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06/12/2009

437. aujourd'hui j'ai rien fait j'ai écouté les mouches voler dans leur vrombissement et leur reflet merde d'argent


Satiriquement parlant j'ai attendu dans bien des villes. Il me semble attendre encore. J'ai attendu dans des villes lointaines qui ne me parlaient pas. Je me suis fait chier sous la pluie et dans le froid à attendre l'impossible. Il n'y avait rien pour moi là-bas, je ne sais pas pourquoi j'attendais mais le fait d'attendre niait ce que j'étais en somme: un impatient.

Ce qu'il y a de bien dans l'attente c'est l'évasion, avec le temps j'en suis devenu un grand spécialiste. J'ai lu des tonnes de mots, des phrases alignées qui parfois ne voulaient rien dire, des définitions en somme de la vie que je n'avais pas, que je n'aurais jamais, que je n'avais plus.

Attendre. Parfois avec Romain, d'autre fois avec Antoine, quand Nicolas Bouvier s'échappe c'est les martyrs qui prennent de l'ampleur, j'écoute alors ces rythmes étranges. Un bon vieux rock/bon vieux temps. Me voilà revenu dans le passé, je pense à toutes les fois où j'ai dû attendre dans ces villes mortes, dans ces déserts de l'immobilier, et les passants ne me disaient rien. Je n'en ai jamais vu un seul de ma vie. Il n'y avait que des fantômes remplies d'habitudes plus ou moins exceptionnels, à force de lutter dans l'attente j'ai compris que je ne gagnerai en rien. A force d'attendre j'ai mis ma vie en suspend. J'ai attendu vainement l'attente aussi. Celle qu'on désire un peu puisqu'on sait qu'il y a une fin et une récompense. J'ai attendu à en mourir, et à chaque froid je renaissais dans des bras inconnus qui ne me disaient plus rien. J'ai cru en l'amour parfois, l'amour de l'attente. J'étais patient autrefois.

Et puis l'attente s'en va un beau jour, pas l'attente en soi, mais l'attente dans des autres villes. Il n'y a pas de futur, il n'y a pas d'autres villes, ici c'est chez moi ailleurs c'est nulle part. A quoi sert alors d'aller nulle part? On se dit qu'on avait tort d'attendre comme ça pour rien par tous les temps et on ment ainsi aux auteurs qu'on délaisse. On leur tourne le dos, il n'y a rien de plus con. On se dit que finalement on aimerait redevenir bête, l'enfant qui ne connaissait rien, celui qui ne voulait pas apprendre. On veut que notre cerveau se vide de tout contenu pour devenir le non-dit, le non-vierge, le non-avenant. Et a la fin de toutes attentes, là où se trouve le réconfort de la récompense, on voudrait une coupelle d'oubli. Devenir un légume et s'endormir peu à peu peu à peu. Bernie Noël me remerciera alors de jouer avec lui dans cette cage d'escalier de nulle part car ici ce n'est plus chez moi et que nulle part c'est partout.

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