplace dans ma voiture, je ne l'a nettoie que d'un revers de la main. J'attends que le temps passe, que le Manneken Pis ou que des oiseaux meurtris prennent un nid dans le ventilo. Mais en attendant je roule, je défie les lois de la gravité, je refais le monde morceau par morceau.

Demain s'approche. Ne pas laisser gagner l'Autre.

380. y'a plus de pire, je suis ravi


Je ne sais pas les mots qu'il faut.

Dans la maladie je m'épuise, et mes mains tremblent encore de trop taper les vents.

Il est temps de s'étendre. Il est temps de s'étendre.


Je ne sais plus rien faire que de...

Non c'est vrai, je ne sais plus quoi faire.


Avec un peu de fantaisie j'ai appris les misères. Je me suis laissé aller. J'ai envie de couler encore dans le sillage des draps, suivre ce sillon qu'avait creusé un corps mort au-hasard dans les méandres des plis. Je dormirai quand je serai mort.


Une rue plus loin c'est déjà loin.


Tout se termine dans l'eau: certitude. On va réécrire les au-delà. On naît sauvé de la noyade. On survit la tête hors de l'eau. Trois petites bulles pour s'en retourner tout au fond, dans le néant, dans les eaux troubles et froides de ce je-ne-sais-quoi. Entre-temps on fait des petites annonces, on laisse la maladie nous gagner parfois. Des fois cette salope prend par surprise, dans le dos. Tout doucement, lentement.


Ne pas perdre courage.


Faire les p'tites annonces des choeurs au chômage.


Le corps éreinté, il faut user les dernières volontés même de nos morts.

Je ne suis pas de ceux qui laisse tomber les corps sur le sol. J'ai rêvé d'un monde envolé, nos corps s'enfuyaient jusqu'aux murs, l'amour se pendait aux lustres, c'était égocentrique de penser ça. J'ai écrasé le cafard un matin comme un mégot dans un cendrier.

Me voici éternel.

03/02/2010

381. je m'en fous


quand on réalise la véritable maladie il est déjà trop tard...

Mais laissez-moi rire encore un peu

Laissez-moi vivre juste un p'tit peu...
Message perso pour mademoiselle x: j'avais raison, je savais tout, j'avais raison de vous.

02/02/2010

382. ne plus finir désormais


J'ai une maladie, une vraie ce coup-ci. ça coule tout le long de mon corps et ça me ronge les os de l'intérieur. ça me bouffe la peau, mon sourire et mes joues. Par orgueil je vous l'a cacherai, par vanité je ne nierai pas qu'elle n'est pas fictive. Mes maux sont parfois vérités folles, je me hais de tant de douleurs dont je ne suis pas responsable. J'ai une maladie qui est là, bien présente dans mon corps. Je vais terrifier le monde avec elle, mes mots amers couleront d'elle, et elle parlera par ma bouche pour couler jusqu'à mes doigts. J'ai une maladie qui me brise, qui me tue à petit feu. Pour le moment je ne veux rien faire pour l'en empêcher, je sens juste sa chaleur au creux de mes poumons ou sa morsure au fond de mon cardia. Ne rien faire comme les autres. Fuir les médecins, la peste noire de ce nouveau siècle. Je n'ai jamais aimé les assassins de ma famille, de mes amis, de mes inconnu(e)s.
Voilà que ça me reprend, je file me nettoyer de fond en comble, je veux rester propre jusqu'à la guérison, revoir encore mes animaux fétiches dans la loge de sudation, me perdre à nouveau sur des routes qui, au final, ne m'ont jamais appartenues.

J'ai mal mais je me tais, j'endure. J'ai réellement mal.


Et cette fille, qui connaît toutes les vérités sur moi. Cette fille je l'aime comme je l'a hais. Elle a raison et tort à la fois sur toute la ligne, c'est pour ça que ce rapport de forces je suis le seul à l'entretenir, que je ne veux pas la perdre de vue au point qu'elle me blesse à nouveau, encore une fois. Alors je lui demanderai le coup de grâce final, je lui demanderai la vérité unique.

Et dans un chuchotement elle me dira: non.