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16/06/2010

288. When i was a young girl


Rappelle-toi Barbara, Barbie-rat,

Nous faisions l'amour entre tes draps

Et il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là

Mais Brest est une foutue ville semblable à un trou du cul

Il ne se passe rien, les déchets envahissent tout, le ciel est noyé.
Ville triste, des gueules-fantômes qui n'ont plus la connaissance d'un sourire.

Et tu marchais souriante, comment faisais-tu, ne voyais-tu pas le monde tout autour?

Epanouie, ravie, ruisselante

Sous la pluie

Sous la pluie... car y'en a toujours dans ce coin-là, n'est-ce pas?


Rappelle-toi Barbara, Barbareshka,

Comtesse aux pieds nus, il pleuvait sans cesse sur Brest,

Foutue ville où je fumais sans cesse, enfermé dans mes pensées, dans ton cocon.

Je fumais en tournant en rond, je devenais fou (de toi) dans ce réduit.


Toi que je ne connaissais pas

Toi qui ne me connaissais pas.

Rappelle-toi.


Rappelle-toi quand même ce jour-là.

N'oublie pas.


Un homme sous un porche s'abritait

Et il a crié ton nom

Barbara

Il me semble le voir sous tous les porches Brestois

J'en connaissais ma fin, quelque chose

Et tu as couru vers lui sous la pluie

Ruisselante, ravie, épanouie

Indifférente également à moi, qui tirais la gueule

J'étais devenu des leurs

Et tu t'es jetée dans ses bras

Rappelle-toi cela Barbararama

Et ne m'en veux pas si je te tutoie

Connaissant ma douleur

Car je dis tu à tout ceux que j'en viens à haïr

Car je t'aime, sombre poésie courte

Mais j'aime trop de personnes

Même si je les connais pas


Rappelle-toi Barbara

N'oublie pas

Cette pluie sage et heureuse

Sur ton visage heureux

Cette pluie sur la mer

Sur l'arsenal

Sur le bateau d'Ouessant

Sur ma fichue clope trempée

Ne plus pouvoir trempé

Ne plus regarder

Ne plus te regarder

Alors j'écris


Qu'es-tu devenue maintenant?

Sous cette pluie d'ennui

de honte et de regrets

Cette pluie de la tromperie sonnant l'heure

Parmi les déchets des lieux abandonnés, livrés à eux-même

Comme je le fus moi, reprenant la route

Je repartais vers le soleil, étreinte brisée

Jurant que ma clope ne s'éteindra plus


Et celui qui te serrait dans ses bras

Amoureusement

Est-il mort disparu ou bien encore vivant?

Oh Barbara

Il pleut sans cesse sur Brest

Comme il pleuvait avant

Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé

C'est une pluie de deuil terrible et désolée

Ce n'est même plus l'orage de la guerre

de fer d'acier de sang

Tout simplement des nuages

Amoncelés

Qui crèvent comme des chiens

Des chiens qui disparaissent

Au petit matin, une clope au bec

Au fil de l'eau de Brest

ou naviguant sur les routes d'un ailleurs

et vont pourri au loin

plus loin très loin de Brest

Dont il ne reste rien

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