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04/04/2011

122. about ghost


J'ai toujours mon petit fantôme à mes côtés, le plus personnel de tous. Te souviens-tu? je lisais ce livre étrange, l'île des revenants, mais sans revenants. Où alors était-ce Babylone vous y étiez nue parmi les bananiers, je ne sais pas. Je n'avais d'yeux que pour les siens, des délavés-Signac, sur cette peau grillée. Babylone, vous y étiez nue... J'ai délavé le nom, le corps et tout ce qui faisait de moi un homme; l'autre se moquait toujours de moi "qui a déjà vu un fantôme de fantôme?" mais... La pluie tombait à terre, les oiseaux volaient bas, mon chat perdait ses poils, l'hiver était terminé, les pistes de ski fermaient, des gens mouraient à travers le monde.

"Nous n'irons plus au Japon" chuchotait Kim à mon oreille en s'endormant, je m'en grillais une autre dans la nuit sans étoile, mon visage illuminé seulement par l'écran de l'ordinateur, mon pénis en vrac sous les draps, le dégoût de tout. Babylone, toujours Baylone, jusque sur cette foutue île du bout du monde. Ton prénom jeté comme ça d'un goût, par un portier je crois qui avait scandé par principes les lettres formant ton prénom écorchant les R. Le bacon du petit matin glissé sous la porte, des repas étranges, des suites dans des motels minables, des verres qu'on ne termine plus, des clopes qu'on éteint, un abribus éclaté, la pluie qui tombe sur moi, le jeu du chat et de la souris que d'un seul côté de la barrière. Le fantôme traînant jusque dans les feuilles des palétuviers, jusque dans les Narcisses, jusque dans les Tulipes, les herbes à chat, diverses conneries végétales. Aucune symbolisation de la personne, aucune métaphore, elle est là, sans piper un mot dans un coin, ses yeux grands ouverts me contemplent, je sais qu'elle sait que je sais qu'elle pense ce qu'elle pense de moi qu'elle sait je crois je pense que c'est la mélancolie utopique. Sydney m'attend, la Toscane, Manosque, Saint-Malo, d'autres vies, d'autres rives. C'est toujours la même chose quand on fuit ce qui nous hante. Pas de logique particulière à ça, j'essayerai d'écrire un roman un jour. Long comme le bras pour faire plaisir à N. qui me lira / me lira pas à l'ombre d'un sapin en été, dans mes vallées improbables, en souriant, en pensant "je savais qu'il savait que je savais" elle roulera sans doute dans l'herbe par folie, elle aura tout compris.

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