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22/05/2010

312. j'ai envie de tous vous dire "paronomase"


Me livrant un soir je lui avais dit:

"Je n'ai plus envie d'écrire, je n'ai plus l'âge, plus le temps, plus les idées. J'ai plus le goût de tout ceci, je tourne en rond, je n'arrive pas à me rafraîchir dans ce désert fertile. Vous connaissez les fils de l'anarchie sur leurs grosses motos? Je suis devenu l'un d'eux. Grosse barbe, tatouages et look de mort, je m'enlève tous les soirs une peau de plus. Je serai bientôt nu à ce stade-là, véritablement nu, paquet de chairs sanguinolantes à vif. C'est ainsi que vous me verrez détruit pour la première fois. Mon corps transformé. Mon visage méconnaissable. Beaucoup comprendront alors pourquoi je me suis réfugié dans ce monde des motos hurlantes, bien d'autres essayeront encore de lire entre les lignes mais il n'y aura plus rien. Je ne serai plus celui-la. On touchera le fond quand le liquide clair que je vous sers montre le fond de la cruche. Fini les énigmes, me voilà. Voyez-vous, il n'y aura plus de routes à parcourir, plus aucun refuge à découvrir, en somme: plus aucun endroit où fuir. Je serai aussi seul qu'au jour de ma naissance, je ne pourrai même pas essayer de m'allonger dans le sable, celui-ci me découpera de la même douleur morbide que je me suis infligé un premier novembre voilà des années. Mes fidèles seront tous partis, par ma faute ou la leur c'est selon. On entendra plus aucune musique, même pas les tambours du coeur. Aucune course au galop, rien dans le lointain qui réclame de la poésie. Sur la pellicule il faudra insérer les couleurs les plus moches, les plus instables, ne pas avoir peur du moche, ne plus avoir peur de rien. On brûlera ensuite ce qui restera de mon monde, on jettera le tout dans la boue, dans la merde des chiens, on me piétinera, on me finira. Je n'aurai plus aucun bonheur, plus aucun sentiment. Je ne demanderai plus rien à personne, même pas à ce qu'on m'achève, savez-vous ce que je serai alors? Le pire connard de l'univers qui un jour se trouva au mauvais moment au mauvais endroit avec des millions de petites étoiles qui m'ont suivies. C'est malheureux à dire, mais ce jour-là j'aurai compris toutes mes pertes, leurs valeurs aussi. Alors une moto, les fils de l'anarchie, hosana, en route pour la joie, hosana, j'arrive. Je te rejoins beauté, prépare-toi à me rencontrer. Je viens juste de prendre rendez-vous. "

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