Pages

06/01/2010

407. lettre pour leur absence inexpliquée


je sais à quoi m'attendre ma soeur, maintenant que la vérité est dite, que le chemin est tracé il ne me reste plus que l'indolence ou le pardon de vos jeux. Mes pas hésitants frémissent, me voici couvert de sang de la tête aux pieds. J'aimerai te dire qu'il ne s'agit pas de mon sang, que cette mélancolie douce-amère s'envole comme à chaque fois que... mais non, rien n'y fait et je suis ainsi. Je tourne en boucle, du moins je semble tourner en boucle car mes pas ne sont déjà plus les même. Mais ça tu le sais bien, et donc oui, j'aimerai te dire que ce n'est pas mon sang, que ce n'est pas le sang de la femme qui m'a porté, que ce n'est pas le tien. Mais un sang est un sang, la vie ne s'échappe pas pour autant, j'ai ce que tu appelles une bonne étoile au-dessus de ma tête. Je n'ose plus te parler, je n'ose plus te dire l'absence mais la douleur oui, c'est ainsi que le fer est forgé. Le feu réchauffe un peu de tout, on se récrée dans l'infini pourrissant des grands calculateurs sans mot dire. L'éternel gentil ne râle pas, il laisse couler. Il ne dira rien en se rongeant jusqu'aux os, tu le sais bien qu'au point ou ma carcasse usée éclate de l'eau aura coulée sous les ponts. Alors il me faudra encore courir dans l'autre sens que la terre, vivre bien d'autres vies. Sais-tu que j'ai été prince égyptien dans une autre vie? Non, tu ne le sais pas. J'ai perdu à vos jeux, tu le sais. Je ne suis pas joueur, je ne suis pas un gagnant. Je ne termine pas mes romans et sans doute cette missive finira-t-elle dans la mare à canard jusqu'à ce que j'épuise mon million d'idées. Me voici donc à nouveau sur la route avec le besoin de changer de cap, je suis persuadé qu'un ailleurs m'irait bien, même si la ligne s'amenuise, qu'un barbu me hurle dessus, que je ne puisse pas basser pour décharger mes lourds bagages -mais j'essaierai quand même de passer puisque je suis moi et têtu à la fois - avant de me rendre compte une fois de plus que je me suis trompé de pays, de continent, de planète.

Je viens d'un autre système que le vôtre disait Léo, te souviens-tu? Enfants alors nous jouions tout prêt de la chaîne et notre père l'âme emplit de poésie et de tendresse se déferlait en moi sans que je le sache. Tu m'avais bien gardé de n'avoir pas suivi la même voie(voix?), au dernier moment tu avais bifurqué me laissant seul avec Léo et cette solitude à la con. J'ai roulé ma bosse dans bien des mondes pour devenir passéiste. Tu devins mère et le monde semblait finir à ce stade. Nos vies interrompues alors, moi dans la mort et le sang, toi dans la naissance et le sang. Eros et Thanatos d'hémoglobine, il se peut que tu m'aies transmis un quelconque virus qui produit l'effet inverse, consulte ton médecin au plus vite pour tes enfants et laisse-moi une nouvelle fois te lire l'avenir...

Je serai donc roi, un roi d'insensés qui se cherchera dans chaque pas. Tu seras sainte, mère éternelle, symbole de pureté, de famille, d'honneur et de patrie. Qu'on m'empalle alors m'importera peu, qu'on m'écrase sera une rigolade. Je peux bien devenir le fou du roi si ça t'amuses. Je n'ai pas peur d'avancer avec le sourire et de m'en prendre plein la gueule, car où le soleil se lève il me faut une couche. Car quand le soleil s'éteint il me faut lutter. Car mes dents et mes griffes me protège, et c'est pourquoi je ne rendrai pas la vie ni aujourd'hui ni demain. Et c'est pourquoi je lutte afin de t'égaler, de suivre tes pas, chère soeur, douce soeur au regard d'acier. Je sais que je vais y arriver avec obstination, crois-moi.


De toi à moi, je vous rends bonheur, à toi et aux p'tits!


(ces quelques mots proviennent d'une dernière lettre de F. à M. découverte un soir de décembre 08, jonglant avec les mots et les expressions j'en ai fait ma propre sauce afin d'en servir des intérêts étranges. Ne m'en veuillez pas si je ne parle point de moi, j'ai encore bien mieux à faire ce soir et pire encore. Il vous aime tous.)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

overdose(s)