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26/01/2010

393. que ne sais-je?


Douce âme,


de vous à moi je ne sais point, je ne vois que les corps imaginés, ceux qui nous trompaient dans la tourmente. La flamme vacille au vent des mots, tout s'emporte sur ce passage désastreux, corps tronqués, corps soufflés de vie étale.

Il vous faut vivre parfois comme la mer, tomber amoureuse au gré de la houle, sentir se goût de sel sur la peau du corps-flambé de nos passions. Nos corps soulevés alors, déchirés sans cesses, ils hurlent la nuit dans cette tourment contre laquelle pourtant je vous avais mise en garde. Mais je sais que le corps est sourd parfois à la vérité, qu'il brûle d'une aveuglante étreinte de quelques minutes tout juste puis, une fois consumé s'en va de l'autre côté de la mer, emporté par les quatre vents. Laissez-moi chanter désormais ce corps poétique souffrant d'un millier de soleils éteints.

Nos corps ont joués, ils se sont aperçus que nos corps faméliques ne retenaient plus rien, finalement coeur sourd à l'amour, corps ouvert au changement. Corps de mer contre corps militaire tout entier, corps qu'on fusille au petit matin d'avoir trop aimé. Corps qu'on reverra ou corps oubliés, nos corps lassés de nous-mêmes comme autant de corps blasés du silence.

Le cri du silence, voilà le complexe le plus beau de l'amour, le plus vulgaire, le plus obsessionnel mais aussi le plus dévastateur. Alors il ne restera plus rien de nos corps impatients, de nos corps démis, de ces corps démunis, des coeurs qui roulent sans cesser d'apprendre sur la dureté du monde; ce vieux concept qui veut que l'on soit commun. Nous sommes tous égaux il paraît.

Chère âme délicieuse et capricieuse, laissez-moi vous chanter quelques petites notes de musique, un vieux refrain sur les lèvres d'un corps qui en a trop vu et pas assez:


"la la la je vous aime chantais la rengaine

la la la mon amour"


Et finalement nos corps trompeurs gagneront la course de nos coeur de jeunes, ils éxulterons le soir entre les commodes et se perdront dans l'amitié réparatrice-salvatrice, chancelants ils se serreront les coudes jusqu'à attendre un autre signe de la main d'un autre corps, un corps enjoué en ce début de mois d'avril. Ils se trouveront tous deux, corps heureux, corps des débutants, et ce sera les plus corps du siècle ces corps faciles qui ploient sous la franchise de l'amour.

Alors ils enlèveront les mains de leurs yeux, d'un côté l'un dira: "j'ai bien vécu mais peu aimé, voici que la vie m'offre un coeur en argent" et l'autre se soumettra au jeu des milles questions: "ce peut-il que cette valse ne stoppe donc jamais? Ainsi je vais aimer, mais pour combien de temps encore?"

La main dans celle de l'autre ils sauront, le corps prochain, le corps suivant, le corps en sourire et les paupières qui rigolent. De la fumée d'amour plein les yeux, y'en aura sous leur crâne. Et la musique continuera en boucle, sans cesser, des paroles sans rien de sublime mais pourvu que l'amour amène toujours une romance de vacances...ou éternelle valse du genre humain.

Mais je me rends compte qu'au sortir de ma lettre je ne vous ai pas encore parlé des corps-morts, des corps décomposés, des corps débauchés, des corps futiles, des corps-absolus, des corps de fête, des corps de saison, et bien d'autres corps encore...

Mais n'ai-je pas toute la vie pour apprendre sur les corps et vous l'apprendre à mon tour?


En espérant revoir votre corps très vite je vous souhaite d'en prendre soin autant que le mien puisse vous le souhaiter.


Monsieur A.

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