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04/08/2010

250. lettre d'amour à celle qui me fait vibrer


J'aime ta voiture électrique qui tremble un peu partout, les pièces usées qui veulent dire attention, le moteur tremblant, toutes tes couches de peinture de différentes couleurs.

J'aime la saleté de ton véhicule, l'odeur étrange qui règne à l'intérieur, entre nourriture pourrissante, vieux bouts de clopes usagés, quelques cendres de Chine. Ne pas respirer, inspirer.

J'aime vivre, dormir à l'intérieur, le froid qui peut te prendre là, les courants d'air rafraîchissant quand la clim n'est pas présente, les vitres collées par le froid.

Battue au vent, j'apprécie les nombreuses secousses, les suspensions surprenantes, pouvions-nous faire de tels sauts à l'intérieur d'une si petite automobile??

On en a connu des heures de plaisir, à sauter dans les champs, tourner autour du pot, rompre la solitude en avalant les kilomètres, je t'aimais encore plus les mains sur le volant, les yeux sur la route. Je te voyais chanter, bouger de la tête aux sons des amplis incrustés dans les portes, c'était magique. Les autoroutes à deux-cent quand nous n'atteignions jamais les quatre-vingt-dix en hurlant de rire, les nombreux stop, le céder le passage le plus merdique de l'univers, toi penchée sur le volant pour contempler les directions de l'infini.

- Et maintenant, on va par où?

- Où tu veux...

- Je décide pour ma part d'arrêter.

Je suis sorti de cet espace protégé où rien ne pouvait nous arriver, ce cocon. J'ai pris à gauche, taper du pouce sur bien des routes. Un jour me vint l'idée de quitter les routes, redevenir piéton. J'avais tout revendu, jusqu'à mon coeur, tu n'étais plus qu'un souvenir...
Et puis l'eau coula sous les ponts, je chantais dans les bars, je jouais le rôle du comédien fauché perdu dans la cambrousse. Tu étais au bar, veste en cuir, visage effacé derrière tes cheveux en cascade. Tu sentais le fuel, le plein de y'a dix minutes. Fixant un coca light entre tes doigts, tu ne m'avais pas reconnu. J'avais changé, ma barbe avait poussée, j'avais même perdu du poids il me semble. Je me suis assis auprès de toi, rien n'avait changé. Il me semblait que nos escapades c'était hier, toi aussi. Tu m'as confié tout de go: j'ai toujours la même caisse.
Alors t'as saisie tes clefs et nous avons filés, seuls mais entiers.

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