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15/12/2009

426. ecchymoses sur les lèvres, cigarette au bec, rouge à lèvres meurtri


Les arbres se décollent de la montagne par la foudre. Le temps se change en un noyau noir, dur, et concentré plus haut dans le ciel. Regarde, on dirait bien que le ciel va nous tomber sur la tête. Les filles s'oublient, s'ignorent et rampent dans la prairie. Les quatre filles du docteur March viennent d'être bouffé par mon frère le zombi. Tu vois les herbes folles et sauvages? Longues et dressées en direction du ciel elles veulent pointer jusqu'aux étoiles. Il n'y a plus d'avant et plus d'après. Unité. Neige qui récouvre au hasard des touffes d'herbe, des feuilles mortes, des rochers inconnus. On se demande encore ce que fout le lichen sur les arbres, il n'y à plus de raisons de grimper, c'est descendre qu'il faut faire. Il faut s'éxécuter encore et encore. Faire ce qu'on nous dit de faire. Deviens mouton et ferme ta grande gueule! La liberté d'expression c'est moi et moi seul!!

Les arbres se décollent de la montagne par la foudre. Ce sont les derniers moments au bord du précipice après il faut sauter, se noyer dans ce tourbillon. Tu peux bien mourir c'est pareil. Ce n'est ni le jour ni la nuit et un peu plus bas dans la plaine le zombi mange des gens au petit déjeuner. Plus bas encore la grande vasque des anneaux de la prairie se renferment autour d'un lac en modèle réduit. Dans cette mare les trois têtes coupées se ressemblent, leurs visages douloureux regardent le ciel et implorent, il n'y a rien que nous puissions faire. Il n'y a rien que nous puissions faire. On ne voit pas plus de dieu véritable dans le sang de nos nerfs que sur cette terre dévastée par elle-même. le temps se rit de nous, la pluie étrange qui s'abat se veut purifiante.

Les arbres se décollent de la montagne par la foudre. Les bretons tournent autour du dernier enfant de la vallée. Les pieds dans la boue il se jettent leur crasse au visage. Sentiment de disputes, révoltes. Haine. Le ciel est bleu foncé, et noir, et gris. Il parle, il explique la fin de tout quand il tombera si bas que nous en serons écrasés. Les côtes sortent de leur étui. Douleur, sang, ecchymoses. Le soleil finit par pointer le bout de son nez, la cime des arbres se calme. Lentement il coule le long de la montagne en partant du haut tel un oeuf qu'on écrase sur la tête. Le givre s'envole en fumée, la planète se réchauffe. Il se peut que ce ne soit pas annoncé pour aujourd'hui, alors on peut arrêter de se serrer les uns dans les autres. On peut continuer à s'entretuer si tu veux. La nuit qui file nous desserre et ce soleil qui brûle est un signe avant-coureur du feu. La sueur coule le long des corps, on se libère de l'autre sauvagement ou non.

Précipice qui se referme. Arbre qu'on recolle à la montagne. La pluie se change en un joli arc-en-ciel. Le zombi est un bisounours qui câline les âmes solitaires et se prostitue la nuit sous les réverbères de notre incompétence. Il gueule à tout va: "fais-moi un câlin et je serai marshmallow rien que pour toi!". Il finira troué par un Uzi agacé. Caroline devient rousse. Caroline brûle en place publique. C'est la fête. La fin du monde n'attendra pas alors. L'arc-en-ciel se met à chanter, des choristes sortent de tous les coins. C'était faux tout cela! Les trois têtes sortent de l'eau et s'en viennent dévaler des montagnes en roulé-boulé. L'orchestre sort des maisons, la grande vasque devient incandescente, les arbres se plient en direction de l'homme. Les habitants courent joyeux, tout autour de la scène. En plein milieu un enfant délivre un message de paix trop vieilli, usé à la moelle, et le coup de la colombe on l'a déjà fait!

Les sillons se creusent, des amoureux roulent en cercle tout autour de la piste, c'est le grand final! La neige s'enfuit, elle n'est plus là, place aux champs d'été, place au soleil jaune bien rond avec des rayons tout autour, l'astre qui éclaire tout, projecteur multi-directionnel et chemises en tout genre j'ai quand même peur... La musique ralenti...

Elle rebondit sur trois petites vagues...

La petite fille intervient: "C'était une comédie humaine de la vie pathétique de Gaspard-en-tout-genre, j'espère que vous avez aimés. Revenez-nous voir et soyez nombreux. Merci merci les braves gens que vous êtes!"

Elle fait coucou de la main au public qui déjà se lève, surpris. Elle se penche, ramasse son doudou, le porte tout contre sa joue et se met à sucer le pouce tout en continuant de saluer le public qui s'en va par tous les côtés, sans un mot. Ce sont juste des formes noires. Ils n'ont pas de visages. Pas de détails, ou si peu. Ils s'en vont, insatisfaits et crédules. Une voix sort des autres.

"ça ne peut pas marcher, ça ne marchera jamais. Le public voit trop bien le dénouement venir, il n'y a aucune originalité!"

Mais le clown se penche alors et dit: "mais monsieur, l'originalité ce sont nos âmes, notre manière de raconter, de faire l'amour, et d'imposer tout ça au public en guise de souffrances. Il faut être artiste parce que l'on aime, mais pas devenir mouton pour votre plaisir."

Le rideau se ferme alors, on a juste le temps de voir ce clown étrange au masque pointu saluer le public une ultime fois avant que tout se termine.

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