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12/06/2010

294. au rythme de la terre; sans se presser


12 juin 2010 aux alentours de 19h: Le ciel n’existe plus, un ramassis gris a éteint le soleil d’une traite en coupant les montagnes en deux. Le doux chant des oiseaux est caché parfois par le fils d’untel, gueulant dans la cour de l’école aux alentours de ma maison, ou encore la fermeture d’une porte de bagnole en mauvais état suivi de son démarrage ridicule. Le temps chargé en humidité reste lourd tout de même, mon café a refroidi, ma Benson se consume, on pourrait jurer d’une paix sans équivalent mais il est tout autre. Agité de l’intérieur, secoué de spasme, rien à faire. Rien à y faire aussi. Ce n’est pas faute d’être sorti, de voir les visages inconnus qui défilent dans la rue, ce 14 juillet de tous les jours, le quotidien navrant d’une ville qu’on aime comme on peut haïr une femme.
J’ai le syndrome de la page blanche mélangé à celui de n’être jamais satisfait de moi-même. Alors je jette ce journal à la mer en m’empêchant de l’effacer au plus vite. Ne pas vouloir publier, continuer ainsi avec mon syndrome bizarre. La page blanche c’est aussi ce livre de Valérie Valère morte dans sa drogue, pourrie à la moelle. Le nom du livre m’échappe, il semble accessible à ma mémoire pourtant, il trône pas loin sur étagère, je le sais. Ce livre délicieux orné d’un page blanche tourbillonnante qui veut tout dire. La page blanche c’Est-ce qu’un auteur a parfois dans la tête, ça pourrait être un petit point pour la plupart mais la page blanche…Ah oui la page blanche…
Alors page blanche est aussi synonyme d’ennui, quand on prend le dictionnaire des synonymes à ennui il y a ça: souci. Ennui= souci, l’esprit est perturbé puisqu’il est « tracassé » par un souci donc ne fait rien pour pallier à ça. L’ennui c’est aussi ne plus rien avoir à en foutre, mortellement dangereux. L’ennui c’est trop, il n’est pas synonyme d’une avancée ni d’un coup de génie. Il est le grain de sable dans le rouage de la création, certes.
Puis l’on cherche à s’occuper, on relis vingt fois la même page de vingt livres différents, du mieux que l’on peut, on se dit que nos auteurs préférés sont morts, fallait-il en arriver là? Perros, mort en oublié, n’a jamais trop connu la gloire d’avoir un fan. Saint-Exupéry, perdu en l’air. Romain Gary-Emile Ajar, il me semble parfois qu’il s’est suicidé pour connaître encore plus de succès par la suite. Avez-vous lu la promesse de l’aube, éducation européenne ou encore la vie devant soi? Ils s’arrêtent tous quand Romain Gary signe son propre arrêt de mort: au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable. Bien triste tout ça. Les rares auteurs encore en vie que j’admire, c’est la conclusion, en viendront donc un jour à mourir, n’est-ce pas? Alors je serai seul dans ce grand lit froid, sans aucun amant.

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