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10/11/2010

181. Maria sort des décombres et commence à bouger son ombre... danse sur le feu Maria


Maria est belle, fine, ses deux seins sont des petites cerises donnant l'impression qu'on vient de les plonger dans du coulis de myrtille. Sa peau foncée, ses yeux noirs, ses cheveux corbeaux qu'on dirait qu'ils vont s'envoler, Maria est une fille d'automne qui a longuement préparé son hiver. Elle est fine, elle est intelligente, elle est rapide, vif comme l'éclair son corps d'une tête de moins que la moyenne sait très bien ce que les hommes attendent. Chaque homme la regarde rentrer dans une pièce et en ressortir, les piliers de comptoir l'attendent avec impatience, le petit blanc à la main pour oublier qu'elle n'appartient à personne. Quand Maria fait danser ses cheveux de chaque côté de son visage elle devient une onde qui se propage aux quatre coins de la pièce où elle se trouve. Maria a des petites mains, des petits pieds, un sourire diabolique qui feint de vous trouver intéressant mais ne rêvez pas, elle s'ennuye déjà de vous, trop occupée à accéder à la divinité. Elle possède ce charme que les autres n'ont pas, elle est mince, elle semble briser par endroits, on dirait qu'elle ploie sous le poids du monde et... son absence de forme soutient le ciel, on devine ses fesses, on se pose sur ses seins, on suit la tige que forme ses bras sans cicatrices. On envie celui qui osera remonter le long de ses cuisses, l'autre, il la connue lors d'une énième séance de pose avec des élèves qui ne savait pas la garder. Il passait son fusain sur la toile, jamais en-dessous, une fois les quelques coups de crayons passés il lui laissait assez de temps pour contempler un ange, ou alors il commençait son fond. Mais Maria, assise en tailleur sans bouger illuminait le cours de peinture ce jour-là. Elle était nue, ses pieds revenus devant sa toison cachait celle-ci, ses longs cheveux semblables à des algues échouées sur la plage et ruisselantes de vie retombaient sur les perles de ses seins. Il était devenu fou d'elle, il en avait des érections à la seule appellation de son prénom. Maria. Un jour il lui avait dit qu'il se tuerait pour elle par amour, alors elle avait commis l'erreur de le laisser faire, sept minutes et vingt-trois secondes de mouvement dans son corps plus tard elle annonçait avec son accent particulier que la fête était finie, qu'il fallait ranger la salle et nettoyer ce qu'il restait à nettoyer, puis partir pour oublier que l'amour écume toujours les bars sans s'arrêter. Elle lui avait dit cela avec un naturel diabolique, sans penser à mal. la fête était finie, tu as éjaculé, on remballe. Et lui avait répondu ok. Il n'avait rien d'autre à dire de toute façon. Jamais plus il n'aura la chance de frôler de nouveau ce corps, alors il se jeta du balcon pour elle, une lettre dans les mains, un long poème de plusieurs pieds. Les gendarmes interrogèrent Maria sans la bousculer réellement, elle semblait absente, loin du monde, ses yeux noirs tels des perles manquantes scrutant le sol à la recherche d'une saleté à nettoyer. L'un d'eux demanda si elle le connaissait, elle n'osa rien dire, ni même qu'elle portait son enfant, ni même qu'elle semblait l'aimer. Elle se contenta de rien dire, non elle ne connaissait pas ce cadavre, juste le goût d'un amant oublié dans la pénombre qui lui était bien en vie. Un gendarme d'une trentaine d'années compatissait, il l'avait vu ainsi, si apeurée, si troublée, un oiseau tombé de sa branche qu'il avait envie de ramasser, qu'il l'attendit le soir à la sortie du travail. Elle ne sursauta même pas quand elle le vit, elle ne broncha pas, il lui demanda alors ce qu'elle comptait faire ce soir, si elle voulait venir chez elle, et il lui dit: "je me tuerai pour vous par amour si vous ne venez pas prendre un verre dans mon appartement".

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