Pages

07/01/2010

405. naufrage


un naufrage écrit il y a quelques temps déjà:

J’ai remonté la longue avenue des cœurs au chômage sans perdre espoir. J’ai tourné à gauche pour bifurquer au dernier moment devant le troquet des abrutis. La lumière du plafond vacillait terriblement. Je me demande bien comment j’ai fait toutes ces années afin de ne pas couler. Mais maintenant que sombre les heures, les heures silencieuses, les heures délicieuses, j’en appelle à la bière.
Nous sommes tous des naufragés dans l’âme ici. On se serre les coudes le long du comptoir et on en appelle au passé. On se raconte la vie d’avant, nos vies actuelles se passent de commentaires alors qu’on relance une tournée générale au son des standards anciens de la radio. Tout est perdu, le temps s’enfuit. Marianick danse au beau milieu du bar, elle bouge son gros corps frétillant rempli d’alcool au souvenir de sa jeunesse. Tu te souviens, dit-elle à son interlocuteur, j’étais jeune, belle et nue. Tu me couchais dans l’herbe. Ton sexe bien lourd en érection, pointé devant moi, pointé en moi…
« Putain putain c’est vachement bien! » s’exclame l’autre que je ne connais pas devant la télé.
Je me suis penché un peu plus vers lui, il continuait de parler tout seul, il s’adressait au président:
« C’est vachement bien, nous sommes quand même tous des européens ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

overdose(s)