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04/07/2012

13. elle est là

C'était sous la pluie ou dans le vent, avec les derniers rayons de soleil qui tombent sur les immeubles de la cité. Il y avait l'angoisse du lendemain, dans quoi allait-il travailler, comment sa vie allait s'organiser, tout ceci au moins avait-il un sens? les voitures envahissantes tout autour, des cosmopolites d'humanités voguant de ci de là et elle. Les destructions immédiates de tous les principes, les préjugés, à la poubelle, vos envies, à la trappe, ne rien faire d'autre qu'avancer. Plus loin ils allèrent tous les deux au bord du lac, sous un arbre, allongé dans l'herbe encore trempé de la pluie de la veille. Leurs corps humides coulants l'un en direction de l'autre, elle avait sa bague comme un mélange d'appartenance décisif et il mélangeait ses pensées à celles de son entretien d'embauche de l'après-midi qui n'allait pas tarder. Il avait sa tête sur son bras, sa bouche contre elle, il aurait tout donné pour faire durer l'instant plus longtemps au milieu des cygnes ou des bébés qui galopent sur l'herbe à vous emmerder en jouant au ballon. Il ne fumait plus et ne buvait pas. Elle ne mangeait pas et ne buvait plus. Ils jouaient simplement au jeu du chat, à se quitter, à se remettre, à faire courir la souris autour du monde, dans les montagnes ou sous le nid d'un serment maquillé, qui s'en va faire sa nuit. elle avait son odeur coincé dans une boucle de ses cheveux, il avait son goût sur la commissure des lèvres. Ils se souriaient, repensant à autrefois, à quoi pouvait bien ressembler autrefois, que pouvait-on améliorer, ce putain de rendez-vous qui cassait le charme de ce renouveau qui commençait là, maintenant. il y'avait le soleil de l'été, il y'avait la moiteur de sa main, le froid du lac, l'attente d'un restaurant, le rendez-vous qui débouchait sur un essai, encore de l'attente inquiétante, il devait la ramener sans en avoir l'envie, elle ne voulait pas détacher ses mains de son corps. ils étaient rentrés dans le noir du carcan de l'automobile, sans qu'il la regarde, appréciant sa présence proche, son souffle, ses baisers minuscules. arrivés chez elle, à sa demeure de deux mois, ils s'embrassèrent, ce fut long et triste. C'était trempé du désir de ne plus se quitter. Mais ils se quittèrent quand même. Encore. Jusqu'à la prochaine fois. Et il repensait à tout ça dans chaque virage le ramenant à sa solitude, dans chaque ligne droite. Jusqu'à sa citadelle d'effroi qui se referma sur lui à grands coups de poing dans la gueule.

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