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17/06/2010

287. Sérénade à l'américaine


Parfois vers minuit, vous voyez une vingtaine de grosses autos à neuf places pleines de monde et de bruit s’introduire dans une rue morte.
Ah! Ah! Une nouvelle révolution! La police arrive en courant, mais on exhibe les certificats.
Bien, ça va, elle s’écarte.
Alors les automobiles s’ouvrent il en sort des contrebasses, des violoncelles, des accordéons, des harmoniums, une batterie, les cuivres les plus divers, importants et mafflus, et naturellement des escadres de guitares.
On dresse les pupitres. On distribue les cahiers de musique. Les phares des autos concentrent sur le tout leur lumière.
Et tout le monde observe une fenêtre, celle-là ve, esta.
Tout à coup dégueule l’orchestre, et tout le quartier se réveille.
Sitôt un morceau terminé, un autre le remplace, et il y a trois orchestres et trois chefs.
Cependant, un rideau à la fenêtre a tremblé. Regardez comme il tremble. Une jeune fille est là derrière, le jour même de sa fête, une jeune fille est là, mais personne ne la verra. Après une demi-heure les orchestres s’en vont en buvant.
Restent alors le jeune homme qui offre la sérénade, un guitariste, et un chanteur. Celui-ci se met à chanter des chansons populaires avec une de ces voix affamées d’amour comme on n’en trouve qu’en Amérique du Sud, chansons si directes aussi. On devient anxieux. La jeune fille n’y pourra résister davantage, et que les parents parlent seulement de s’opposer aux fiançailles, elle va se jeter par la fenêtre…
Parfois la sérénade se donne devant une habitation parfaitement close et noire. Rien ne bouge. N’importe, on s’adresse aux murs. On est là, sur le trottoir, comme des gens qui attendent un miracle.

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