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20/10/2009

467. regarde les hommes tomber



Je me soustrais encore.
J'ai besoin d'écrire mes entrailles.
Ainsi la vie file, je ne suis plus moi:


l'homme regarde l'autre, dans la pénombre, tout au fond du bar. Il n'est qu'une silhouette entourée des volutes délicieuses de sa fumée. Il raconte, comme plongé dans le temps délicieux d'autrefois, le temps des cerises...

1944, sur le quai de la gare, l'enfant est bien serré contre sa mère. Son frère, cigarette à la barbe de maïs affronte son regard. Il embrasse la mère à son tour et monte dans le train après l'avoir embrassé sur la joue. Julien semble fier, il sers un peu plus sa mère puis se détache, c'est à son tour de monter dans le train. Le père Jean sonne le rassemblement des troupes, le train va bientôt partir.

Mais le film...oui le film mon garçon...Si j'ai fait ce film c'est à cause d'un autre enfant, celui qui était dans ma classe.

Bonnet. Prénom Jean. Le prof se trompe sur le nom du petit nouveau, l'appelant Bonnot. ça fait Jean Bonnot, Jambonneau, dur nom pour un youpin en plein 44. Ziberstein se cache sous son masque de bon français, mais il ne mange pas de porc à la cantine. Les deux enfants deviennent amis, Bonnet le juif reste discret pourtant, mais Julien fait sa petite enquête sur l'étrange cas de monsieur Ziberstein qui lit du Sherlock Olmès.

Je n'ai pas été aussi ami que ça avec lui, je ne l'ai pas si connu. J'ai fait ce film pour me libérer de son poids. Comme une excuse qu'on fait à tout un peuple, avec respect.

Julien fait du trafic avec Joseph le boîteux de la cuisine. Joseph va être pris la main dans le sac, on le dénonce. Un peu avant, Julien mange avec son ami-découvert dans un restaurant, sa mère et son frère. Instants de vie. Les allemands viendront le chercher à la fin du film, il n'en réchappera pas. Il n'en réchappera pas. C'est Joseph le coupable, celui qui dénonce. Derrière lui la France sourde et fachiste de l'époque. Les honteux collabos.

C'est la dualité que j'aime, et qui a fait fureur: les français sont tous des pourris alors que dans le camp des allemands il y a des bons. Merci.


L'homme d'en-face s'étonne.

"Merci pourquoi?

-de m'avoir écouté."


Louis Malle se relève, il pose son chapeau sur son crâne et sors du bar en se retournant une dernière fois il lâche à son public imaginaire un "aurevoir, les enfants" mystique. Apparition. L'autre est resté là, il n'a rien compris à la force de l'art. Il n'est pas sensible, comme beaucoup de français, à la poésie triste d'un film sur une école en temps de guerre, d'une amitié classique entre un français et un juif, la vie en fait...


Et par la suite, les hommes sont tombés...

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