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12/12/2009

432. tu seras Van Gogh mon fils


Enfant je rêvais, et la tête plein d'étoiles je n'avais ni chaud ni froid. J'ai vu ma mère, les touches de peinture délicates du bout de la toile, le pinceau agile, souple, elle savait ce qu'elle faisait mais il n'y avait pas de place pour le hasard, pas de place non plus pour les idées personnelles. Finalement ma mère a tronquée le jeu, elle n'a rien créé du tout.

J'ai vu le Créateur, le grand qui lui donnait des conseils et sa main hasardeuse pleine de défis qui s'imposait à la montagne. tremblant, il naviguait sur la toile comme on retouche un souvenir, comme on fait pour mentir les rêves. J'ai imaginé qu'il se donnait le mal nécéssaire pour accomplir la montagne peinte dans les proportions et les tons qu'il voulait.
Je me suis mis à peindre, j'ai tout tenté. Je m'imaginais aussi en cliché intime, un atelier immense à dessiner des femmes à poil et sans poils. La poussière sur les étagères, l'odeur de térébenthine et puis les tâches de Rorsasch. J'ai toujours aimé les tâches hasardeuses. Le pinceau à la main j'en étais fier. Plus tard; pensais-je, j'aurai un atelier aussi bordélique de références que celui de Bacon, aussi crade. J'imaginais ce monde merveilleux remplis de livres sur l'anatomie, sur les proportions, les détails, les natures mortes. J'ai toujours deux ou trois livres de ce genre qui prennent la poussière quelque part. Bacon est sur mon étagère entre Schiele et Basquiat. Van Gogh est tombé à plat. On a mélangé des peintres aussi dans un autre bouquin...

Mais les livres...ces romans qui ne finissent plus de compter leurs vies, ces histoires incessantes, ces personnages troublants formaient également une sorte de peinture au couteau plus ou moins épaisse -plus ou moins ratée- et alors je m'imaginais écrivain un beau jour. J'ai cessé de courir les cafés mon carnet de dessin à la main à la suite d'une rupture qui voulait que je cesse mon hasard. J'ai commencé à lire, je me disais que liseur pouvait être un métier. Je me suis avalé bien des romans avant de prendre le bon, celui qu'on peut relire à l'infini. J'ai écris aussi des poèmes, des nouvelles, des romans et des crimes. C'est intéressant d'avouer nos crimes, ça repose. Reggiani le dit si bien dans combien de temps: c'est drôle le feuillage au milieu des roses. Au couteau j'ai appris qu'il ya des pays bien plus absolus encore que l'écriture, la peinture, la musique, l'art...
Alors je me suis renfermé sur moi-même pour profiter pleinement de tout ça, puisqu'ainsi il est préférable de voyager dans son cerveau. Puisque le paradis on peut le créer du bout de nos doigts. laissez-moi terminer mon chef-d'oeuvre encore un siècle ou deux.

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