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30/05/2012

48. un jour j'prendrais le large j'habiterais avec les poissons







Qu'un jour j'en sois connu on fera de moi, si je dis que je suis pauvre, un film de deux heures dix générique compris dedans et l'on me fera dériver dans les rues d'une ville que je hais dans un état de grâce juvénile habillé de haillons. Je serais déjà révolté contre la société, j'aurais tout compris, j'aurais même un double pour me parler comme mister G. Finalement le film fera pleurer les midinettes, mouillera les chattes et excitera les cinéphiles à deux balles, les futurs UMPistes de demain. Tremblez messieurs dames, je gagne à être connu.


49. Nadja qu'on lisait dans les bosquets







La magnifique lumière des tableaux de Courbet est pour moi celle de la place Vendôme, à l'heure où la colonne tomba.














André Breton, Nadja, folio, 73, F6, dessins et découpages originaux de Nadja, Impression Bussière à Saint-Amand (Cher), le 4 janvier 2008, dépôt légal: janvier 2008, 1er dépôt légal dans la collection: avril 1972, numéro d'imprimeur 72109, ISBN 978-2-07-036073-4./Imprimé en France (ce qui est une bonne chose quand on pense que ce n'est que des petits enfants orientaux qui ont fait les chaussures que vous avez aux pieds, bande de capitalistes!)














157458.


50. tu ne me dois rien














No man is an island [...] And therefore never send to know for whom the bell tolls; it tolls for thee.




51. on prend les mêmes et on commence...


J'ai froid, je referme ma veste, je regarde en l'air. Il ne se passe rien.
"Je sais que souvent je ne suis pas à la hauteur ou prèsente. & je sais aussi que je ne peux m'en prendre qu'à moi, foutue manie. Oui, je m'en rend compte. Il y a toujours ce moment où seul mon quotidien existe plus ou moins. Parfois tout me lasse, je renonce face à la charge que la vie dépose sur mon dos. Je n'oublie rien, je me trouve une bonne excuse pour justifier mes actes. Mais au final, je sais que t'en souffres et ça petit coeur je ne le veux pas. Puisque ma vie est tienne où plutôt que la vie est notre. Rien , tu entends?, rien ne déplacera la place infinie que tu as dans mon coeur."

Je devrais me confier oui peut-être. Et si je ne me rends pas compte qu'il se passe quelque chose à raconter? Je te rassure je n'ai rien de plus à raconter qu'une vie qui se mène en battant des ailes et parfois en tombant dans l'eau mais la petite libellule sans sort en poussant sur le fond.
 
J'ai des fins de toi difficile des jours ça veut pas rentrer.

52. le jeu des perles de vert







je suis mort un premier novembre de l'an 2...

c'était sur la route, sur toutes les routes d'ailleurs.
Alors j'ai recommencé à vivre, j'ai fustigé mes idées noires, j'ai voulu réapprendre. Mais on ne peut pas réapprendre à aimer une femme. C'est impossible. Et pourtant j'avais confiance en elle, je lui en voulais d'être la seule, l'absolue nécessité, j'étais le fou.

Ma cousine, brave cousine aux cheveux blonds, elle m'a dit une fois que je n'avais jamais été amoureux, elle ne m'avait pas connu au temps de S. ni en d'autres lieux, car les lieux y sont pour beaucoup dans l'apprentissage de l'amour.

Alors j'ai recommencé mes erreurs, le jour où l'on m'a quitté pour la deuxième fois. Mais je n'ai plus rien compris à cette enfant qui se voulait joueuse et espiègle et qui ne souffrait d'aucun mâle. Je l'ai voulu dans mes bras, elle s'est échappée. J'ai lu cent ans de solitude, elle est revenue. J'ai appris à fermer ma bouche, elle m'en a voulu, j'ai parlé, elle m'a dit que c'était fini. Valait mieux en rester là.

Je ne saurai jamais le fin mot de l'histoire, c'est ma haine de chien aveugle qui écrit, ce sont mes mots distillés dans du venin, et pourtant je continue d'en vouloir qu'à moi-même pour rien. Puisque c'est elle qui a choisi de se renfermer, de ne rien comprendre, et que c'est elle qui a voulu l'amertume d'un passé sans passé.







Jack me manque parfois.

29/05/2012

53. l'excuse perverse du cendrier



Le corps serre à la rivière
Il ne m'a jamais fait ça
Pas encore l'heure du drapeau
Le froid souffle l'herbe sèche
L'eau sombre frappe, souffle
Souffle la fontaine
Me prend jusqu'à l'os
En pleine veine depuis hier
Mon petit boyau appuyé là
Je viens de détacher l'eau
J'accompagne mes pulls rêches
Pour leur donner un nouveau souffle
A la fontaine fontaine fontaine
Me prend jusqu'à l'os

54. l'Histoire de la Colonne Infâme







puisque j'imagine dressée en moi la colonne infâme de tant d'innocents meurtris, leurs voix rocailleuses à jamais perdues clamant d'un italien qui se voulait langue d'amour des maux d'un seul homme s'exprimant, Parini, et que je reprend ici:














Quando tra vili case e in mezzo a poche







Rovine i' vidi ignobil piazza aprirsi.







Quivi romita una colonna sorge







In fra l'erbe infeconde e i sassi e il lezzo.







Ov'uom mai non penetra, però ch'indi







Genio propizio all'insurbe cittade







Ognum rimove, alto gridando: lungi,







O buoni cittadin, lungi, che il suolo







Miserabile infame non v'infetti.














(...Entre ces maisons abjectes et au milieu de ces ruines chétives, je vis s'ouvrir l'odieuse place. Là une colonne se dresse solitaire parmi les herbes stériles, les pierres et la fange, où nul homme ne pénètre; car un génie propice aux cités lombardes en écarte chacun, en criant: Arrière, ô bons citoyens, arrière, de peur que le sol maudit ne vous souille de son infâmie!)














Alessandro Manzoni, à lire l'âme forte.


55. le jeune homme et l'amer

je lui ai dit quitte-moi fais le premier pas, en introduction. elle était désemparée, nous venions de nous rencontrer, ou de nous trouver. quelque part en route j'ai changé de stylo pour continuer de l'écrire. Elle avait le visage plein d'encre et je lui disais "soyons fous" en rajoutant de suite "enfin surtout toi, moi je le suis depuis longtemps". Je crois qu'elle m'a souri. en ce temps-là j'avais de l'art sous la peau, elle des yeux revolvers qu'on ne fait plus dans aucune usine d'Europe Centrale. Je lui ai demandé où elle m'habitait, elle a fini sa phrase par "et toi?" mais moi j'habitais dans toutes les maisons, j'étais dans toutes les chambres, tous les salons, j'avais faim et j'avais soif, je voulais vivre à l'infini la moindre de ces sensations qui parfois finissent en souffrance. je l'invitais au cinéma comme on propose à des potes de leur mettre le couteau sous la gorge mais je l'aimais beaucoup trop.