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17/10/2010

191. un jour tu comprendras que je sais tout


Un éclair de lucidité et rentrer dans un décor immense. Entendre les prémices de son corps, la moindre parcelle qui continue de se battre tout au fond. Ravaler sa salive, sentir la chaleur des lumières figées sur son visage, déglutir puis entonner d'une triste voix ce qu'on nous a appris en coulisse. Raclement de gorge au bout de quelques minutes, jeu du mort qui revient éternellement à la vie, vivre et mourir en alternance, vivre et mourir en permanence. Pianissimo et tutti quanti, les photographes sont dans la foule, anonymes eux aussi, tu es le seul être nu sur scène, le spectacle est dans ta peau, le théâtre des émotions se joue dans tes os. La sueur ruisselle sur ton visage, tu te dis, mais qu'est-ce que tu peux bien te dire? Sans doute ont-ils lus aussi les même livres que toi, sans doute en savant-ils mieux que toi? A caresser les chimères angoissantes, tu as envie d'en rire! tes pas se dirigent de si de là, tu repenses aux contraintes du temps, l'heure qui tourne avec ta langue qui débite les fadaises. L'action de parler, bouger, rêver, croire encore que c'est possible oui, de leur faire croire à ton monde. Ces êtres blèmes perdus dans le néant sous les projos que tu ne vois qu'à peine. Tu sembles te souvenir de ce film, c'est un peu désespérant, mais au final tu en as bien ri de te trouver si semblable à ce clown. En fait c'était bien de toi qu'il s'agissait, ça a toujours été question de toi et non des autres. As-tu peur maintenant? au moment de te livrer? Mais l'assassin est là, tout proche. Il rôde, la foule le voit. Tu feins de ne pas deviner sa présence, bien que la première rangée à les yeux rivés sur lui. Tu sais que son bras se dresse dans ton dos avec le poignard sanglant d'un siècle d'affront. Il se baisse, aaaah! tu hurles encore! aaaah! il te faut souffrir en jouant pour jouer en souffrance, aaah! tu tombes à genoux, un flot de sang mouille ta chemise. Tu tombes lourdement sur scène, sans bruit. Silence. Les projecteurs s'éteignent et le rideau se baisse. Ah. Levé de rideau, les acteurs reviennent, tu salues ton public et à demain. Vivre et mourir en alternance. Vivre et mourir en permanence.

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