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02/10/2009

475. rumeurs aveugles


Le temps passe mais les plaies jamais ne se ferment.
J'ai fait l'amour par hasard, je suis un peu un bandit.
Depuis deux jours je suis de nouveau amoureux, j'ai fait des sacrifices détonnants pour qu'elle ne m'échappe pas. A mon grand regret j'ai compris que je suis un peu amer avec elle. J'ai fait l'amour par hasard, disais-je, mon crâne rasé est luisant de sueur et ma barbe est toujours aussi crade.
Je sais depuis une heure qu'elle me trompe pour tromper l'ennui de l'attente. Mon corps ne lui en veut pas, c'est mon coeur qui est lassé de tout ceci.
Assis devant une portion de frites, il y a mon reflet bien en face dans le téléviseur éteint. Avec mon Gaspard réssucité nous arpentons les ruelles froides, nous faisons en sorte d'être les veilleurs de sommeil de ces braves gens, et parfois ont voit à la fenêtre des couples s'aimer, faire l'amour ou se désunir. Nous sommes les foutus super-héros de cette putain de ville. Moi qui croyais que le bonheur allait perler en larmes, qu'il allait s'en aller, défiler en montagnes, des cascades et j'avais raison et merde et encore merde.
Mais là j'étais dans la cave de Gaspard, assis dans son rocking-chair. Nous attendions qu'une histoire exceptionnelle se présente en écrivant quelques trucs surréalistes sur des bouts de papiers qui ne faisaient rire que nous et Dick Rivers sur une autre chaise chantait rien que pour nous en faisant chauffer sa gratte.
"Je vais vous raconter une histoire..."
Nous nous sommes approchés un peu plus près de lui.

Roger s'étonna de revoir les siens après une si longue absence. Cela faisait bien quelques vies qu'il n'avait pas revu sa tribu intacte en un seul morceau. Pas un ne manquait, les parents, les enfants et les petits-enfants. Y'avait même ce bon vieux soop et son rejeton qu'on soupçonnait à sa couleur d'être le fils de sa grand-mère. Mais là n'était pas le problème, justement, Roger préféra ne pas se soucier des anciennes querelles intestines, il avait ramené de ses expéditions de la viande et quelques autres cadeaux pour le reste du clan.
Son père demanda: "alors, c'est comment d'aller là-bas?" car lui il avait jamais pu participer à une expédition de sa vie sur une autre planète, il en était outrageusement déçu mais le cachait profondément même à sa femme, même à son fils.
Le petit donc lui tint à peu près ce langage: "cher père, vous ne pouvez pas savoir quel monde étrange est-ce là-bas. Pour ne pas affoler les autochtones sous-développés nous nous faisons passer pour une sous-culture primitive qui tend parfois à se faire esclavagisée. J'ai eu de la chance quand même d'être "adopté" (oui c'est comme ça qu'ils disent là-bas) par une bande de primates dégénérés qui voyait un peu le grand Miw en moi (Miw=messie en quelque sorte, NDR) et je n'ai eu aucun mal à les soumettre à ma volonté. Bien sûr je ne fus pas toujours bien nourri, qu'à cela ne tienne, je suis allé chasser dans les grandes plaines de cette planète étrange les souris, les oisillons ou d'autres animaux encore qui parfois abondent en masse. Les autochtones ayant un langage bien à eux et une vie propre, j'étais souvent dérangé en plein repos pour de quelconques sorties chez le docteur ou bien chez une vieille tante grabataire qu'ils méprisaient totalement (en fait ils n'allaient la voir que pour l'héritage, mais ça je vous expliquerait le fonctionnement un peu plus tard). Qu'à cela ne tienne donc! je choisissais les endroits les plus difficiles d'accès pour ces petits cerveaux afin de continuer soigneusement à bien dormir, car comme vous le savez il me faut bien mes 16 heures de sommeil environ par jour!
J'occupais le reste de mon temps à courir dans l'herbe fraîche pour me dégourdir ou encore pour chasser mais aussi pour rendre des comptes à mes subalternes qui préféraient me voir en-dehors de mon travail. J'ai beaucoup analysé les autochtones pour eux, je pense avoir contribué à leur donner un avis scientifique sur la chose même si nous n'avons toujours pas compris pourquoi ils émettent un bruit étrange de gorge la nuit semblable à notre méthode d'apaisement...
Mais partir dans ces contrées froides et reculées de notre espace ne m'ont pas privées de contacts pour autant ni de joie éprouvée, ainsi j'ai trouvé plusieurs compagnes sublimes qui se sont toutes battues pour avoir les meilleurs enfants que j'étais en mesure de leur donner.
C'était avec une certaine tristesse quand on me rappela sur notre bonne vieille planète, mais je vous rassure, même si mes compagnes me manquent je suis très content d'être parmi vous aujourd'hui et d'enfin vous revoir!"
Roger embrassa fièrement ses parents, toutefois son père restait méfiant (en plus de l'habituelle crainte qu'il se mette à vouloir procréer avec sa propre mère). Il demanda donc à son fils:
"mais , comment se fait-il que les...otto-chones...ces "terriens" comme ils aiment à s'appeler, n'aient pas vu la menace que nous leur concoctons depuis des années?
-eh bien c'est simple (qu'il répondit), grâce à un habile mélange de gentillesse et d'amour et un jeu d'acteur parfait, les humains ne voient les chats que de simples sujets domestiques, il ne se doutent pas que bientôt nous les soumettrons à notre peuple!"

J'éclate de rire, Dick Rivers rallume une clope, il joue quelques accords. Devant moi il y a toujours mon reflet dans la télé. Gaspard me demande ce que je compte faire demain avec elle, si je compte ouvrir ma gueule et dire quelque chose. Moi, le cocu mal rasé, je m'allonge un peu sur le sol, les bras ramenés derrière la tête, et je m'allume une clope devant le poster central accroché au plafond, un poster de Cash ou dessous c'est marqué "walk the line". j'inspire une bouffée de tabac avant de répondre que rien, je ne ferais rien. Les choses doivent toujours restées ce qu'elles sont pour que la tempête puisse prendre de l'ampleur.

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