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10/04/2010

337. la porte des/trois petits points de suspension


Je me demande si le sang de Cullacio goutte en dehors de la voiture. Il faudrait que je m'arrête pour vérifier. J'aimerais que ce soit le cas. Que son sang coule sur le pavé de Naples. Qu'il imprègne le bitume et réveille mon père. Il fait nuit maintenant. Les immeubles à notre gauche ont l'air morne d'une ville abandonnée à la peste. Sur notre droite, les lumières du port et de quelques gros cargos à quai se reflètent avec tristesse sur le visage en sueur de Cullacio. On dirait un clown qui pleure. Personne ne l'entendra gémir ici. Et, même si quelqu'un l'entendait, ce ne sont pas des quartiers où l'on s'enquiert de son prochain. Je roule en prenant garde d'aller trop vite. Je veux en profiter. J'entends son gargouillis de douleur. J'aperçois, parfois, à la dérobée, ses grimaces. C'est bien.

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