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23/04/2011

113. pas de point-virgule les yeux dans les coins



Éloge de la ponctuation

Marché dans la rue, 15h30 et quelques salsifis, c’est quoi un poème bas-rock nom de dieu? Mes converses sont usées, j’ai mal à un talon, je fume trop, mes dents sont, grincent, elles, j’ai envie de partir foutre dieu de foutre dieu, bon tant pis c’est pas par là qu’il faut passer c’est par ici, ouais c’est ça, prendre cette ruelle à gauche, continuer à l’ombre, avancer tout droit, le soleil tourne en haut dans le ciel, le printemps refleuri, la montagne verdit, verdure, verdana. Trop plein de bestioles non-empaillées sortent des bois, y’a des renards, des cerfs, des biches et quelques chamois. Les félins, les chiens, les domestiques quoi. Mais aussi: araignées libellules veau vache et puceron, tentacules et moustiques en série. Ce bon vieux Belzébuth vient de nous lâcher ses mouches, beurk, y’en a de partout, et tu sens cette odeur mielleuse? Un parfum douceâtre, ça flotte dans l’air, les riches s’en émeuvent « oh comme ça pue ça pue ça pue » ne bouge pas de cette rambarde s’il te plait chérie je suis entrain de peindre ton auto-portrait merci - … - je ne mange pas je ne dors pas je ne bois pas, je rentre demain dans les Ordres avec un grand A car il faut bien faire quelque chose de ses dix doigts, alors prendre la voiture, remonter par la Grand Route, G et R oui, filer tout droit en direction de l’Amérique, passer par les petites villes, faire le tour de Lyon et mourir, le Nord peut-être, Saint-Malo, Paris, (Bordeaux), on dirait le Sud - humour pas très net circonstanciel - j’ai songé au titre d’un livre que je n’ai pas encore écrit, ça s’appelle les Vierges Sodomites, ça parlera de toi et de la culture populaire des années 20. Ah je me suis gouré d’adresse, ce n’est pas ici le tatoueur, merde, ils ont changé mes immeubles, je ne reconnais plus, les magasins ne sont plus là, où acheter mes stylos-carnets-papiers-mouchoirs-encres-folies-peintures? J’ai les idées en vrac, mes yeux se ferment, la bière fait son effet, le soleil cogne dur, un vieux boxeur à la retraite, sourire décharné, et l’Autre sur son balcon qui épie les gens-biens et les gens-Claude, va te faire foutre sale morue de merde! Vous ne m’aurez pas! J’ai envie de continuer ce poème d’une seule traite, j’ai envie d’avaler du baroque, j’ai envie de… en fait je ne sais plus, j’ai perdu le mot, ah oui, si si, je l’ai: « anticonstitutionnellement » au mètre carré; sourire encore à ses impolis de la basse-cour, fous-rires, ça ressemble à rien ce texte, hein, pas vrai? Arrondir les angles si tu as suivi jusqu’ici, revenir au principe même d’une littérature simpliste sur les bords, ne pas rajouter de mots trop compliqués, c’est ainsi aussi qu’on explique la peinture aux petits enfants du dimanche, sortie extra-scolaire oblige, on n’utilise pas ou peu les mots « aplats - élongation - ellipse sonore - ouragan - messe dominacale » c’est selon les circonstance de tout un chacun que je reviens à ça:

Il y avait les pieds nus de Sophie sur le parquet ciré grinçant; l’autre venait de s’enfoncer un peu plus dans sa veste en cuir, rougissant de honte. Partout, dans le grand salon, des hommes vêtus du dernier costume à la mode déambulaient au gré des circonstances. Les femmes étaient habillées de somptueuses robes, leurs coiffures improbables pointaient vers le ciel, leur teint était celui des fantômes d’un passé révolu. On n’écoutait pas la musique en stéréo, c’était l’orchestre même qui se déplaçait pour jouer d’une manière ouatée, leurs outils rutilants de propreté sortis des velours. Il n’y avait pas de chants, que des instruments à bois, des frappées, des rutilants toujours, de ses objets noirs laqués on ne dissociait plus le musicien lambda mais le maître reconnu qui manie ses mains à même le corps instrumental, le moment devînt érotique, les caresses s’accentuèrent, la voûte que formait l’escalier au-dessus d’eux semblait les cacher, les avaler dans son antre de ténèbres, mais ils résistaient tous, autant qu’ils sont. Alors les grandes envolées lyriques, la musique de l’immortalité, les pièces maîtresses du grand échiquier de la vie, ce grand Tout qui s’empara de tous les invités les figèrent dès les premières notes. Tous les invités furent saisis d’une immobilité contrainte. Lui, dans sa veste en cuir à jurer avec le décor des bas-reliefs, des cheminées princières aux armoiries familiales décoratives, du service en argent qu’on sort chaque jour, les candélabres à grande taille, lui, dans sa veste en cuir jurant avec ce décor de film où même les servants étaient à leur place c’est-à-dire non la sienne, lui, eût le courage de tourner la tête latéralement. L’être qu’il vit dans un coin, sous un portique, balayait le sol de son pied nu de droite à gauche puis de gauche à droite, décrivant des arcs de cercle invisibles au commun des mortels. Elle avait les cheveux détachés retombant sur ses épaules. Ses souliers reposaient en retrait, petits souliers de verre. Sa robe moulante faite de plis bordelais s’échappait en bas de ses genoux en volutes incessantes. Elle avait nouée une écharpe espagnole autour de son cou, ses épaules étaient nus, un ruban dans les cheveux pour attacher un minimum ses merveilles. Une larme roula pianissimo le long de sa joue. Elle tomba de son menton jusqu’au sol brillant. Alors l’apocalypse pouvait bien survenir, puisqu’il n’y avait ni logique ni fin à cette histoire démentiel. Ce n’était que des fous jouant une scène.

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Bientôt en format Haute Qualité, mieux que de l’irréel, vous pourrez bientôt le vivre!


de moi on dira dans 300 ans, pouah, quelle littérature merdique!

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