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01/11/2009

461. il n'y a qu'une chose à faire, c'est d'être amoureux. De risquer de l'être. Sinon c'est la mort. (écrire est physique pour tout homme, non?)


Chemise brune j'ai froid, dans ce grand déversoir de la maison vide je suis seul j'ai peur. Ne pas se resserrer, ne pas partir, il y a tout le temps des changements. Ainsi il en va pour Gaspard qu'il me manque parfois, je parle encore à son fantôme par habitude de l'habitude. Des phrases qui ne veulent plus rien dire, l'habitude se perd quand elle n'a plus de valeur:


salut toi, comment ça va? moi ça va et toi? J'ai repensé à ce que nous avons pensé tous les deux, la dernière fois...dans la chambre aux rideaux teintés, celle de l'étage face nord. Je suis sous le mont-blanc, tu sais, et je crois que oui, le progrès n'est pas un fardeau mais peu s'avérer parfois un instrument de torture pire encore que le banquet des sadiques. Tu sais que Burroughs à écrit dans Junky que on ne décide pas d'être drogué. Un matin on se réveille et on est drogué."


Pauvre Gaspard, tu n'a plus que les ligaments sur les muscles. J'ai peur d'encombrer ton regard de trop mauvaises pensées. Il me fallait bien un personnage fictif à tourmenter, alors c'est toi. Je te jette en terre, je te sors de ta tombe, pas de repos pour les braves et tout ce qui s'essuie. Chemise brune col en V j'ai peur, ma cravate à pois m'étrangle. Immeuble de verre, je ne pense qu'à ça maintenant. Je veux que tu meurs à nouveau en te jetant du haut d'une tour en verre. C'est impossible de remourir. J'ai la marche d'un fou mais les fous ne marchent pas, ils courent, ils volent, ils sautent d'un pont sans se soucier du temps qu'il fera deux-mains. Non?


Je n'irai plus dans vos boom, c'est fini pour moi, considérez-moi comme foutu. Je ne démissionne pas de la vie pour autant, je prends un peu ma retraite pour me contenir, pour me ressaisir, et si parfois je reprends un livre inachevé dans mes cendriers c'est pour mieux m'inculquer le plaisir que j'ai à divertir.


Alors Michaux semble danser dans ma chambre: "Garde ta mauvaise mémoire. Elle a raison d'être sans doute" et les poteaux d'angle meurent à nouveaux.


George Perros colle des papiers dans coin pour la deuxième fois de ma vie: "l'intelligence tue, me dit-il. Encore un immortel."


Mais c'est les citadelles qui s'écroulent à l'assaut de l'euphorie que j'entends toujours, les complaintes gueulent, ne les entends-tu pas? Saint-Ex' fait dieu me surprend toujours de ses mots si délicatement assaisonnés: "J'écrirai un hymne au silence. Toi, musicien des fruits. Toi, habitant des caves, des celliers et des granges. Toi, vase de miel de la dilligence des abeilles. Toi, repas de la mer sur la plénitude."


Plus loin il me dira sûrement: "Silence qui est refus des vers, des parasites, et des herbes contraires. Silence qui te protège dans le déroulement de tes pensées."


Et enfin il aura grand besoin de mourir à nouveau de la même manière que Gaspard grille ses toasts: "Silence du coeur. Silence des sens. Silence des mots intérieurs, car il est bon que tu retrouves Dieu qui est silence dans l'éternel. Tout ayant été dit, tout ayant été fait."


Dans quelques épitres j'ai lavé mes pensées. J'ai bien réfléchi à vos rancunes amères qui s'ouvrent parfois au dedans. Ainsi on me reproche de ne pas avoir ouvert un livre de philosophie de ma vie, mais j'ai compris que je gagnais bien plus avec ma non-ouverture et mon coeur à lire des poésies de mots qui découlent toutes dans le même sens. Ma philosophie à moi alors c'est citadelle au petit matin, mon café et ma clope, la femme que j'aime encrée dans mes pensées: le point d'encrage de toutes réalités.


Et je ne prétends pas avoir raison de vous, j'ai déjà raison sur moi et c'est beaucoup.

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