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12/08/2010

244. je suis né dans le sang, je repartirai dans le sang


Il avait la force des aiguilles avec lui, ce petit sillon creusé dans le pli du coude qui signifiait beaucoup de choses. Mais de temps en temps son regard s'illuminait, son corps usé par les drogues réveillait son cerveau à nouveau, comme au sortir d'un long somme. Il était dans une soirée sans fin, un trip étrange en pleine hallucination permanente, la vie était un long fixe tranquille. Il était minuit, ou bien cinq heures du matin, tout venait de s'achever. Le vent bruyant dans les arbres rendait un écho à une autre soirée, plus lointaine, plus mystérieuse. Il scrutait avec attention ce petit chemin qui menait au garage. De chaque côté on avait séparé le gazon du gravier par un mur de pierre. Sur ce mur de pierre s'alignaient les cadavres de la soirée, bouteilles vides et mégots éteints. Les gobelets galopaient sur le sol, tournant en rond dans une cadence déstructurée. La théorie du chaos en live. Ca faisait un raffut de tous les diables, ça réveillait d'autres souvenirs encore. Dans son dos, les néons du garage clignotaient, un seul en particulier. Un ordinateur diffusait un semblant de techno, un vieil homme fatigué sur une table pliante fumait son dernier clope. Ses rides contrastait avec ses cernes, il pouvait avoir cent ans sous son chapeau de cow-boy c'était pareil. Il ne parlait plus, sa barbe ne bougeait plus, d'ailleurs avait-il entendu ne serait-ce qu'une fois le son de sa voix au cours de sa vie?

Il aurait bien aimé lui dire qu'il personnifiait la mort, mais il allait mal le prendre.
Comment s'appelait-il déjà? Personne n'en savait rien. Il était là et puis c'est tout. Une évidence.

Jean-Marc avait envie de fuir, il se rappelait cette bonne chose, elle, la nuit dernière. Serrée nue dans ses bras. Tu verras, on partira loin de toute cette merde. On décrochera. Tu verras. Je t'aime. Refile-moi encore un fixe. S'il te plait. S'il te plait...

Il lui avait donné ce qu'elle voulait, elle paraissait morte, quelque part sur la départementale à faire une énième passe de plus. Jean-Marc avait continué ses soirées, le monde reprenait tout doucement, sans saveur au final, car tout était tronqué. Il le disait très bien. Le monde est flou, oui.

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