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02/10/2010

198. au dernier moment dans la plaine en pente


Ya un soleil magnifique sur la vallée. Les rayons explosent, les couleurs fusent, y'a de tout. La montagne semble magique et moi à rien. Je vois des milliers de couleurs, du jaune et plusieurs tons de verts, mais aussi un arbre orange et rouge, le seul, comme d'habitude, parmi ces confrères qui se pavane de ce plumage indécent si tôt. Le frileux est fier de se démarquer du lot, j'ai envie d'aller caresser son écorce, de chatouiller ses feuilles, de m'endormir en son ombre, de lire sous lui. Il a élu domicile, en plus, dans un couloir d'avalanche, les racines solidement arnachées à la terre, il est encore debout, regrettant sa famille disparue si vite une nuit d'orage. Les uns après les autres. Mais il est tout seul, il résiste, et c'est étonnant de le voir ainsi alors que tant d'autres sont partis, on jurerait presque à l'assassin, celui qui pousse les autres dans le vide du coin de ses pensées. Mais cet arbre je l'aime bien, j'ai envie de polir son bois, de faire reluire ses branches, de faire briller ses feuilles, l'idée me vient de lui faire l'amour, me retrouver nu en face d'un roc massif de cette taille-là ou encore de jouer la grimpette, faire la fille de l'air tout en haut, examiner le paysage de sa vue majestueuse. J'ai envie de savoir ce qu'on voit de si haut, redevenir sauvage, plus encore qu'en ce moment, mais je me gratte la barbe, je jette ma clope, je rentre dans mon bocal et au final je me démotive, ça ne sert à rien d'y aller aujourd'hui, ce n'est que trop d'effort pour pas grand chose. Il n'y a pas de poésie là-dedans, juste un effort de plus à faire quand tout est cassé. Je n'ai plus envie d'y aller, je suis flemmard, bien trop. L'arbre, je le vois de ma fenêtre, j'ai l'impression maintenant qu'il pleure, qu'il m'appelle, mais je n'écoute plus rien, je fuis un peu plus et c'est tout. On en reste là mon brave, je viendrai un de ces quatre vous rendre visite, mais pas maintenant, pas tout de suite, il est trop tôt pour mourir dans votre aura.

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