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22/02/2010

370. la femme


J'ai imaginé cette brave femme sortant de prison. C'est dingue le nombre d'intriguantes que l'on peut croiser en terrasse d'un café. Veste en cuir sur les épaules, elle fumait lentement, appréciant la nicotine qui rentrait dans ses poumons à mesure que son souffle disparaissait au-delà de la limite. Son jean élimé semblait coupé à vingt-cinq ans de là, mais entre-temps elle n'avait pas changé, en-dehors de son air sévère sur son visage. Un vieil air qui semblait le cacher sans y parvenir, voulant défier la vérité qui reste la plus forte.
On l'aurait mise contre le mur qu'elle n'aurait pas avouée. Elle ne se laissait pas amadouer aussi facilement. Lentement je l'ai vue sortir de son sac une série de vieilles photos pareilles que les cartes postales de certaines boutiques. Des visages d'inconnus souriants, d'enfants épanouis, de couples qui s'aiment. Et son visage à elle retrouvait un semblant de sourire, elle avait du mal pour ça d'ailleurs. Grimace figée à l'envers. Sourire de métal figé. Une larme coulait le long d'une joue, stoppant le temps jusqu'à sa tombée de menton.

Puis elle remit le tout dans son sac, s'en alla payer son café et s'évada aussi loin qu'elle pût, bien loin de mon regard inquisiteur de jeune con curieux. Pourtant j'aurai aimé la confidence:


"Je suis rentrée en prison, j'étais jeune. Regarde-moi gamin, j'ai bien vieillie à présent. Mes rêves sont partis. Que vais-je faire maintenant?"


Et Johnny aussi s'en alla.

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