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30/12/2010

152. éloge de la fatalité


Avant j'avais le bagoût, de l'or dans la bouche et des étoiles plein les yeux. Je me répète à présent beaucoup sur l'amour perdu, je ressasse, et parfois il m'arrive de réaliser comme un vieux qu'avant c'était mieux. Dans un coin de mon grenier j'avais ainsi caché les photos de Sarah, lorsque, par hasard, j'en revîns à elle. Le temps avait passé sous les ponts, je n'étais plus le jeune adolescent des jours heureux mais un travailleur demi-loup qu'on apprivoisait sans cesse avec une femme qui, bien que plus jeune, dépérissait à vue d'oeil de son éclat merveilleux qu'un jour j'avais aimé. Mais Sarah était au-dessus de tout ça, assis sur une caisse dans le grenier j'étalais les photos de son corps nu, ses seins parfaits, sa peau bronzée, son sexe, ses lèvres, l'éclat de sa crinière. Sarah était une lionne qui m'avait quitté, je l'avais compris un beau jour que j'avais trop aimé, trop idéalisé sa perfection, mais corporellement elle était bien là. Revenue de loin. Sarah était la bombe sexuelle par principe, elle était merveilleuse dans tout ce qu'elle entreprenait, par amour pour elle j'avais abattu des montagnes, mais il m'arrivait de ne plus croire à ce passé où j'étais encore à ses côtés. Son nom s'effaçait ainsi que les formes de son corps. La couleur de sa peau ternissait, je jalousais d'autres femmes plus belles encore de ne pas me prendre moi qui avait su cacher pendant un temps un diamant sous mon aisselle. Mais le pire, dans tout ça, c'est qu'elles passaient, lassives, abusées, flouées, elles s'éloignaient de moi avant que je ne les touche. Alors mon regard se perdait sur d'autres, de moins en moins belles. Je me rabattais sur ce que je pouvais. De Sarah je passais à Sonia, plus terne de goût. De Sonia je passais à Céline. De Céline à Octavie. Ainsi de suite jusqu'à ce que je connaisse ma femme. Leurs corps m'allaient très bien, pour un temps. Je n'avais plus de diamants, le passé était révolu, mon image aussi se ternissaient à mesure que j'avançais dans le temps. Je me suis marié au moins de juin avec une femme que je ne connaissais pas, que je n'aimais pas, mais qui recelait d'autres rubis cachés en son sein. J'étais devenu un vieux con, Sarah faisait partie d'un passé qui n'a jamais existé ailleurs que dans un lointain chimérique. J'étais passé de mode, tel un vieux loup, j'avais perdu du poil de la bête. à présent je me languissait dans un bar des touristes passées, je buvais un coup à la mémoire de nos corps tombés, sur des rochers je pleurais encore parfois n'être qu'un ingrat qui voulait la perfection. Mais, le corps n'existe pas, l'âme est merveilleuse, m'a-t-on dit pour se rassurer. En quoi fallait-il croire alors?

1 commentaire:

  1. Anonyme00:12

    Je lis entre lignes, et tout ça me semble autobiographique petit loup des steppes. Je crois que je vais relire mes coups de coeur.

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