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19/09/2011

88. en amont de la route sous le petit bois



Il y avait également cette longue plage en grève, le bruit de la mère qui roulait en bas, hurlante, criante, vociférante des injures contre les fils, de tous temps immémoriaux. La grande plinthe, qui faisait fuir les touristes, ces mouettes gueulant dans le vent qui sifflait. Cette ambiance d'aimante. La 4L garée plus haut sur du sable mou, ce petit quelque chose de nature sèche, les frémissements d'une radio dans le lointain vers les habits à Sion. Qu'elle était belle, ce petit bout de femme dansante, un thé dans une main une ombrelle dans l'autre, son sourire merveilleux d'un autre tant qu'elle disait ne plus en vouloir. Ras-le-bol du passé, je veux fumer, je veux aimer, je veux chanter et danser. Tournons toutes les pages, sautons les chapitres ils vécurent heureux et patati et patata, ils eurent beaucoup d'enfants, oui, des centaines, des millions, toute une espèce humaine... Le soir elle rentrait à l'appartement, les vêtements trempés, le sourire de biais, figé par le froid qui venait de la saisir sur place, ses lèvres violacées, se discours sur la méthode, ce bien-figé dans les ténèbres de sa peau-porcelaine. Elle voulait aimer seulement. Puis elle disait, puis elle voulait, surtout ne pas montrer qu'elle était foutue, perdue, qu'elle n'avait plus rien, plus aucune carte à jouer. La 4L était restée là-bas, elle était bien, disait-elle, elle pensait sans doute qu'elle allait pousser comme une plante. Va donc savoir. Et la lune montait dans le ciel, se réchauffant au coin du feu en écoutant les chants de la mère au loin dans le noir, en contrebas de la maison qui disait: "et je vous aimerai toute ma vie, et je vous aimerai toute ma vie". N'avez-vous jamais entendu le souffle même de la vis?

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