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17/02/2011

134. Tribute to Camille!


Les étendars sont dressés à contre-vent, dans la brume ils traversent la Grand-Place et s'accélèrent dans le néant. Pressés les uns contres les autres, le coeur sous la main. Les fanions flottent en haut des piques, les gauchos se pressent, gueulant à rompre les barriques. C'est la lutte ouvrière et tout ce qui se suit. Et tout ce qui s'essuye. Les camarades sont tous frères, ils se claquent dans le dos en gueulant toujours les gars faut qu'on sème. Qu'on s'aime. Y'a le p'tit Jean dressé au milieu des autres avec son manège à pétrole, quelques saucisse que l'on grille pour donner moins faim, et l'on coupe le pain en deux, et l'on jette la saucisse dans le pain, et l'on s'échange ça avec le p'tit rouge contre quelques pièces. La figure rougie du Père derrière sa moustache est dû à la Marie, aux enfants, à l'alcool qu'on boit pour se réchauffer, mais pas à la saison. Cette année les récoltes... parlent les Anciens. Mais d'un coup tous oublient pourquoi ils défilent, défilant différent des autres dans après la Grand-Place dans la Grand-Rue jusqu'à l'Avenue Gambetta que l'on a omis des cadastres une fois, tu te rends compte de la bourde? Les petits frères et les petites soeurs tous réunis avec les cousins, les cousines, les voisins et les voisines et les amis. Oh que la fête est belle, que le rouge est bon, qu'il faudra bien danser ce soir par tant de retrouvailles! On se félicite des derniers nés, on pleure encore les morts de la veille que l'hiver a fait chuté, on parle de la saison, et tous sont bons, beaux et violents d'amour. Puis le jour décline, les corps agonisent des discours qui n'en finissent plus, les "je te croyais mort" et autres "tu deviens quoi?" perdus dans les "t'es le fils à qui, toi?". Puis le jour décline, le soleil n'illumine plus que la cime des sapins. Puis le jour décline, le soleil n'illumine plus que les montagnes. Un froid intervient, jettant un trouble dans la foule qui fait se disperser les badeaux. En quinze minutes tout le monde est loin, sauf les plus courageux, précipités dans les derniers bistrots du bout du monde, les rues se dégorgent de monde, les commerçants ferment boutiques, la ville redevient une zone fantôme, et tous ont oublié pourquoi ils étaient là, seul le brouillard reste, patient invisible témoin d'un spectacle grand-guignolesque. C'est ça la fête.

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