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07/02/2010

379. ma pauvre mère est en lessive


J'ai capturé l'oiseau ce matin. La vie en cage l'ennuyait me disait-il. On ne peut pas mettre un oiseau sous clé c'est la mort assurée qu'il paraît. Alors je l'ai relâché, car c'est ainsi. Il avait les ailes malades. Quelques plumes s'envolaient derrière lui. La preuve de l'éternité, un remerciement. Je ne suis pas de ceux qui rêvent.

J'aime des détails insignifiants par courtoisie pour la poésie du moment que d'autres ne savent voir. Les pommes qui attendent dans la cuisine ont chacune leur propre couleur. La pendule qui bourdonne lassivement en prenant la poussière. Ces vieilles choses sommaires auxquelles j'accorde parfois bien plus d'importance qu'aux événements du jour. Briser un objet aimé rempli de souvenirs est une catastrophe. J'ai l'impression de devenir alors, dans ces moments-là de détresse misérable, un vieil archiviste complètement fêlé de se renfermer sur lui-même.

La poussière lentement se déplace dans ma voiture, je ne l'a nettoie que d'un revers de la main. J'attends que le temps passe, que le Manneken Pis ou que des oiseaux meurtris prennent un nid dans le ventilo. Mais en attendant je roule, je défie les lois de la gravité, je refais le monde morceau par morceau.

Demain s'approche. Ne pas laisser gagner l'Autre.

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