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27/03/2011

123. depression - world - concave


Et j’ouvrais la bouche, à moitié morte ou à moitié endormie, et je disais, sensass, Elena, un mot d’argot mexicain que je n’utilise jamais parce que je le trouve moche. Sensass, sensass, sensass. Comme c’est horrible. L’argot mexicain est masochiste. Et il est parfois sadomasochiste.



Roberto Bolaño, Amuleto



J'passe de sass sensass

et mes visites s'espacent

Al

AIN

BASH

UNG...

124. je n'aime plus


Et tous les océans sont gelés, les terres puent la merde, les rivières sont polluées, les montagnes contaminées jusqu'au nuage. à l'intérieur des villes ça pue encore l'infect, des immeubles dressés comme des pierres tombales, les grandes pancartes rabatteuses, le même tapage, le même topin, les légumes avariés jusqu'aux bouffes moisies à un niveau mondial. ça pue également le gras et l'obscène, c'est des couleurs vicieuses qui vous déchire les yeux en faisant jaillir vos entrailles, j'opère en irréel, je me moque de ce pour quoi je suis dépendant. Dans les caves on hurle pour se faire entendre qu'il faut du positif, vivre pour le meilleur et sourire. L'autre con gare sa bagnole n'importe où jusque devant l'ambulance car il ne pense qu'à son propre confort. Il veut de l'assistanat, le monde est con au demeurant. Y'avait aussi celle qui n'en pouvait plus de faire l'amour, de penser à son propre plaisir, de peiner les autres dans son confort, de ne regarder que son nombril. Il y'en a beaucoup trop des nombrilistes, pas que au jeu de l'amour. Les amis vont et viennent, ils n'hésiteront plus à tuer leur mère pour un petit magot quand ça sera enfin rentré dans les moeurs. l'injustice parcourt le monde, elle part en vadrouille dans chaque parcelle d'une planète décrépite, elle rigole dans son coin en attendant la fin. Les oiseaux paraissent voler à l'envers pour ne plus regarder en-bas, les animaux nous ressemblent de plus en plus en mieux, nous comprenons enfin qu'on s'est gouré de société, qu'on s'est gouré de combat, de pays, de planète, de vie, c'est pas ici que ça se passe pour le confort, c'est ailleurs. Veuillez passer votre chemin, au passage laissez-moi cette boule en vrac, perforez ce globe de part en part, vous avez bien raison de ne plus laisser de traces de votre futile existence, il faut toujours jeter ces brouillons à la poubelle me disait le con de la veille, il n'avait pas tort, mais il était con.

17/03/2011

125. sometimes later


La pluie tombait et il faisait froid. Tout un cercle de données pulvérisaient mon crâne, battant jusque sur mes tempes brûlantes. Les rayons oranges-violacés des néons, le noir du macadam. L'autre me parlait, je n'entravais plus rien, mon cerveau ne daignait même plus lui répondre, je crois que j'avançais en rythme automatiquement. Zombies dans le lointain, brumes qui se lève au loin derrière les immeubles de la gare. Pluie fine, mince péllicule d'eau sur le monde qui m'entoure. A. avançait doucement à cause de ses pieds, l'accent du mec qui se disait français, grenoblois, iroquois qui déboule maintenant. Y'en avait même un autre qui clamait son rap familial, bouge pas papa, je vais te la faire à la bien, ouaich cousin, bien ou bien? le pétard passé de main en main, sa couleur délavée par la pluie, l'impression que ça donne quand on le croit éteint et les yeux du premier fou quand il racontait "j'ai tué un mec à bout portant, là, comme ça, je sors de taule, je suis interdit de séjour six mois dans ma cité". Je tremblais pas de peur, ma veste trop fine, mon t-shirt qui ne voulait rien dire, ma mine triste, ma barbe de clown, mes yeux fatigués qui le sont toujours, ma clope qui s'éteignait dans ce début de vent. Mes converses grises trempés, mon odeur de sciure, la mélopée fuyante des voitures tout autour de la gare qui s'éloigne, peu à peu, à mesure que l'on s'éloigne, peu à peu. Nos démarches pas du tout réglementaires quand l'Autre ne voulait pas attendre A., elle avec sa capuche, son accent également, les tribulations dans le dédale de la Vieille Ville aux pierres moisies. Chris Marker, le réal. de la jetée. J'ai pensé à lui sur le moment, son nom m'est revenu d'un coup, je n'ai pas su expliquer comment il était venu, ni qui il était vraiment. La pluie me réchauffait en me refroidissant le crâne, mes tempes brûlaient toujours, la rencontre fortuite avec un marseillais qui ne savait plus où boire. Sa montée sur le bateau-radeau-de-la-Méduse-merci-bonhomme. Ca a un coup de reviens-y. Les portefeuilles en évidences, les deux types hurlaient à la lune: j'ai du fric, j'ai de la thune, je veux me poser avec une femme mais fini les conneries, maintenant je deale à mourir pour passer le temps, mon dernier coup pour enfin devenir réglo, et devant la porte du bar fermé on les laissa là, à s'engueuler avec un videur appelant les flics, le troisième homme se mêlant de trop près de nos affaires, à A. et à moi, je n'aime pas trop ça. Nos pas revenant à la voiture tout doucement, celle-ci m'apparaissant comme une délivrance, le réceptacle qui allait nous emmener jusqu'au sommeil, 1h30 environ dans le cul. Il pleuvait sans cesse, je marchais trempé dans les quartiers ensanglantés de ma jeunesse. La dérive du clignotant, mon volant qui tourne tout seul. Spider-Mobile en désordre, voiture-Frankenstein. Dans mon sac le bling-bling ennivrant de trois bières paradantes. Alors il y avait le fantasme de les boire, de se réchauffer, de l'amitié, le jeu de l'amour, c'était un roman déconstruit, le mythe des années 80 qui nous avait vu naître et le deuxième millénaire qui nous tua, ce fût l'âge d'or de la connerie, de notre jeunesse provisoire, le fait que le monde n'allait pas tarder de s'écrouler, l'histoire des squats sous la pluie à minuit quand le ventre est vide de toute substance solide, le sexe la drogue le punk les femmes les courses poursuites à l'américaine A. et tout ce qui s'en suit comme autant de douleurs dans mon crâne quand je pense à tout. Le spectacle est fini disais-je, de mon siège je n'avais pas bougé, dans mon oeil la vision aphone se tua, je tenais en main la fourchette remplie de mon plat américo-latino, dans une autre main du mezqal. Sur la table, un dessin représentatif: deux dragons se chamaillant.

13/03/2011

126. y'a des traces de toi sous ma peau


Je avait une autre version couleur pomme
mais les mots de elle passés dans le mixeur
sont forcément autotamponeusement drôles
pathétique aime bien son mot des foules toi
Je avait bien lis et pris et en ajoutant des hé
partout là où ça sans bon des ôdes heures de
Elle-t-o-i-Elle-comment-ça s'écrit Aile dis
Faut-lis partagée tout ça dans le mixeur
histoire de radiateur que je hais-me car
je elle me ai toi ai moi je elle capté votre hâte
en Scion, protocole, méduse, ô revoir



Je vous rends toute sympathie, faîtes-en bonne usage.