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23/12/2010

157. j'aurais pu la j'ter dans l'ruisseau ou la siffler rien que pour les oiseaux


La boîte de marrons glacés m'a fait penser que la dernière fois je savais que tu allais mourir. Tes tuyaux partout sur ton corps, mais c'était un peu de toi qui tombait avec la neige, un peu de ton époque dans les roues des voitures coincées dans la semoule, au final j'ai évoqué ton souvenir dans un coin de ma tête. Te souviens-tu sur ton piédestal lointain de quand j'étais môme? tu nous traînais ma soeur et moi devant la maison, sur ton traîneau de bois, nous nous régalions de tes chocolats, de tes marrons surtout, de tes farces édentés. C'était le bon temps, le temps du ruisseau de la vie coulant dans la vallée, ce mélange d'innocence où il faisait bon vivre au coin du feu et de vérité quand ta femme s'était endormie pour toujours dans son lit de raideur. J'avais ton silence au creux de mon épaule parfois, je t'avais porté une fois, tu étais si léger, c'était sur la fin. Tes cheveux étaient blancs, ta langue devenait celtique, tu avais oublié jusqu'à notre existence je crois, mais dans ta langue bretonne tu semblais revenu en arrière dans un temps reculé des autres. Qu'étais-tu alors dans cette époque? Tu étais roi des marrons dans un monde de monstres gigantesques. Tu étais roi des marrons sur un royaume de gourmandises. Ta femme gérait les cartes et le passe-temps, de la neige y'en avait tant que tu voulais, du sucre-glace chaud, pas besoin de dents. Ton poulet journalier se baladait dans les rues, paré à cuire. J'ai regardé passé bien des souffrances, mais parfois de temps en temps ton souvenir me réprimande encore, il m'engueule: "pourquoi cette année encore n'es-tu pas venu sur ma tombe?" et moi de revenir tout petit entre tes remontrances, j'étais occupé, je m'invente des histoires, mais dans le vrai du faux toi seul connait la réponse, toi seul me connait mieux que les autres.

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