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02/06/2010

300. les temps cruels réveillent l'archange endormi


Ah mais oui, il ne reste que la poésie dans ce bas-monde. J'en suis certain. Des oeuvres grandioses ou des petits détails de la vie. L'autre jour au café il y avait cet homme qui lisait. Il semblait en-dehors du monde, jurant avec les abreuvés du comptoir. J'aimais le dessiner. Ca avait duré quelques minutes, juste une esquisse dans mon carnet, les grandes lignes comme on souligne un passage important dans un livre. Moi j'ai bâti l'empire dans le coeur de mes sentinelles en les contraignant à faire les cent pas sur les remparts; trois-cent quatre-vingt-dix neuvième page de l'édition F. Dans le contexte social on peut révéler une part de mystère mais aussi de poésie du moment, cette poésie rapide, saccadée comme un vers surréaliste de Breton. La lavandière transformée en conchita du ménage, le dos voûté, qui s'arrête un instant pour vérifier si le soleil est encore là.Non, le monde ne vient pas de s'arrêter de tourner. La poésie du début est devenue celle de la naissance. Le moment important sur la musique de 2001, l'odyssée de l'espace. Ainsi parlait Zarathoustra. Son corps usé, enflé, me rappelle les mains caleuses de mon grand-père à la fin de sa vie, la corne qu'il avait dans chaque doigt, ce tremblement survenu à la fin quand il disait: "ah, apportez-moi donc mes jumelles. Et pourquoi? avais-je demandé en lui demandé cette main qui ne savait plus se resserrer sur la mienne. Mais t'es con ou quoi? Il me faut voir le Paradis pour y aller! me confia-t-il dans son dernier verset." Alors la poésie sévère d'un militaire quand il change l'arme d'épaule, celle du général sur le champ de bataille comme une toile de Géricaut qui se brise, qui doute sur le combat. Il lui faut encore songer à la guerre. Longues réflexions assis sur une cantine de métal. Le bras posé sur le genou, la tête sur la main. Les yeux penchés, en biais, n'importe où mais pointés vers le bas. Le militaire est politique. La politique ne pense plus, elle agit. Voilà le poème le plus court de la politique qui veut tendre à l'action sans y arriver. Poème de menteur, fausses vérités qu'on cache sous le coude à côté des pots-de-vins. Le vin du curé dans sa bible, dans le Coran épuisé des Mollah qu'on ne peut comprendre nous, occidentaux. Les quatrains amoureux d'un Jules Vernes sur l'intélligence, ceux de Hugo ce vieux salopard qui mourra la queue raide pour une servante aux cuisses bien grasses. Je vous dédie ce poème ma mie...

L'oiseau s'envole. Les arbres s'envolent dans la tourmente. Les feuilles vibrent par le vent. Les animaux hurlent à la lune ces longues litanies de vies brisées, tourmentées ou heureuses. Un maître dans le noir vient de mourir. Requiem pour les cons, les sauvages, les désespérés suicidés ou non, les fous, les pauvres, les intégristes, les amoureux, les riches, les artistes, les surréalistes, les peintres aux yeux minuscules, les travailleurs et les flemmards, les derniers instants de tout ce petit monde et l'autre qui dit finalement dans cet ultime poésie du dernier souffle: Voici distribuées les demeures des hommes sous les étoiles.

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