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27/01/2010

390. au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable


Tu cherches mon regard. Jamais tu ne m'as demandé comme tant d'autres femmes: "à quoi penses-tu?" ce qui m'a toujours fait l'effet d'un passage de bulldozer. Tes lèvres se collent aux miennes, et la brûlure parcourt mon corps et éveille en moi celui que j'ai été. Mais ce qu'il y a encore de spontané dans cet élan se double aussitôt de besoin d'assistance et le visage moqueur de Carlotta passe devant moi; elle m'avait beaucoup fait rire, autrefois, en me disant de sa voix italienne: "lorsqu'un homme commence à guider d'abord ma main et ensuite ma tête, je sais qu'il n'en a plus pour longtemps."

Trop de vie, trop de connaissance, trop d'humour...Mes mains courent sur ton corps, s'attardent, insistent, mais je demande surtout à mes caresses de me stimuler moi-même. Je te touche doucement, à peine, à peine, pour que tes seins, tes cuisses creusent ma main de vide et m'appellent encore plus. Surtout, ne pas penser, ne pas se chercher et se guetter, mais faire appel à cette lucidité au second degré qui sait éviter ce qu'il y a de périlleux dans la lucidité. Ton visage, tes yeux se voilent, ta main me cherche...

- Oh toi, toi, toi...


Romain Gary.

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