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13/12/2009

430. je reviens sur ces mots qui ne sont pas les miens; je reviendrai dans vos boums, ne vous inquiétez pas


Je n'ai pas oublié de vivre, la neige sur les toits qui recouvrent jusqu'au sol ce petit monde superflu. Les japonaises qui galopent, j'aimerai les inviter dans ma nuit à m'apprendre leurs secrets, les silences de là-bas ça doit être différent.

Sortir du restaurant pour le bar dans l'impasse. L'inconnu. Quelques têtes de retour, souvenirs d'un temps ou c'était Gaspard qui dirigeait les opérations. Le dérapage ça s'appelle, savent-ils combien j'ai pu glisser ici et qu'à cause de ça ce troquet porte bien son nom? La nuit tous les bars sont des pubs, des anglais viennent d'autres s'en vont. Trois vieilles russes se retrouvent une jeunesse au son des reprises. Les jeunes veulent boire, ils n'ont pas l'âge. Geste commercial pour eux et quelques bières. James, beau serveur, beaux mecs qui passent et un clone anglophone de Beigbeder, ça nous fait marrer, nos verres à la main qui se remplissent quand on boit. Qu'ai-je bu pour ça? Rien, juste quelques litres d'oubli. Avant elle il y avait un avant elle, avant elle y'avait aussi un avant elle. On remonte le temps depuis un certain temps. Tant pis pour le temps et autant pour moi. Il était une fois alors...Il était une fois enfin...

Bard'up and hell yeah. Une ex m'oublie dans la rue, ça m'fait rire. Le froid laisse s'envoler en volutes un peu de nos âmes. Beaucoup de clopes dépensées. Des mecs de Dublin nous parlent, ça change de l'australien et des canadiens de la veille. Et Jean-Luc à l'entrée brise une bouteille au fond de mon crâne. Il partira en pleurant. J'ai l'image de solitaire qui m'revient. Douce âme parabolique qu'on a brisé de plein fouet, qu'est devenu ton amour au final? Je ne l'ai jamais su. La vie est une putain. La vie est une partouze.

Un sourire bien trop jeune s'échappe, j'aimerai la revoir et je n'ai pas peur de le dire. J'aimerai lui dire simplement que j'ai du désir pour elle, désir de la rendre immortelle du bout des doigts. J'inscrirai son nom sur le papier. Elle deviendra immortelle sans que l'a touche. Je veux juste la dessiner. Je veux juste la peindre. Je veux juste faire semblant de la rendre immortelle.
Ma libraire aussi et ses yeux clairs, l'autre ne me reconnait pas. Mon ex est partie vers un autre ailleurs. Je fais des bises, je sers des mains, je retrouve un monde ingrat que j'avais oublié. Eux ne m'avaient pas oublié pour autant et ça dit:


"te souviens-tu quand, avec ton cousin, vous faisiez les 400 coups dans les rues de la ville du département? Vous étiez beaux et grandis, nous n'étions rien à côté de vous. Faire la fête en votre compagnie alors c'était autre chose, bieen plus original car oui, l'originalité est votre fort mon bon ami."


Et c'était vrai qu'on avait toujours une longueur d'avance. Je me suis demandé si Gaspard ne s'est pas suicidé parcequ'il n'avait plus d'idées neuves. Cher Gaspard comme je te comprends en arpentant ces plus vieilles rues et ce moulin qui ne tourne jamais. La rue est chaude et les pavés glissent. Paysage immaculé? pas tout à fait, souviens-toi le vomi, les clopes qu'on jette, la pisse dans un coin et les capotes usagées. Je suis au plus bas de la société quand les pires personnes qui soient ce révèlent des anges formidablement cachés. Alors le Choucas ouvre ses portes. Il déploie ses ailes et nos pieds qui ne savent pas marcher droit se laissent happer par le vide. Marc est là, Marc qui est si beau à l'intérieur de lui, Marc qui n'est pas qu'un ange mais bien plus. Je sais, je me suis toujours pris d'affection pour ces grands naufragés de la vie. Marc a essayé de jouer avec l'amie, l'amie n'a pas voulue. Mon ex m'a retrouvée, elle m'a confiée sa veste. Trois petits pas qui s'éloignent.


"Je m'en vais danser cher amour si grand devenu. Beau barbu que je regrette. Je vous confie ma veste, faîtes-en bonne usage pendant que je m'oublie de vous à vous. Je regrette. Oui, je regrette d'être mère mais pas du bon enfant."


Alors nos pas d'éloignés sortent de là, fument des clopes sur le pas de la porte en renouant des liens desserrés. Il y a Octavie. Je t'ai connue petite et petite tu étais et petits nous étions toi et ton frère. La fête alors et toi couchée dans ton lit. Endormie sur la mezzanine je voyais ta jambe nue qui dépassait de ces draps et j'avais ce sentiment étrange au fond de moi de m'être trompé d'endroit. Le tam-tam qui puait le mouton et la chatte qui griffait. Cette vieille chatte que plus personne n'osait caresser j'ai réussi à l'aborder sans la noyer pour autant dans le flot des draps. Et ta jambe nue qui pendant n'était que la jambe d'une enfant et c'est tout. Tu étais mignonne déjà et tu étais petite, si petite, que j'ai mal au cou de savoir que tu me dépasses. Je te vois sourire, vivre, danser, j'ai chaud au coeur pour toi. Soi mannequin intélligente, quitte ces maudites pistes et deviens encore plus. Bien plus. Tu ne mérites pas que ça, mais plus encore. J'écris sur toi, tu le sais? Un jour tu me liras en tout bien tout honneur, je le sais. Et je t'espères mariée, libre et heureuse. Ivre de cette vie débordante qui te va si bien au teint. Octavie, je t'ai connue petite je te reconnais ange dans la crasse. Sors de là avant de te laisser moisir. Ne sois pas corrompue par le jeu des mains et des sexes dans la nuit de tous les dépassements.


Et puis nous sommes partis, j'ai vue l'amie se jetter dans la neige, se rouler en boule. Je lui ai sauvée la vie, elle ne le sait pas encore. J'ai changé ses vêtements moi-même, j'ai enfoncé ses mains dans mes gants de cuir puis j'ai démarré. Prenant en stop la jeunesse débordante jusqu'aux Bossons. Alors nous sommes allés nous coucher, nos âmes encore ivres et nos vies oubliées au porte-manteau d'un bar. C'est pas bien grave, je l'a laisse en dépôt jusqu'à demain. Je ne veux pas qu'on m'ennuie avec ça, j'ai déjà assez souffert de la complaisance des écureuils.

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