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22/09/2011

87. la journée classique



j'ai rêvé toute la nuit de elle, son visage et son corps entre mes mains. Au petit matin une ambiance fanée venait à me réveiller, l'automne s'approchant. les livres sur la table de nuit qu'on venait de martyriser n'en pouvaient plus, sous la couverture usée s'achevaient les mots, au-dessus de multiples portraits me contemplaient, vieux de plusieurs siècles, ne sachant plus quoi dire. la clope et le café du matin, une odeur de poudre, la gueule dans du coton au milieu des bruits suspendus sous le balcon qui me porte. Froid, pluie et sanglots longs ne peuvent rien changer à cette sensation qui me gagne, ton fantôme qui me poursuis, l'impression inachevée de n'avoir pas tout dit. Ailleurs je savais qu'il y avait une autre vie sans moi. ça se passait dans un rond-point, cette image, c'est comme une seconde peau qu'on tente d'arracher par tous les moyens sans y parvenir. Le sais-tu? tout ce qui comptait vient de m'être enlevé, tout ce qui me reste va être saisi, le passé finit toujours dans des flammes ou des oubliettes, c'est selon. Plus tard un enterrement en plein vent, j'avais les yeux rivés sur cette mouche qui volait autour du cercueil, ensuite elle a suivi la longue allée, tout droit jusqu'à la porte grande ouverte, disparue. je me suis retourné à nouveau, je me suis levé, assis, levé, en m'endormant, en me réveillant, tu n'étais pas là ni là, au milieu des paroles sacrées. ensuite on arracha la boîte au socle de marbre, on se dépêchait derrière le cercueil pour savoir qui aura le prestige d'être le plus en deuil, c'était d'un macabre ridicule, les autres avec leurs costumes noirs qui pleuraient une vieille inconnue. on se pressa dans le cimetière, la famille d'un côté près du nid de guêpe et les autres de l'autre. Moi, les guêpes me soulaient, j'avais envie de m'en griller une, ce vent m'abrutissait, j'avais froid un peu, aussi. tu étais encore là, sous mes cheveux, un peu plus loin, dans ce liquide m'entourant le cerveau. J'avais un peu de toi sous la peau, j'enterrais aussi une inconnue, je ne savais pas pourquoi j'étais triste et je parlais tout bas "nos amours tyranniques se ramassent à la pelle".

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