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04/06/2012

47. créer un message

aux premiers sons de la musique, dès les premiers instants du monde, au petit jour quand les rayons longs d'un soleil radieux se déploient sur la nature qui environne il faut écrire. Créer l'instant, lui dire que depuis que je l'ai connu, qu'elle est entrée dans ma vie... Marrant, mon premier souvenir d'elle elle était dans un rond-point, je gravitais déjà autour d'elle sans qu'elle ne le sache. Lier les mots poétisants aux affreux, aux obscurs, aux surréalistes: dire je t'aime mon amour ma colombe douce hirondelle sur la plage abandonnée... mais en fait penser que prendre un verre en sa compagnie aurait servi encore plus à me bombarder d'une souffrance amoureuse que mille clichés vétustes. Ne pas hésiter à faire des pauses, contempler les nuages qui s'agglutinent dans le ciel, que la tempête approche, que mon souffle sur sa peau ou ma main sur sa joue... il y a aussi le dangereux sens du regard qui fait naître les chimères. On danse avec elle, on nage avec elle, on peut se noyer en elle, elle peut nous écraser d'un bout du talon. Il faut faire très attention afin que les mots ne se retournent pas contre le créateur, ne pas parler des envies lourdes qui sommeillent au fond de la mer que nous sommes. Il faut oublier ces yeux d'océan pour lesquels on tordrait du fer avec les dents. Afin de remplir la page on peut parler de soi, dire qu'on est né quelque part, qu'on aimé dans un autre lieu, qu'on s'est brisés contre les lames funestes d'une autre chevelure qui n'était pas la sienne, elle s'est coupée les cheveux en quatre, ça tombe bien. on peut difficilement se comparer à elle, sa finesse en face de votre poids en trop, son long cou qui tend vers elle quand elle vous parle que vous aimerez sans aucun doute vous penchez dessus afin de l'embrasser. Vos caresses s'effacent, vos frustrations naissent. J'étais dans un champ quelque part occupé à le dévaler, elle courait dans l'autre sens, nous nous sommes croisés un hiver quelque part mais sans plus nous frôler que ça. Il fallait croire que l'infini pouvait tout être à la fois, le cosmos, l'infiniment grand, face au délicieux petit de ses épaules nues, dans sa main il y a une galaxie entière, son sourire est d'un autre monde, c'est une extra-terrestre qui débarque au milieu de la populace en liesse. Divine prédatrice qui n'en fait qu'à sa tête en cherchant l'amour au fond de la boîte de céréales. Les papillons sur les branches s'envolent, les oiseaux mangent les papillons, l'avion que je prends pour m'enfuir loin d'elle sème la pagaille tout en haut de ce faux miracle épuré. Dans l'avion attendre qu'on survole la mer, ou l'océan, éviter le continent, semer vos plus beaux mots, vos plus beaux vers, tout au fond d'une bouteille en verre. Attendre un peu, faire signe au pilote que ça y'est, c'est maintenant, qu'on survole le bleu, qu'on peut enfin s'essayer à effacer ses messages, son parfum collé au corps, son numéro de téléphone, tout ce qui traîne au fond de votre caboche. Puis retourner se rasseoir, tenter de dormir en attendant que l'avion s'écrase ou qu'il arrive à destination dans une autre ville qui verra le même soleil s'élever au petit matin. Alors il faudra recommencer d'écrire au doux son de la musique triomphante.

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