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22/06/2011

99. Synthèse symétrique



Me suis perdu reconnais pas, j'écris plus du tout depuis... non en fait c'est faux, j'ai rédigé bien des menus, quelques lettres d'adieux, des mails d'injures, et je suis toujours là; je suis de la mauvaise herbe de celle qui vous colle au cul en finissant par vous gratter jusqu'au sang. On aimerait que ça s'arrête, mais je suis comme l'amour dans les livres de Garcia-Marquez: éternel. Il me reste encore du vin mais très peu de temps, mais le temps c'est quoi si ce n'est une bande usée qui s'enroule à l'infini? J'ai envie de danser, je le peux très bien, là maintenant tout de suite s'il le faut. J'ai fortement besoin de croire aussi ces vieux dictons d'autrefois, croire que tout est possible, même l'invasion d'une choucroute de la mer par des brocolis mutants au-dessous d'une tête blonde qui rira aux éclats des conneries de son père, ça n'a que trop duré me dirais-je en faisant l'amour une dernière fois à ma femme. Je m'en irai le chapeau à la main, aidé d'une canne, dans mon dernier costume, il me suffira de remonter la rue en disant simplement aurevoirs à toutes les vieilles chattes aigries du quartier, un sourire planté en-dessous de ma moustache racornie d'un siècle dépassé. Je peux très bien rêver, même facilement, je n'ai fait que ça de toute ma vie, mais des projets je n'en aurai plus si ce n'est cette maîtrise totale de ce que je dis, ce que je pense, ce que je veux, ce que je peux. Je n'ai pas fini de mourir, d'enterrer le monde, de boire de fumer et puis de cracher sur tout ce qui bouge en urinant le sexe fièrement dressé sur toutes les têtes pensantes du pays ou d'ailleurs. Je ne suis pas de ceux.

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