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18/11/2011

73. c'est passé encore une fois par là



Il y avait ces yeux en amande couleur d'oubli, son visage était fin, les cheveux d'un noir de jais, elle avait les lèvres charnues, ne rangeait jamais sa chambre, dans sa bibliothèque il y avait deux volumes d'Anne Rice, la partie d'une montre, le jour où j'ai mangé mon père et autres péripéties. On écoutait des airs à la mode que je peinais à digérer, elle branchait la radio sur du rap quand nous faisions l'amour, elle me cachait de son père sous ses propres draps, il s'énervait de la voir ainsi, il avait vu clair dans son jeu, il m'avait peut-être reconnu sous les vêtements qu'elle avait réuni sur le lit pour me cacher de lui, mais elle ne tenait pas plus que ça à l'affrontement. J'avais une furieuse envie de vivre ma vie avec elle, de l'emmener danser, de lui raconter tous les romans à l'eau de rose que je connaissais sur le bout des doigts, je voulais la faire boire des vins si onéreux qu'un riche aurait eu peur à la vue de la note, je désirais plus que tout l'entraîner là où j'allais, c'est à dire à me tenir debout sur un seul pied en suspension au-dessus de la limite extrème du monde. Après il n'y a plus rien, rien que le néant, et nos étranges.

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